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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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tourné vers Dieu, ni même vers l’imminente conférence avec le roi.
Il était en retard à l’office et n’avait pas encore vu Garin. Il entrouvrit les
yeux, scruta la nef et soupira en apercevant enfin son ami. Garin était
agenouillé quelques rangées devant lui, la tête inclinée, les cheveux tombant
comme un voile sur son visage.
    Le
prêtre entama la lecture des Écritures, au grand déplaisir de Will. Cela
faisait deux ans qu’il les entendait sept fois par jour, sans compter la messe
quotidienne après l’office de sexte, ni les vêpres ou les veillées des morts
chaque après-midi. Il y avait aussi les services spéciaux : la messe du Christ,
l’Épiphanie, la fête de l’Annonciation, la fête de l’Assomption, la fête de
Saint-Jean, pour n’en citer que quelques-uns. Au moins, ces jours-là, il y
avait toujours un repas acceptable.
    Pour
finir, le prêtre leva ses mains.
    —
Levez-vous, mes frères. Humbles serviteurs de Dieu, défenseurs de la vraie foi
et de la loi divine. Levez-vous et disons le Pater Noster.
    Will
se leva, des fourmis dans les jambes, pour réciter la Prière au Seigneur. Sa
voix se joignit à celles des deux cent soixante hommes réunis dans la chapelle.
    —
Fax vobiscum !
    (Que
la paix soit avec vous !)
    Le
prêtre ferma son bréviaire, signalant ainsi la fin de l’office.
    Impatient,
Will attendit avec les sergents que les chevaliers sortent. Quand son tour fut venu,
il se dépêcha, bousculant même ses camarades. Après la pénombre de la chapelle,
le soleil semblait encore plus brillant et il plissa les yeux en passant sous
le porche. Les sergents marchaient à la file derrière les chevaliers. Ils
allaient à la Grande Salle casser leur jeûne. Le ciel affichait un grand bleu
simplement teinté de brume, et l’odeur des pommes et des prunes mûres dans le
verger masquait de son doux parfum la puanteur de la sueur et des crottes de
cheval qui imprégnait la commanderie. Quelque chose dans la couleur de la
lumière matinale, la manière dont elle semblait tout illuminer de l’intérieur,
rappela à Will le jour où il était arrivé au Nouveau Temple.
    Ses
fesses étaient douloureuses et il était exténué après quinze jours de chevauchée
depuis Édimbourg. Son père et lui avaient traversé la forêt du Middlesex,
laissant derrière eux champs de céréales et vignobles. L’automne avait roussi
les feuilles des arbres. Ils s’étaient arrêtés à un ruisseau pour faire boire
leurs chevaux, et Will avait contemplé Londres qui s’étendait au loin. A
l’extérieur des murs, sur la droite, il avait vu quelques domaines
impressionnants le long de la Tamise. L’un d’entre eux, avait-il deviné, était
le Temple. Tout lui semblait si grand et sublime et sanctifié qu’il avait
imaginé que c’étaient des anges, et non des hommes, qui y habitaient. Exalté,
il s’était tourné vers son père, mais celui-ci semblait indifférent à tout
depuis plusieurs mois.
    Will
repoussa ces souvenirs. Il refusait de se laisser harceler par des fantômes.
Surtout aujourd’hui. Voyant Garin dans la file des sergents, il descendit les
marches en cavalant et s’obligea à sourire.
    — Tu
viens à l’armurerie ? fit-il en le prenant par le bras. Où étais-tu la nuit
dernière ?
    — A
l’infirmerie avec frère Michael, répondit Garin en faisant la grimace. J’avais
des crampes d’estomac.
    Peut-être
à cause des prunes, mais je ne lui en ai pas parlé.
    — J’ai
cru... commença Will, mais il s’arrêta. Ça nous apprendra. Heureusement que
j’ai un estomac d’acier.
    — Allons
prendre les boucliers, dit Garin. Je n’ai pas envie d’être en retard.
    Les
deux garçons se dirigèrent vers l’armurerie, ignorant les regards de curiosité
que leur jetaient les jeunes sergents.
    Après
avoir récupéré les boucliers de leurs maîtres, ils allèrent dans la cour
intérieure bordée d’un cloître. Les écus frappés d’une croix pourpre étaient
presque aussi grands qu’eux. Au centre de l’herbe encore perlée de rosée, de
grandes planches sur tréteaux avaient été installées et une foule de
domestiques s’activait, les uns amenant des bancs, les autres des plateaux
remplis de victuailles ou de vin. Will s’avança vers Owein avec Garin à sa
suite. Le chevalier, en pleine discussion avec un clerc, leva les yeux et
l’aperçut. Will ouvrit la bouche pour saluer son maître, mais une voix
l’interrompit.
    — Frère
Owein !
    Will
se tourna et

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