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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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d’un homme de Dieu !
    — Non,
lui répondit Elwen, ça n’a rien à voir.
    Maria
soupira de soulagement.
    — Que
dois-je dire à Ramon ?
    — Dis-lui
d’informer le prêtre que j’ai ce qu’il veut. Il doit envoyer un homme à ma
rencontre une demi-heure avant les vêpres. Il saura où.
    — C’est
le message?
    — Oui.
    Maria
resta silencieuse un instant, à scruter Elwen.
    — Est-ce
que tu as des soucis ?
    Le
rire d’Elwen trahit son embarras.
    — Tu
m’as déjà vue sans souci ?
    Mais
elle redevint immédiatement sérieuse.
    — Tu
peux faire ça pour moi ?
    — Oui,
ne t’inquiète pas.
    — Alors
je te suis encore plus redevable.
    — Voilà
une chose de sûre, dit Maria en plaisantant à demi.
    Elle
était à la fois inquiète pour son amie, et excitée d’avoir une excuse pour
aller voir Ramon. Quand Maria fut partie, Elwen tira son coffre noir de dessous
le lit. Il y avait juste assez de place pour glisser le livre entre les
compartiments et le couvercle. Elle verrouilla le coffre et le repoussa du pied
sous le lit, avant d’aller chercher une robe sèche.
     
    Pierre
se versa un autre gobelet de vin et déambula sur l’estrade qui occupait toute
l’extrémité de la Grande Salle. Il s’assit sur les planches et s’appuya sur ses
coudes en inspectant la pièce. En venant, il avait été retardé par un seigneur
qui avait insisté pour boire un verre en sa compagnie, et il ne lui restait que
peu de temps pour se préparer. Mais dans la Grande Salle, tout semblait prêt
pour la soirée.
    Sur
l’estrade se trouvaient les trônes du roi et de la reine, avec des coussins en
soie rembourrés de plume. La bannière bleue de Louis pendait au mur, la fleur
de lys dorée brillant de mille éclats à la lumière des bougies. Les étendards
des maisons des différents ducs et princes présents au spectacle étaient
accrochés un peu partout autour de la salle. Devant l’estrade, là où Pierre
chanterait et lirait, le sol était couvert de pétales de roses séchés aux
fragrances voluptueuses. Sur les tables alignées le long d’un mur latéral
avaient été jetés des tapis de feuilles d’automne - ambre, pourpre et or -, et
des pichets richement décorés et remplis de vin avaient été disposés à
intervalles réguliers. Après le spectacle, le banquet de la Toussaint serait
servi en l’honneur de Pierre. Ou plutôt en l’honneur du roi, mais Pierre se
voyait déjà loué de toutes parts.
    Il
termina son vin et se remit lestement sur ses pieds. Le sac en tissu qui
contenait Le Livre du Graal et son poème était posé près d’une table. Il
s’adressa aux domestiques qui s’affairaient.
    — Mesdames
et messieurs, lança-t-il avec grandiloquence, aurai-je la hardiesse de vous
déclamer un couplet de la Chanson de Roland ?
    Il
se racla la gorge, enchanté par la sonorité de la salle, et ferma les yeux.
    La
plupart des domestiques interrompirent ce qu’ils étaient en train de faire pour
écouter Pierre chanter. Clairs et sonores, les mots qui sortaient de sa bouche
emplissaient l’immense salle.
    — «
Le jour s’enfuit, et l’obscurité recouvre tout. L’empereur dort, le puissant
Charlemagne... »
    — Pierre
de Pont-Évêque !
    Pierre
ouvrit les yeux et regarda les intrus qui l’avaient dérangé d’un air contrarié.
Deux hommes en robe blanche loqueteuse traversaient la salle en direction de
l’estrade. Ils marchaient pieds nus et de grandes croix en bois pendaient à
leur cou. Pierre les reconnut immédiatement à leur apparence. Derrière les deux
dominicains se trouvaient cinq autres hommes à l’accoutrement encore plus
légendaire. Les yeux de Pierre se focalisèrent sur les épées aux mains des
chevaliers du Temple et la terreur l’envahit. Les domestiques reculèrent pour
laisser passer le groupe tout en marmonnant des prières.
    — C’est
moi. Que voulez-vous, mes chers frères ?
    Le
groupe s’arrêta et l’un des dominicains s’avança.
    — Nous
ne sommes pas vos frères, lui répondit le jeune homme d’un ton solennel.
    Pierre
avait l’impression d’être littéralement transpercé par les yeux noirs qui le
fixaient. Il essaya de se grandir en se tenant droit, espérant que la hauteur
conférée par l’estrade constituerait un avantage psychologique.
    — Quel
que soit l’objet de votre visite, vous feriez mieux d’y venir rapidement. J’ai
peur de ne pas avoir beaucoup de temps à vous accorder.
    — Pierre
de Pont-Evêque, dit le dominicain en

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