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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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des mois, nous avons senti la puanteur des cadavres en
décomposition de nos amis. Inexcusable, dites-vous ? Ça me semble encore trop
faible. Je ne trouve pas de mot assez fort pour décrire ce que vous avez fait.
    Il
n’y avait rien à répliquer.
    — Et
pensez-vous que détruire nos vies compensera ces pertes ?
    — C’est
toujours un début, dit Nicolas en tendant la main.
    — Vous
ne savez pas ce que vous faites ! s’écria désespérément Everard en s’agrippant
au Livre du Graal. Si vous le saviez, vous ne chercheriez pas à détruire mon
Cercle. Nous ne vous avons causé aucun tort, je vous le jure ! Armand est mort
et enterré. Il a subi son châtiment dans une prison du Caire.
    — Vous,
les commandants du Temple, votre groupe, tout le monde a soutenu sa trahison.
Vous paierez pour ce que vous avez fait. Si les lois des cours et des rois ne
punissent pas vos péchés, nous le ferons nous-mêmes.
    — Si
vous détruisez le Temple, vous nous condamnez tous !
    En
même temps que le prêtre prononçait ces paroles, Will plongea sur le corps de
Hasan et se saisit de la dague. Elle coinça pendant une seconde terrible, puis
se libéra avec un bruit de succion. Il tourna la lame vers Nicolas.
    Celui-ci
pivota pour pointer l’arbalète sur Will. Les deux hommes se fixèrent un
instant. Le regard de Nicolas n’avait plus rien d’avenant ou d’amical, comme
c’était le cas ce jour-là devant la boutique du parcheminier. On aurait dit un
homme complètement différent.
    — Je
t’ai déjà averti une fois de ne pas utiliser tes armes avec autant de
précipitation, Campbell.
    Voyant
que Will ne bougeait pas, Nicolas s’adressa à Everard.
    — Everard,
dites à votre sergent de se tenir tranquille ou je le tue.
    Will
sentit une main sur son épaule.
    — Fais
ce qu’il te dit, murmura Everard d’une voix résignée.
    Will
hésitait, mais le prêtre lui serra l’épaule un peu plus fort et il baissa la
dague.
    Tandis
qu’il s’exécutait, Everard jeta Le Livre du Graal aux pieds de Nicolas.
    — Vous
ne savez pas ce que vous faites, répéta-t-il.
    Nicolas
se baissa et ramassa le livre.
    — Je
n’en ai jamais été aussi certain, au contraire.
    Il
recula, pointant toujours son arme sur Will. En arrivant au coin de la
chapelle, il se retourna et se mit à courir. Quelques instants plus tard, il
disparaissait.
    Will
se leva pour lui courir après.
    — Attends,
sergent, le rappela Everard.
    Will
regarda derrière lui.
    — Il
va s’échapper !
    — Et
nous allons le laisser faire. Pour le moment.
    Everard
prit la dague des mains de Will et la déposa
    sur
la poitrine de Hasan.
    — Je
suis désolé, mon ami, souffla-t-il en le recouvrant du linceul. Nous allons
retourner à la commanderie. Nous avons besoin d’aide.
    Mais
quand ils arrivèrent à l’entrée du lazaret, leurs palefrois avaient disparu.
     
     
    Les Sept Étoiles,
Paris,
    2 novembre 1266
après J.-C.
     
    Garin
grimpa l’escalier branlant quatre à quatre. Sa tête était traversée par une
douleur lancinante et sur son crâne s’était formé un énorme hématome qu’il
pouvait à peine toucher. Sept portes donnaient sur le côté du couloir plongé
dans l’obscurité, plus une huitième à l’extrémité. De la lumière filtrait sous
certaines d’entre elles, et il pouvait entendre des bruits assourdis : râles ou
grognements de plaisir, ou de douleur, voire des deux. Les lattes du plancher
étaient disjointes par endroits et craquaient lugubrement sous les bottes de
Garin tandis qu’il avançait, les yeux fixés sur la porte du fond. Il s’arrêta
un instant avant de l’ouvrir, craignant de voir ce qui se déroulait derrière.
Puis, s’armant de courage, il entra. Assis à la table de travail d’Adela, Rook
dévorait une cuisse de poulet. De la graisse lui dégoulinait le long du menton
et des morceaux de viande étaient collés à sa barbe. Il était seul.
    Garin
ferma la porte.
    — Où
est Adela ? demanda-t-il nerveusement en inspectant la chambre.
    — Dans
la cour, articula Rook tout en mâchant. C’est bon, tu l’as ?
    Garin
resta silencieux un moment. De la fenêtre lui parvenaient des bruits. On aurait
dit qu’on traînait quelque chose, puis il entendit la voix d’Adela. Il supposa
qu’elle se faisait livrer des barriques pour la soirée. Le son de sa voix le
rassura.
    — Non,
dit-il à Rook, je ne l’ai pas.
    Rook
jeta la cuisse dans le plat.
    — Alors
où est-il ? grogna-t-il en se levant et en

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