Le livre du cercle
quelque chose et je ne me rappelle pratiquement plus rien après
ça, simplement que la porte s’est ouverte et qu’il y a eu de la lumière.
Le
visage de Will se crispa sous l’effort qu’il faisait pour se souvenir.
— Une
voix de femme.
L’image
d’une fille aux cheveux bouclés, blonde, la lumière des torches jouant sur son visage,
lui revint en mémoire. La coupe lui échappa des mains et tomba sur le sol avec
un bruit métallique.
— La
femme, souffla-t-il. Elle...
Mais
il se sentait trop mal et ne put achever sa phrase. Cependant, Everard sembla
comprendre. Il se pencha et ramassa la coupe.
— Ne
t’inquiète pas pour ton vœu de chasteté. Je t’absoudrai. Et je ne le raconterai
à personne.
— Elwen
! s’exclama soudain Will, le visage décomposé. Elle était là ! J’ai entendu sa
voix !
— C’est
ce que Simon m’a dit, oui.
Will
se leva. Vacillant, il chercha ses vêtements et aperçut son maillot sur un
tabouret et ses bottes posées à côté.
— Qu’est-ce
que tu fais ? demanda Everard en le regardant d’un œil inquiet.
Will
passa la tête dans son maillot.
— Où
est mon épée ?
—-
William...
—
Où est cette fichue épée ?
Will
se tourna vers lui, les yeux étincelants, et Everard recula d’un pas.
— Juste
là, fit-il en désignant un coffre.
Will
l’attrapa puis, après avoir revêtu son nouveau surcot, il ajusta sa ceinture et
son épée à sa taille.
— Qu’est-ce
que tu comptes faire, William ?
— Il
faut que je voie Elwen.
Il
prit sa mâchoire entre ses mains pour empêcher ses dents de claquer.
— Il
faut que je lui explique.
— Nous
n’avons pas le temps, dit Everard d’une voix à la fois calme et inflexible.
Nicolas a déjà un jour d’avance sur nous et si ce que tu dis est vrai, on
dirait que Lyons et l’homme qui t’a torturé sont à ses trousses. Simon t’a
ramené de l’auberge. Il nous a sellé deux chevaux et nous attend dehors. Il
vient avec nous. Je l’ai réquisitionné pour qu’il nous escorte.
— Vous
avez parlé à Simon de l’Anima Templi ?
— Non,
mais il a prouvé qu’il savait se rendre utile et il est déjà au courant pour
Nicolas de Navarre. Le visiteur pense que nous allons à Blois pour voir un
traité original sur la navigation maritime. Je lui ai dit que Nicolas de
Navarre avait dû partir de toute urgence pour des raisons personnelles. Une
enquête sur les causes de sa disparition est la dernière chose dont nous avons
besoin.
— Je
ne peux pas partir.
Will
cherchait des yeux son manteau. Il le trouva roulé en boule au pied de la
paillasse et l’enfila, puis il se dirigea vers la porte.
Everard
se mit en travers de son chemin.
— Si
Elwen éprouve autant de sentiments pour toi que tu en as pour elle, elle te
pardonnera. Que tu lui fournisses des explications aujourd’hui, demain ou la
semaine prochaine.
— Laissez-moi
passer ! menaça Will d’une voix sourde. Ne me donnez plus d’ordre !
Everard
l’agrippa par le bras.
— Lyons
t’a drogué et mis au lit avec une fille de bas étage probablement infectée par
quelque mauvaise maladie ! Tu vas le laisser s’en tirer comme ça ?
Will
essaya de repousser Everard mais il n’en avait pas la force. De plus, les mots
d’Everard avaient ébranlé le tréfonds de son être.
— Arrêtez
! gémit-il. Ne dites pas ça ! Je ne veux rien entendre !
— C’est
lui qui a dit à la fille de te violer ! insista Everard, les yeux plissés.
Cette fille t’a violé !
— Taisez-vous
!
— Il
t’a fait briser ton vœu de chasteté, le vœu auquel tu t’es engagé auprès du
Temple en l’honneur de ton père !
Il
saisit l’autre bras de Will et le secoua.
— Vas-tu
rester sans réagir? Qu’est-ce que tu vas faire ?
— Je
vais le tuer!
Will
s’effondra contre le prêtre, pris de tremblements. Tout se mélangeait en un
tumulte vertigineux, son désarroi était complet.
Everard
l’accueillit contre lui, les bras grands ouverts.
— Nous
le trouverons, murmura-t-il à l’oreille de Will. J’aurai mon livre et tu verras
Lyons pendu. Je te le promets.
Route de César, à
proximité d’Orléans,
5 novembre 1266
après J.-C.
Cela
faisait deux jours qu’ils pourchassaient Rook et Garin, progressant vers
l’ouest sur la route de César, en direction de La Rochelle. Le jour de leur
départ, ils avaient bien avancé et s’étaient vus récompensés de leurs efforts
en arrivant le soir à Étampes, ville
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