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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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revenant, il
nettoya le manche de la boue qui le maculait. Everard recula de quelques pas et
regarda Will commencer à creuser le sol humide et lourd. Malgré le froid, il
fut bientôt en sueur et son dos le faisait de plus en plus souffrir à mesure
que le tas de terre à côté de lui augmentait. Au bout de quelques minutes, la
pelle heurta quelque chose de mou. Will se pencha et enleva à mains nues la
fine couche de terre qui recouvrait le linceul enroulé autour du corps. Quand
ce fut terminé, Will s’accroupit sur ses talons. L’odeur de la terre lui
emplissait les narines.
    Everard
eut un instant d’hésitation, puis il s’approcha et se mit à genoux. Il avança
lentement les mains et dégagea délicatement la tête du linceul. Will détourna
les yeux tandis qu’était dévoilé le visage de Hasan, raide et parcouru de
contusions. Sur ses traits se lisait encore son agonie. Everard, de son côté,
observait sans ciller le cadavre de son ami. Il s’inclina, plaça la main sur
son front et se mit à marmonner une prière.
    —
Ashhadu an lâ ilâha illa-llâh. Wa ashhadu anna Muhammadan rasûlu-llâh.
    Will
se retourna en entendant la scansion mélodieuse du prêtre. C’était de l’arabe.
Il savait ce que ces mots signifiaient. Au fil des ans, il les avait croisés
dans certaines des traductions sur lesquelles il avait travaillé.
    Il
n’y a de Dieu que Dieu. Mohammed est Son Prophète.
    C’était
la chahâda - la profession de foi que devait entendre tout musulman sur son lit
de mort, l’équivalent des derniers sacrements pour un chrétien. Cela confirmait
les soupçons de Will, selon lesquels Everard lui avait menti quant à la
conversion de Hasan. Mais face au visage tuméfié et ensanglanté de Hasan, il ne
ressentait ni colère ni épouvante, simplement la honte d’être le compatriote de
ceux qui avaient mis dans un tel état cet homme qui lui avait sauvé la vie à
Honfleur.
    — Qui
a fait ça, d’après vous ?
    — Des
hommes dénués d’âme, lui répondit Everard, la main toujours posée sur le front
de Hasan. Des hommes consumés par la haine et par la peur, qui voient toujours
les démons autour d’eux, et jamais en eux.
    — C’est
tellement absurde, murmura Will.
    Everard
regarda dans sa direction. Ses yeux pâles avaient rougi, il semblait près de
pleurer.
    — Hasan
est mort au service d’une cause en laquelle il croyait. Combien d’hommes
peuvent en dire autant ?
    Will
ne chercha pas à discuter. Le regard que lui jetait Everard exigeait des
paroles de réconfort et de soutien.
    — Bien
peu, convint-il.
    Finalement,
Everard se frotta les yeux.
    — Aide-moi,
dit-il en défaisant le reste du linceul.
    Will
alla se placer de l’autre côté de la tombe. Le linceul était retenu par quelque
chose qui dépassait du corps. Quand ils l’eurent décoincé, Will vit la poignée
de la dague toujours enfoncée entre les côtes de Hasan. Ulcéré, il se baissa
pour l’enlever mais Everard posa la main sur son bras.
    — Laisse
ça. Là où il est maintenant, ça n’a plus aucune importance.
    Ils
ouvrirent la cape grise de Hasan et Everard entreprit de fouiller le corps.
L’inquiétude commençait à se lire sur ses traits quand il passa sa main dans le
dos du cadavre. Alors s’épanouit sur son visage une expression de triomphe.
    — Il
est là !
    Will
retourna Hasan tandis que le prêtre plongeait les bras dans la fosse pour en
tirer un livre relié en vélin et couvert de saletés. Le parchemin était humide
et la couverture maculée de boue, mais Will pouvait voir malgré cela quelques
feuilles d’or scintiller à la lumière du soleil. Tenant l’ouvrage entre ses
mains, Everard ferma les yeux et marmonna quelque chose. Une prière, devina
Will en constatant le profond soulagement du prêtre.
    — C’est
fini, dit Everard en rouvrant les yeux. Je peux enfin retourner en Acre et
achever l’œuvre de ma vie.
    Il
contempla Hasan avec tristesse.
    — Puis
je le rejoindrai.
    — Donnez-moi
le livre, Everard, fit soudain une voix glaciale dans leur dos. Ou vous le
rejoindrez plus vite que vous ne le pensez.
    Tous
deux se retournèrent avec stupéfaction. Nicolas de Navarre se tenait derrière
eux, une arbalète chargée pointée sur Everard. Il portait une cape noire
par-dessus son manteau blanc et ses longs cheveux foncés étaient attachés en
queue-de-cheval.
    — Frère
Nicolas ? dit faiblement le prêtre en serrant le livre contre sa poitrine.
    Il
regardait derrière le

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