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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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devait se contenir pour ne pas la laisser éclater. Il aurait
voulu jeter à la figure du prêtre toutes ces années d’humiliation, de critique
et de déception, mais une grande partie de sa colère était en fait dirigée
contre son père, qui lui avait fait croire que son départ pour la Terre sainte
était de sa faute. Pour autant, il n’était pas encore prêt à se confronter à ce
sentiment. Il préférait le réprimer.
    — Quand
m’auriez-vous fait chevalier si Elwen n’avait pas accepté votre offre ?
D’ailleurs, vous n’allez pas m’initier parce que vous pensez que je suis prêt
mais uniquement parce que vous y êtes obligé.
    Will
regarda le prêtre.
    — Enfin,
si vous avez l’intention de tenir votre promesse. ..
    — Je
ne reviendrai pas sur ce que j’ai dit, répondit brièvement Everard.
    Will
le fixait d’un regard sévère.
    — J’ai
vu beaucoup de jeunes hommes partir à la guerre à peine le manteau enfilé, mais
je n’en ai pas vu beaucoup revenir. Ne sois pas si pressé de faire ce voyage.
Il mène plus souvent qu’à son tour à la mort. C’est pour ça que j ’ai refusé
ton initiation jusque-là. Parce que je savais que tu partirais dès que tu
serais chevalier.
    — Évidemment,
répondit Will sur un ton ironique. Je ne pensais pas que vous vous inquiétiez
autant pour moi.
    — Ce
n’est pas ça, William. Je ne voulais pas perdre un secrétaire de ta qualité.
    Will
scruta le visage d’Everard pour voir s’il mentait, mais il paraissait sincère.
    — Tu
dois comprendre, reprit Everard avec plus de sérénité, que j’ai gardé ces
secrets pendant des années. Il est difficile de dévoiler quelque chose qu’on a
caché si longtemps. J’ai du mal à accorder ma confiance. J’ai fait confiance à
Armand et nous avons presque tout perdu.
    — Est-ce
que cela signifie que vous me faites confiance ?
    D’un
coup de talon, Everard ordonna à son cheval de passer au trot.
    — Nous
ferions mieux d’accélérer.
    Ils
arrivèrent au lazaret après avoir croisé la rue Saint-Denis. Il était
partiellement dissimulé par un alignement de larges chênes et ils faillirent
rater le petit chemin menant à l’entrée des trois grands bâtiments en pierre
entourés par un muret, avec une chapelle sur leur droite au milieu d’élégants
jardins. L’hôpital ressemblait à la commanderie, mais en plus petit et en plus
ordinaire. Néanmoins, il était bien entretenu et semblait accueillant, ce qui
surprit Will. Les lépreux qu’il avait vus mendier aux portes de la ville lui
avaient toujours paru hideux, avec leurs vêtements et leurs gants en lambeaux,
leurs cheveux dénoués, emmêlés, et leurs visages grotesques déformés par les
pustules et les cicatrices. Il ne les aurait jamais imaginés vivant dans une
communauté aussi tranquille et organisée.
    Tandis
qu’ils mettaient pied à terre, Will vit un homme sortir d’un des bâtiments et
venir à leur rencontre. Les gants qu’il portait étaient ceux des lépreux, mais
aucun signe de maladie n’était visible sur son visage.
    — Puis-je
vous aider? s’enquit l’homme d’un air méfiant, tout en s’approchant.
    Son
regard passa sur les croix rouges de leurs vêtements.
    — Je
suis le concierge de l’établissement.
    Everard
tendit à Will les rênes de son palefroi.
    — Je
cherche un de mes amis. Il est mort la nuit dernière et je crois savoir qu’il a
été amené ici pour y être enterré. Je viens lui rendre un dernier hommage.
    Le
concierge jeta un coup d’œil à Will.
    — C’est
mon escorte, précisa Everard en faisant un geste dans sa direction.
    Will
retint sa langue et se retourna pour attacher les chevaux.
    — Eh
bien, on nous a amené quelqu’un hier soir, répondit le concierge. Je dois vous
dire que ce n’est pas la maladie qui l’a tué, mais plutôt la dague qu’il a
reçue dans le ventre. Les gardes royaux nous ont dit qu’il souffrait de la
lèpre, mais je n’en ai pas trouvé la moindre preuve.
    — Il
en était aux premiers stades, mentit Everard.
    — Suivez-moi,
fit le concierge.
    Will
et Everard s’apprêtaient à le suivre, mais il ne bougea pas d’un millimètre.
    — Souvenez-vous
que vous entrez dans notre domaine. Si vous croisez quelqu’un dans un couloir
trop étroit pour passer de front, c’est à vous de vous mettre de côté pour
éviter tout contact. Nous ne sommes pas régis par les mêmes lois qu’à
l’extérieur de ces murs.
    — Très
bien, fit Everard avec

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