Le livre du cercle
recherches.
Elwen
vit le garde royal disparaître dans une chambre d’où lui parvinrent immédiatement
des cris, et elle se cala contre le mur pour laisser passer la fille nue qui en
sortit en courant.
— Fabien
! hurla la fille en dévalant les escaliers.
Parvenu
presque au bout du couloir, Simon allait ouvrir une nouvelle porte quand un
homme à demi nu, costaud comme un bœuf, le chargea. Tous deux allèrent
s’écraser contre la porte d’en face, qui s’ouvrit sous le choc, et ils
disparurent à l’intérieur d’une chambre.
—
Baudoin ! cria Elwen.
Le
garde royal apparut dans le couloir et, en entendant les bruits de lutte
féroce, il se précipita pour aider Simon. De plus en plus de gens sortaient des
chambres et descendaient l’escalier en courant. Elwen entendit des grognements,
puis le bruit de quelque chose qui se cassait, dans la chambre où Simon et Baudoin
se battaient avec l’homme. Debout dans le couloir, elle ne savait pas quoi
faire pour se rendre utile. Ses yeux se posèrent sur la porte du fond, la seule
qui était encore fermée. Elle s’en approcha en passant devant les autres
chambres, anticipant l’éventuelle sortie de leurs occupants, puis elle ouvrit
la porte. Elle resta sur le seuil de la chambre enfumée. Dans l’âtre, les
braises avaient blanchi.
Ses
yeux se posèrent d’abord sur le miroir en argent contre le mur opposé, où elle
vit son reflet : le rouge aux joues, les cheveux attachés en queue-de-cheval.
Puis ses yeux volèrent rapidement sur le paravent en osier, la table et les
étagères garnies de bocaux, pour se poser sur le lit contre le mur latéral. Une
fille était assise à califourchon sur un homme, les jupons relevés sur ses
hanches. Elwen crut que le monde basculait quand son regard se posa sur
l’homme. Elle ne pouvait pas voir son visage, mais elle reconnaissait ses
cheveux noirs ébouriffés, sa nuque et la forme de sa mâchoire. Des mains se posèrent
sur ses épaules et la tirèrent sur le côté.
Jacqueline,
qui s’était figée en entendant l’agitation alentour, roula sur le côté et se
recroquevilla contre le mur, la peur au ventre, quand Simon se précipita dans
la chambre. Lui aussi s’arrêta un instant. Puis il s’approcha du lit et tira le
maillot de Will.
Ensuite,
il entreprit de lui remettre ses chausses, les mains tremblantes. Soudain, il
entendit Elwen crier derrière lui. Will, le teint blême, avait le visage
couvert de contusions. Simon releva doucement une de ses paupières et vit que
les yeux de son ami étaient révulsés, il n’en voyait plus que le blanc. Will
poussa un râle et Simon crut entendre un nom : Garin.
— Will
!
Les
cris d’Elwen se transformèrent en sanglots et elle essaya de s’approcher du lit
mais Baudoin, qui avait réussi à se débarrasser de l’homme dans la chambre à
côté, la retint.
— Qu’est-ce
qu’il a ? Pourquoi ne se réveille-t-il pas ? Will !
Simon
se retourna. Il avait déjà vu des yeux révulsés comme ceux-là. Les chevaux
avaient les mêmes quand on les bourrait d’opiacés pour les opérer. Il sentit la
colère l’envahir.
— Qu’est-ce
qu’il a, Simon ? Dis-moi !
Simon
planta ses yeux dans ceux d’Elwen en haussant légèrement les épaules.
— Il
doit avoir bu ou quelque chose dans ce goût-là, je suppose.
— Non
! Il ne ferait jamais une chose pareille ! Pas ça!
Elwen
s’effondra contre Baudoin, qui ouvrit les bras pour l’empêcher de s’écrouler
par terre.
— En
voilà assez, je vous ramène au palais.
Elwen
pleurait trop pour protester quand Baudoin l’attira hors de la pièce, laissant
Simon au chevet de Will.
Quand
ils furent partis, Simon, bien qu’il ne se sentît pas très bien lui non plus,
lui enfila avec précaution ses chaussures. La fille, toujours recroquevillée
contre le mur, se précipita soudain vers la porte. Simon la laissa partir sans
même lui accorder un regard. Une fois qu’il eut habillé son ami, il boucla sa
ceinture et son fauchon autour de sa taille et l’emporta, toujours inconscient,
sur ses épaules. Il se demandait pourquoi l’homme à qui il avait donné un coup
de poing dans l’estomac ne les avait pas poursuivis et pourquoi il entendait
tous ces cris tandis qu’il descendait l’escalier. La pièce en bas s’était
presque vidée et il n’y avait plus de musique. Un attroupement s’était formé à
l’entrée d’un couloir au fond de la pièce. Plusieurs femmes pleuraient. Simon
profita de
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