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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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est au courant à cause d’un ancien membre ayant divulgué nos secrets,
qui cela peut-il être ? Qui voudrait nous détruire, ou détruire le Temple ?
    — Nous
nous sommes faits beaucoup d’ennemis, des gens qui jalousent notre pouvoir et
nos richesses. Le Temple ne répond qu’au pape, il est au-dessus des rois et de
leurs cours. En tant que chevaliers, nous ne payons aucun impôt, et nous avons
même le droit d’ouvrir des églises dont nous tirons des revenus. Nous
commerçons avec tous les royaumes de ce côté de la mer et nous avons de
l’influence au-delà. Nous contrarier est un crime. Tuer, ou même blesser l’un
des nôtres, est passible d’excommunication. Qui pourrait vouloir notre perte?
demanda Jacques en s’animant. Les Hospitaliers, les Mamelouks, les marchands de
Gênes ou de Pise, n’importe quel roi ou noble, les Teutons, que sais-je encore,
la liste est longue.
    — Je
trouverai le livre, frère, dit calmement Hasan. Dussé-je retourner le lit du
roi lui-même.
    Jacques
regarda les parchemins qui avaient occupé ses pensées depuis deux semaines. Des
contrariétés insignifiantes par rapport à ce qu’il venait d’apprendre.
    — As-tu
besoin de moi ici ? Sinon, je rentre à Paris le plus rapidement possible.
    Jacques
alla jusqu’à l’armoire près de la fenêtre.
    — J’ai
des affaires à traiter ici. Attends-moi. Dès que ce sera possible, je viendrai
avec toi à Paris.
    Ouvrant
la porte de l’armoire, il passa la main derrière une bible posée sur l’étagère
du bas et sortit de sa cachette une petite boîte. Puis, sur une étagère plus
    élevée,
il prit une clé avec laquelle il ouvrit la boîte, pour finalement en extraire
une bourse. Il fit tomber quelques pièces dans sa paume et les tendit à Hasan,
avant de remettre la boîte et la clé à leurs places respectives.
    — Je
vais faire seller mon cheval pour toi. Il y a une auberge sur Friday Street.
Cherche l’enseigne du Croissant-de-Lune. Dis-leur mon nom et tu seras bien
accueilli. Je te ferai savoir quand mes affaires seront terminées.
    Hasan
mit les pièces dans la bourse accrochée à sa ceinture.
    — Everard
sera content. Il espérait que tu puisses revenir avec moi.
    Il
se leva de son tabouret et fouilla dans le sac qu’il avait gardé sur ses genoux
durant toute l’entrevue.
    — Une
dernière chose, frère.
    Hasan
sortit un étui en cuir et le tendit à Jacques.
    — La
seule bonne nouvelle dont je sois porteur.
    Jacques
ouvrit l’étui, qui contenait un bout de parchemin couvert d’une écriture
soignée. Il lut en diagonale les premiers paragraphes, avant de lever son
unique œil vers Hasan.
    — En
effet, voilà de bonnes nouvelles. Je t’avoue que je ne m’attendais pas à ce
qu’il y parvienne aussi rapidement. Puis-je le garder ? J’aimerais pouvoir le
lire posément.
    — Bien
entendu.
    Jacques
posa la lettre sur la table, par-dessous les parchemins, et se dirigea vers la
porte.
    — Viens.
Je t’accompagne jusqu’à l’écurie.
     
     
    La Tamise,
Londres,
    15 septembre 1260
après J.-C.
     
    Henri
III, roi d’Angleterre, protégeait ses yeux éblouis par la réverbération du
soleil sur la Tamise. Il était encore tôt mais il faisait déjà étonnamment
chaud, pour le monarque comme pour le grand nombre de valets, de clercs et de
gardes qui l’accompagnaient. Le capitaine de la barge royale cria à une barque
à tribord de rester hors de son chemin. Une foule de pêcheurs et de bateaux
chargés de marchandises parcourait la Tamise, ce qui en rendait la traversée
difficile.
    Malgré
la chaleur et les volumineuses robes de velours noir agrémentées de fourrure de
loup au cou et aux poignets, Henri avait froid. Il essayait de croiser le
regard de son fils aîné, assis sur le banc face à lui, mais le prince Édouard
observait les deux hommes de la barque incriminée, qui ramaient frénétiquement
pour dégager le passage. Henri se tourna vers l’homme à sa gauche, vêtu d’un
manteau et d’un chapeau noirs. Son visage était encore plus pâle que
d’habitude.
    — L’eau
vous incommode, chancelier ? s’enquit Henri.
    — Non,
sire. C’est le mouvement qui me perturbe.
    — C’est
le chemin le plus rapide pour se rendre au Temple, dit Henri d’un ton enjoué,
comme si cela pouvait lui rendre le trajet plus confortable.
    Il
renvoya un valet qui apportait un plateau de boissons.
    — Et
ça a l’avantage d’être plus discret que le cheval, répondit le chancelier.
Mieux

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