Le livre du cercle
Il y avait des traces de sang partout sur le
sol. Il rengaina la dague ensanglantée dans son fourreau, ferma la porte et
sortit du couloir. Il traversait la salle bondée pour rejoindre l’escalier
quand il vit Fabien se frayer un chemin vers lui à travers la foule.
— Où
est Adela ? lui demanda le colosse en le regardant avec une hostilité tangible.
— Je
ne sais pas. Je la cherche aussi.
Du
coin de l’œil, il s’aperçut qu’il avait du sang sur la main et il la mit
derrière son dos.
— Il
y a un garde royal et un sergent du Temple dehors. Elle doit leur parler.
— Du
Temple ? s’inquiéta Rook.
— Oui,
répondit sèchement Fabien. Ils sont sans doute là pour leur ami.
Il
avança d’un pas.
— Ma
maîtresse m’a demandé de vous traiter avec courtoisie tant que vous serez ici,
dit-il en baissant la voix, mais si vous causez des problèmes, je serai forcé
de lui désobéir.
— Eh
bien, fais-les patienter un moment. Pendant ce temps, je vais faire le tour
pour trouver Adela.
Fabien
dévisagea Rook, hésitant visiblement sur le parti à prendre.
— Faites
vite, finit-il par répondre. Je ne pourrai pas bloquer longtemps le passage à
la garde royale.
Tandis
que le colosse retournait vers la porte d’entrée, Rook se pressa de reprendre
le couloir qu’il avait emprunté une minute plus tôt et de sortir par l’arrière.
Garin
leva les yeux en le voyant surgir en trombe.
— Nous
partons, dit Rook en attrapant les rênes de l’un des chevaux.
— Mais
Adela... commença à dire Garin, qui se demandait si sa ruse avait pu tromper
Rook.
— Ça
peut attendre, répliqua Rook. Nous partons immédiatement.
Il
se mit en selle.
— Ou
tu peux rester ici et expliquer à un Templier et à un garde royal pourquoi il y
a un chevalier mort à l’étage.
Garin
regarda la porte avec un mélange de crainte et de regret, puis il enfourcha sa
monture. Les deux hommes partirent au petit galop dans l’allée, accompagnés par
le fracas des sabots sur le sol.
— Ça
ne sert à rien, dit Simon en reculant et en levant la tête pour observer les
fenêtres de l’étage. Ils ne nous ouvriront pas.
— Laissez-moi
essayer encore, insista Elwen.
Elle
serra le poing et frappa le bois à s’en faire mal.
— Laissez-nous
entrer ! cria-t-elle, ce qui embarrassait Baudoin qui jetait des regards
inquiets alentour.
Alors
qu’elle s’apprêtait à frapper de nouveau, ils entendirent le verrou tourner. La
porte s’ouvrit sur un homme immense, qui leur jeta un regard soupçonneux.
— Oui?
— Nous
cherchons un ami à nous, dit Elwen.
— Vous
devrez l’attendre à l’extérieur. C’est un établissement privé.
— Laissez
la dame trouver son ami et nous partirons, intervint Baudoin en venant se
placer devant la porte.
— Vous
n’êtes pas ici pour raisons officielles ?
— Non,
répondit vivement Baudoin. Rien d’officiel.
— Alors,
comme je vous l’ai dit, vous devrez attendre dehors.
— S’il
vous plaît ! supplia Elwen en voyant l’homme refermer la porte.
Simon
passa devant elle et coinça son pied dans l’embrasure, après quoi il poussa la
porte de l’épaule et assena au colosse un coup de poing dans l’estomac.
Celui-ci tomba à genoux en poussant un grognement et Simon en profita pour
entrer dans l’auberge. Son cœur battait à tout rompre. Ignorant les femmes
nues, il scruta la pièce à la recherche de Will mais il n’était pas là.
Apercevant un petit escalier menant à l’étage, il s’y engouffra sans attendre
Elwen ni Baudoin, qui contournaient l’homme à terre pour entrer.
En
découvrant la scène bachique qui se déroulait dans la pièce, Elwen s’arrêta
net, stupéfaite, mais Baudoin l’attira vers les escaliers.
— Venez.
Plus vite nous partirons, mieux cela vaudra.
Simon
grimpa les marches quatre à quatre en prenant
appui
sur les murs. En haut, il déboucha sur un long couloir étroit, éclairé par une
simple torche, et sur lequel donnaient huit portes. Une lumière ténue filtrait
sous certaines d’entre elles. En ouvrant la première porte, Simon tomba sur des
amants enlacés qui se retournèrent d’un coup, surpris par l’intrusion. Ignorant
leurs cris d’indignation, il ressortit et s’approcha de la suivante. Entendant
des bruits de pas dans son dos, il fit volte-face mais se détendit en
reconnaissant Baudoin et Elwen.
— Vérifions
les chambres, dit-il au garde royal.
Baudoin
s’avança pour l’aider dans ses
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