Le livre du cercle
l’Égypte. Us ont fondu sur l’armée mamelouke, installée à
l’extérieur de Mansourah. Artois a lancé une attaque audacieuse sur le camp,
sans écouter les ordres du roi. Il a fait tomber beaucoup de soldats mamelouks,
notamment le chef de la garde royale. Baybars a pris sa place et piégé l’armée
chrétienne à Mansourah, en sachant que nous suivrions ses troupes dans les rues
de la ville. Nos hommes sont morts par centaines. Il ne faut pas sous-estimer
les Mamelouks, sire.
Le
prince Édouard s’agitait.
— Avons-nous
assez de forces pour faire face à cette menace, maître ?
— Oui
! s’écria Henri avec emphase avant que Humbert n’ait pu répondre. Ceux qui ont
juré de défendre les chrétiens en Terre sainte seront-ils capables de respecter
leur serment ?
— Comme
en toute chose, sire, se pose la question du financement, intervint Owein.
Humbert
lui jeta un regard dur.
— Les
Mamelouks connaissent bien le terrain, sire. Mieux que nos colons, qui se sont
installés dans telle ou telle ville et s’en sont contentés. Ils utilisent des
pigeons pour envoyer des messages et ils ont des espions partout. A l’heure
actuelle, ils sont mieux placés pour attaquer que nous pour nous défendre.
— Nous
devons agir, dit Édouard. Une croisade ferait...
— Chacun
sait, l’interrompit Henri, qu’une décision hâtive n’est jamais bonne. Une
croisade est peut-être nécessaire, mais nous devons l’organiser soigneusement.
— Bien
entendu, père, fit poliment Édouard.
— Tout
cela est déroutant, messire, continua Henri. Mais je ne peux pas être d’une
grande utilité en l’état actuel des choses. Pourquoi m’avoir fait venir ?
— S’il
plaît à Votre Majesté, dit Humbert, frère Owein commencera la discussion.
Owein
se tourna vers Henri, les mains croisées sur la table.
— Nous
vous consentons l’usage de la trésorerie du Temple pour que vous y entreposiez
vos biens et utilisiez nos propres fonds quand il vous sied, comme nous l’avons
accordé par le passé à votre père, le roi Jean, et à son frère, le roi Richard.
Le Temple est ravi de soutenir financièrement la famille royale...
— Je
l’espère, le coupa Henri. Dieu sait que je vous laisse assez de pouvoir en
compensation de vos maigres bontés.
— Dieu
le sait, répondit Humbert, et soyez assuré que vous serez grandement récompensé
au Ciel de la générosité que vous montrez à l’égard de ses soldats. Continuez,
s’il vous plaît, frère Owein.
— Mais
bien que nous soyons ravis de cette situation, nos fonds ne sont pas illimités.
Owein
fit un signe en direction d’un des clercs du Temple, qui posa un rouleau de
parchemin devant le roi.
— Comme
vous pouvez le constater, sire, vos dettes ont considérablement augmenté cette
dernière année.
Henri
déchiffra le document, son front se creusant à mesure qu’il lisait. Il le
tendit au chancelier, qui le parcourut d’un œil rapide avant de le lui rendre.
Tandis que Henri se lissait la barbe, Édouard se leva pour jeter à son tour un
coup d’œil au parchemin.
— Cet
argent m’a été prêté de bonne foi, dit finalement Henri. J’ai bien entendu
l’intention de le rembourser, mais c’est impossible à l’heure actuelle.
— Nous
avons appris, répondit Owein en jetant un coup d’œil à Jacques, que vous avez
récemment organisé des joutes pour des courtisans français. Qui les a payées ?
Jacques
hocha la tête en silence. Henri leur jeta un regard furieux.
— Je
suis sûr, chevaliers, que vous pouvez comprendre la situation de mon père, dit
Édouard en levant le nez du parchemin. En tant que souverain, il est de son
devoir de protéger le peuple en temps de guerre et de le divertir en temps de
paix.
— Nous
le comprenons, concéda Owein. Mais nous ne pouvons nous permettre que ces
dettes ne soient pas remboursées. Nous avons besoin d’or si nous voulons
soutenir notre effort en Terre sainte.
— Qu’en
est-il de la charité ? Les Templiers ne reconnaissent-ils plus ce devoir
chrétien ?
— Si
vous souhaitez la charité, sire, dit Humbert, avec tout mon respect je vous
suggère de vous adresser aux Hospitaliers.
Le
visage de Henri s’empourpra.
— Quelle
insolence !
Il
jeta le parchemin sur la table.
— Vous
aurez bientôt votre argent. J’ai levé des impôts ici et dans mes terres en
Gascogne. Mais je vous préviens, si vous m’insultez une fois de plus, vous ne
verrez pas un sou.
— Les
impôts
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