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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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sûr que la potion fasse effet.
    Rook
le scruta attentivement, puis il saisit un paquet posé sur une barrique et le
lui jeta.
    — Empoisonné,
tu dis ?
    — C’est
ça, dit Garin en réceptionnant le paquet.
    — C’est
toujours délicat. Parfois, ça ne marche pas. Je ferais mieux de vérifier par
moi-même.
    — Pas
la peine ! répondit ardemment Garin.
    Mais
Rook franchissait déjà la porte.
     
    Dans
la salle bondée, Adela s’était enveloppée de ses bras. Elle n’arrivait pas à
imaginer comment elle avait pu se croire heureuse ici. C’était comme si on lui
avait enlevé un voile qui l’empêchait de voir la réalité. Tout ce qui la
préoccupait auparavant : les fissures dans les murs, les moisissures au
plafond, les trous dans les robes des filles, le sol dont elle ne parvenait pas
à enlever les taches de sang et de vomi ; tout cela lui paraissait encore bien
pire désormais.
    — Tu
m’as demandé de te prévenir quand Dalmau serait à l’étage, Adela.
    Adela
se retourna. C’était une de ses filles, une rousse aux formes avantageuses qui
s’appelait Blanche.
    — Envoie
Jacqueline, lui dit Adela d’une voix plus dure qu’elle n’avait voulu.
    Elle
soupira et désigna du menton les marchands lancés en pleine fête.
    — Il
faut que je m’occupe d’eux.
    C’était
un mensonge : Fabien était tout à fait capable de gérer la situation. Mais
Garin n’était pas encore parti et elle voulait lui dire au revoir. En outre,
elle ne supporterait pas qu’un autre homme la touche ce soir, et surtout pas le
boucher au cou de taureau.
    — Jacqueline
? fit Blanche, dubitative. Je croyais que Dalmau aimait les femmes d’expérience
?
    — De
toute façon, il est trop saoul pour faire la différence, trancha Adela. Dis-lui
que c’est gratuit. Je paierai Jacqueline moi-même. Le double.
    — Comme
tu veux.
    Adela
traversa la pièce vers le couloir qui menait à l’arrière-salle. Mais elle
s’arrêta sur le seuil en voyant une silhouette arriver dans l’autre sens.
    — Où
est Garin ? demanda-t-elle en reconnaissant Rook malgré l’obscurité.
    Blanche
s’était dressée sur la pointe des pieds pour repérer Jacqueline. Celle-ci était
assise dans un coin plus calme, avec un petit groupe. Elle alla la chercher.
    — Tu
prends le client de la maîtresse, ce soir.
    Jacqueline,
une fille aux grands yeux ronds de quatorze ans, le visage pâle et de grandes
boucles dorées qui descendaient en cascade sur son dos, leva des yeux
craintifs.
    — Le
client de la maîtresse ?
    — Ne
t’inquiète pas, tenta de la rassurer Blanche. Il est fin saoul. Fais comme je
t’ai montré, ça ne durera pas bien longtemps.
    Un
des marchands du groupe l’attrapa par-derrière en la faisant pivoter et elle
poussa un cri.
    — Il
est dans sa chambre ! lança-t-elle à Jacqueline tandis que l’homme la faisait
tourbillonner.
    Jacqueline
rassembla tout son courage pour se lever et grimper les escaliers. En haut, le
couloir était plongé dans l’obscurité. Les cris et les rires diminuèrent à
mesure qu’elle avançait.
     
    Après
avoir dépassé la Sorbonne, l’illustre collège de théologie fondé par le
chapelain du roi Louis, la voiture tourna dans la rue menant à l’auberge des
Sept Etoiles.
    — C’est
ici, dit Baudoin depuis le siège avant, où il s’était assis à côté du cocher.
    La
voiture n’était pas encore arrêtée qu’Elwen se levait déjà en tirant le rideau.
Elle sauta à terre et regarda l’imposant établissement. Des torches étaient
allumées derrière les fenêtres calfeutrées. Elle pouvait entendre les voix haut
perchées des femmes par-dessus celles, plus graves, des hommes. A l’extérieur
de l’auberge, des hommes qui se tenaient près d’un groupe de chevaux et de
voitures la dévisagèrent. Le cœur d’Elwen accéléra quelque peu, mais elle les
ignora et se dirigea vers la porte.
    — Hé
! cria Baudoin en sautant à son tour de la voiture royale et en venant se
placer devant elle. Où croyez-vous aller ?
    — Je
vais chercher mon futur mari, répondit Elwen en le contournant.
    Mais
Baudoin la saisit par le bras.
    — Non,
c’est moi qui vais voir s’il est là. Il n’y a qu’une raison pour une femme de
se trouver dans un endroit comme celui-ci. Vous pourrez dire tout ce que vous
voudrez au capitaine à propos de sa fille. Le roi lui-même me ferait jeter au
cachot si je vous laissais vous égarer dans... Pardonnez-moi, mademoiselle,
mais tous les hommes

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