Le livre du cercle
la
Palestine.
— Je
l’ai envoyé remplir une mission, reprit Everard en regardant le visage
bouleversé de Will passer d’une émotion à l’autre. Il s’est rendu là-bas pour
aider à arrêter cette guerre. Il a obtenu de grandes avancées dans nos
négociations avec les Mamelouks et a noué un contact important dans l’entourage
de Baybars. Un contact qui nous permettra peut-être de mettre un terme à la
crise qui menace tout le monde en Outremer. Nous devons faire la paix avec les
Mamelouks ou nous sommes perdus.
— Mon
Dieu...
Will
se rassit lourdement sur le tabouret, repensant soudain à la lettre qu’il avait
trouvée dans la cellule du Nouveau Temple, il y avait des années de cela. Tout
lui revenait : le Cercle, le contact dans le camp mamelouk.
— C’était
lui ? chuchota-t-il.
— Si
nous ne récupérons pas le livre et qu’il tombe entre les mains de n’importe
qui, tout ce pour quoi ton père a lutté, tout ce qu’il a essayé d’accomplir
pourrait être anéanti. Sans le Cercle, la guerre continuera. C’est tout ce que
tu as besoin de savoir pour le moment. Je te dirai le reste le moment venu,
mais en attendant je te prie de me faire confiance. Nous ne pouvons pas laisser
le livre s’égarer une nouvelle fois.
Will
leva soudain les yeux vers Everard.
— Lui
avez-vous dit que je n’avais pas été fait chevalier ? Est-ce que vous lui avez
écrit pour le lui annoncer?
— Je
n’en voyais pas l’intérêt. Nous nous contactons le moins possible pour éviter
qu’on nous découvre.
Will
se pencha en avant, les coudes appuyés sur les cuisses, et se prit la tête
entre les mains. Il avait l’impression d’avoir vécu jusque-là dans une
représentation faussée du monde et qu’on venait de la détruire pour le mettre
face à la réalité. Rien de ce qu’il pensait n’était vrai. Everard n’avait été
qu’un reflet trompeur de lui-même, pas ce qu’il était réellement. Mais au
milieu de la confusion, du choc et de la colère qu’il éprouvait, s’élevait une
lueur d’espoir. Si tout ça était bien vrai et que son père était parti en
mission pour l’Anima Templi, alors ce n’était pas à cause de lui. La lueur se
transforma en un rayon illuminant tout son esprit. Si son père n’était pas
parti à cause de lui, il lui restait donc une chance, une vraie chance de
s’amender et de redevenir le fils de James Campbell. Will releva la tête et regarda
Everard.
— Je
vais vous aider. Mais en retour, vous m’initierez. Et ensuite, j’irai en
Outremer voir mon père.
— Nous
irons ensemble, William, répondit Everard. Tu as ma parole.
Garin
était dans la cour, posté en face des quartiers des chevaliers, quand il
aperçut Will et Everard partir. Il attendait ici, impatient et tourmenté,
depuis qu’il avait vu Will y entrer. Son cœur s’emballa. Il les regarda se
diriger vers l’écurie, le prêtre s’appuyant sur Will pour marcher le plus vite
possible. Quand ils y disparurent, il les suivit et longea le bâtiment en bois.
Il entendait des voix à l’intérieur, celle de Will et une autre qu’il reconnut
comme appartenant à Simon. À travers un interstice entre les planches, il vit
les trois hommes s’enfoncer plus avant dans l’écurie. Il alla jusqu’à l’entrée
et se faufila discrètement. Simon dirigeait Will et Everard vers les stalles du
fond, celles des palefrois. Tous trois lui tournaient le dos. Soudain, il
entendit des bruits de pas à l’extérieur qui s’approchaient. Il se glissa dans
une stalle vide et se colla contre le mur. L’endroit étant plongé dans la
pénombre, il était bien caché. Il entendit sans le voir un homme entrer dans
l’écurie. Près de lui, la porte d’une stalle s’ouvrit en craquant.
Quelques
minutes passèrent, puis il entendit le bruit de sabots de chevaux au pas, et de
nouveau les voix de Will et Simon. Il risqua un regard sur le côté de la porte
de la stalle. Simon emmenait deux palefrois sellés dans la cour. Tout ça devait
avoir un rapport avec le livre, pensa Garin avec excitation. Peut-être Elwen l’avait-elle
donné à Will, et maintenant le vieux prêtre et Will l’apportaient à quelqu’un.
Everard paraissait bien trop frêle pour quitter la commanderie sans une raison
suffisante. Ce serait peut-être sa seule opportunité de prendre ce fichu
manuscrit. Will ne portait pas d’arme et le vieillard ne représentait pas une
véritable menace.
Tandis
que Will montait un des
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