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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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vaut qu’on ne nous voie pas entrer au Temple. Il est connu que nos seuls
liens avec les chevaliers sont d’ordre financier. Vos sujets pourraient se
demander pourquoi vous avez encore besoin d’or, alors que vous leur en prenez
tant. Les nouveaux impôts sont très impopulaires.
    Henri
se renfrogna.
    — Ces
impôts ont été levés sur vos conseils, chancelier.
    — Et
je vous certifie, sire, que vous avez bien fait. Je me contente de vous montrer
où sont vos intérêts. Et votre intérêt aujourd’hui, c’est de rendre notre
présence au Temple aussi rapide et secrète que possible. Nous n’aurions même
pas dû accepter d’y aller. Les Templiers n’en finissent pas de prendre de
l’importance.
    Les
rives étaient remplies d’un flot continu de négociants, de marchands, de
garçons de course et de gens à l’affût de la moindre affaire. Ils marchaient à
pied, allaient à cheval, ou étaient assis sur des charrettes tirées par des
bœufs. Au fond, la ville s’étendait comme une forêt inextricable de maisons en
pierre ou en bois, de magasins, d’hôtels particuliers et de prieurés, d’où
émergeaient çà et là les hautes flèches des chapelles. L’éclat du soleil,
l’odeur du poisson sur le quai et la frénésie alentour, tout cela plaisait à
Henri.
    — Leur
invitation ressemble presque à une convocation, reprit le chancelier. Il n’y a
aucun ordre du jour, ils demandent simplement à ce que j’assiste à la
conférence avec le personnel de la trésorerie.
    Les
joues du chancelier avaient rosi d’indignation.
    — Je
suppose que cela concerne notre dette, répondit sèchement Henri.
    — Mais
vous en avez déjà parlé récemment avec l’un d’eux, sire.
    — Frère
Owein. Un homme opiniâtre, pour sûr. Je lui ai dit que je rembourserai la dette
quand j’en serai capable. Ce qu’il a accepté.
    —
Dans ce cas, pourquoi cette conférence ?
    Henri
ouvrit la bouche pour répondre, mais son fils intervint.
    — Peut-être
veulent-ils proposer une nouvelle croisade?
    Le
chancelier et Henri tournèrent leurs regards vers le prince.
    Édouard
clignait des yeux à cause du soleil. L’une de ses paupières tombait, donnant
l’impression qu’il était toujours plongé dans ses pensées. Mais il avait fière
allure. Sa voix était douce et il parlait lentement pour déguiser le léger
bégaiement qui l’affectait depuis son enfance.
    — Le
besoin s’en fait sentir depuis longtemps. Il n’y a pas eu d’effort soutenu vers
l’Orient depuis la campagne du roi Louis, qui s’est achevée il y a six ans.
Nous avons de vagues rapports sur l’invasion mongole et nous savons que les
Mamelouks se préparent à marcher sur la Palestine pour se confronter à eux.
    — Pour
le moment, répondit Henri, je dois me concentrer sur les problèmes domestiques
plutôt que sur les troubles à l’étranger. Les Ordres militaires peuvent très
bien s’en occuper. C’est à ça qu’ils servent, après tout.
    — Vous
avez pris la Croix il y a dix ans maintenant, père, dit doucement le prince,
mais avec une pointe de défi dans la voix. Je croyais que vous vouliez partir
en croisade ? C’est ce que vous avez dit aux chevaliers quand ils vous ont demandé
à quoi allait servir l’argent qu’ils vous prêtaient.
    — Et
c’est ce que je ferai, le moment venu.
    Henri
se détourna pour mettre fin à cette conversation, mais il savait qu’Édouard le
regardait toujours. L’année dernière, la rumeur avait circulé que son fils
était impliqué dans un complot visant à le renverser, complot dont le maître
d’œuvre était le beau-frère de Henri, le comte de Leicester Simon de Montfort.
Mais sans preuves, il avait dû se réconcilier avec son fils et avec le comte.
Néanmoins, l’incident les avait éloignés.
    — Il
nous faut simplement être fermes avec les chevaliers, dit le chancelier d’un
ton décidé. Quel que soit le sujet dont ils veulent discuter...
    Henri
rumina en silence pendant que la barge passait les murs de la ville. Au loin se
dressait la commanderie des Templiers.
     
     
    Nouveau Temple,
Londres,
    15 septembre 1260
après J.-C.
     
    Les
portes de la chapelle se refermèrent et les chevaliers s’assirent tandis que le
prêtre se plaçait derrière l’autel. Dans la nef où il se trouvait avec les
autres sergents, Will s’agenouilla. Le prêtre démarra l’office de tierce avec
sa ferveur habituelle. Will réunit ses mains pour prier, mais son esprit
n’était pas

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