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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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sauver ce qui nous appartient, je suis
sûr que tu peux le comprendre.
    Il
prit la bougie sur la table.
    — Marchons
un peu, Garin.
    Le
garçon hésita, puis il suivit le prince vers le mur du fond. À la lumière de la
bougie, les peintures semblèrent s’animer.
    — C’est
mon père qui a fait peindre tout cela, dit Édouard. En l’honneur de ceux qui,
il y a deux cents ans, ont donné leur vie pour débarrasser Jérusalem des
infidèles.
    Garin
constata qu’il s’agissait d’une cité entourée de murailles. Jérusalem. Des
bâtiments blancs et des coupoles dorées s’étalaient à flanc de colline, jusqu’à
une vaste structure qu’il supposa être le dôme du Rocher, l’un des principaux
lieux saints de l’Islam transformé en église depuis la chute de la ville. Garin
eut envie de se trouver là-bas et de s’allonger dans l’herbe en arrière-plan.
Mais Édouard se déplaça et la lumière illumina une autre scène. Cette fois, la
ville était plus proche. Des volutes de fumée s’élevaient des bâtiments. Devant
les murs de la cité se tenait une armée, une énorme masse sombre d’hommes et
d’engins de siège, de chevaux, de chars, de tentes et de bannières.
    — Quand
le pape Urbain II a lancé l’appel à la croisade en l’an de grâce 1095, beaucoup
d’hommes ont pris la Croix : chevaliers, nobles, rois et paysans, tous
souhaitaient reprendre la Ville sainte aux infidèles. Mais il leur fallut
quatre ans pour l’atteindre, et nombre d’entre eux avaient péri en chemin.
    Édouard
désigna les engins de siège alignés à l’entrée de la ville.
    — Ils
passèrent près d’un mois à fabriquer des munitions pour la bataille. Et le 13
juillet, épuisés par cette longue campagne et par les privations, ils lancèrent
l’assaut.
    La
bougie se déplaça de nouveau. Cette fois, les couleurs étaient sombres ; du noir
et du rouge écarlate pour la fumée et les langues de feu qui partaient depuis
les toits des immeubles ; du pourpre et de l’incarnat pour le sang.
    — Ils
prirent la Ville sainte en une seule journée. Ses rites furent nettoyées des
Sarrasins et des Juifs. Les sites sacrés où le Christ a châtié les marchands du
Temple, la tombe d’où il est ressuscité, le lieu où la Vierge a dormi : nos
prêtres sanctifièrent tous ces endroits. Ce fut un jour à nul autre pareil.
    Édouard
avait les yeux brillants, son visage exprimait une passion pleine et entière.
    — J’aurais
aimé y être.
    Garin
observa la scène en détail. Il vit des rivières de sang dans les rues, des
hommes et des femmes qu’on sortait de leurs mosquées, de leurs maisons, pour
les passer au fil de l’épée. Il vit des montagnes d’or sur des monceaux de
cadavres. Tels qu’ils étaient peints, les visages des croisés victorieux
semblaient exprimer une joie presque démoniaque.
    Édouard
se tourna vers Garin.
    — Les
Sarrasins nous ont repris Jérusalem il y a soixante-treize ans. Si nous voulons
que ceux qui sont partis vers l’Orient n’y soient pas partis en vain, et que
brille de nouveau la Chrétienté, nous devons nous en rendre maîtres. Est-ce que
tu veux qu’ils adorent leur faux dieu dans des lieux sanctifiés par nos prêtres
?
    Ne
sachant pas quoi répondre, Garin se contenta de secouer la tête.
    — Si
mon grand-oncle Richard Cœur de Lion était là, crois-tu qu’il resterait à rien
faire alors que l’ennemi s’empare de toutes nos forteresses ?
    Le
visage d’Édouard se durcit.
    — Mon
père ne mènera pas de croisade, je le sais. Moi, je la mènerai. Les joyaux me
reviennent de plein droit, ils seront ma couronne quand je deviendrai roi. Ni
mon père ni moi-même ne pouvons nous permettre de rembourser nos dettes alors
que ce dont nous avons besoin, ce dont nous avons tous besoin, c’est d’une
croisade. Je veux la même chose que les Templiers, mais je le ferai comme je
l’entends. Comprends-tu cela, Garin ?
    Le
jeune homme se rongeait les ongles. Édouard sourit, puis se dirigea vers un
coffre au pied du lit. Garin le suivit. Lé prince ouvrit le coffre et en sortit
une bourse, qu’il tendit au sergent.
    — Prends-la.
    Les
yeux ronds, mais n’osant refuser, Garin s’en saisit. La bourse lui parut assez
lourde.
    — Ce
n’est que le début, dit Édouard en le fixant. Aide-moi, et je te promets que je
t’aiderai. Tu ne peux que gagner à me rendre service.
    Garin
pensa à sa mère dans la maison inconfortable de Rochester, sa mère qui pleurait
le soir

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