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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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camp et prit la direction du nord. C’était une
belle matinée ensoleillée. Ils franchirent à cheval de petits ruisseaux et
traversèrent des champs de coton. Les fermiers qui achevaient la récolte
d’automne levaient les yeux pour les regarder passer.
    Cavaler
ainsi détendit Qutuz. Accompagner le rythme de la jument en pliant les genoux,
sentir le vent sécher la sueur, tout cela avait le don de l’apaiser. Ils
n’étaient partis que depuis quatre mois, mais la campagne lui avait semblé bien
plus longue. Au moment de leur départ, les crues du Nil venaient de commencer,
submergeant tous les marais et les canaux du Delta. L’eau avait maintenant
retrouvé son niveau naturel. Son retour allait être triomphal : demain soir, on
scanderait son nom dans toutes les rues du Caire.
    Le
groupe atteignit les eaux scintillantes d’un lac en passant par des lagons pleins
de roseaux et de taillis enchevêtrés. Sur leur passage, les cigognes et les
oiseaux sauvages s’envolaient des broussailles, tandis que les buffles
continuaient de paître tranquillement sur le rivage. Deux hommes crièrent en
voyant des lièvres près du lac, agiles créatures bondissant follement sur
l’herbe. Qutuz reprit l’appel et les hommes leur donnèrent la chasse, lances en
l’air. Trois généraux lancèrent leurs chevaux au galop pour encercler les
lièvres, et bientôt l’air fut empli de la clameur des chasseurs tuant un à un
les animaux. Qutuz jeta sa. lance dans les airs et embrocha de sa pointe le
dernier.
    Pendant
que le sultan mettait pied à terre et que les Mu’izziyya allaient récupérer
leurs proies, Baybars fit tourner son cheval pour faire face à Omar et Kalawun.
    — Vous
êtes prêts ?
    — Oui,
émir, répondit Omar en descendant de cheval et en empoignant son sabre.
    Kalawun
acquiesça d’un signe de tête.
     
    Aqtai
déambulait entre les plateaux de nourriture installés ici et là sur les
coffres. Sous la tente la chaleur était étouffante, et il s’éventa le visage
avec la main tout en avalant un morceau de viande. Sa robe de soie blanche
tombait en plis informes sur son corps adipeux, et il avait deux taches de
sueur sous les bras. Une brise bienvenue vint le rafraîchir. Il ferma les yeux
pour en apprécier les bienfaits. Soudain, il sentit quelque chose
    de
dur lui creuser les reins. Son cri fut étouffé par la main qui se posa sur sa
bouche, et ses yeux s’affolèrent en entendant l’ordre qu’une voix lui intimait.
    — Silence!
    Dans
son dos, la pression s’accentua et il hocha plusieurs fois la tête, terrorisé.
    La
main se retira et il se retourna. Khadir se dressait devant lui, tenant une
dague.
    — Qu’est-ce
que tu fais ? Va-t’en, dit-il en indiquant d’un doigt tremblant l’entrée de la
tente.
    Mais
il constata avec dépit que sa voix ressemblait à un couinement.
    Khadir
fit jouer la dague entre ses doigts.
    — C’est
mon maître qui m’envoie, dit-il à voix basse, comme pour une confidence. Il a
un message.
    — Quel
message ?
    Khadir
s’approcha de lui et pointa la dague à quelques centimètres de son estomac.
Aqtai recula légèrement et buta contre un coffre en renversant une cruche de
koumys.
    — Quand
mon maître reviendra de la chasse, il veut que tu le retrouves dans le pavillon
royal.
    — Que
me veut l’émir Baybars ? bredouilla Aqtai, les yeux fixés sur la dague.
    — Il
n’y a plus d’émir Baybars, gloussa Khadir.
    Il
appuya légèrement la dague sur l’estomac d’Aqtai et remonta jusqu’à sa
poitrine.
    — Celui
que tu rencontreras tout à l’heure, ce sera le sultan Baybars.
    — Qu’est-ce
que tu...
    Aqtai
s’arrêta, les yeux écarquillés.
    — Tu
l’accueilleras au pavillon royal et tu lui offriras de trôner en tant que
sultan d’Egypte et commandant suprême de l’armée mamelouke.
    — Non
! s’insurgea Aqtai. Baybars sera pendu !
    Et
il plongea désespérément vers l’entrée. Mais dans le mouvement, la dague lui
fit une longue estafilade sur la poitrine.
    Il
n’alla pas plus loin car Khadir se tenait déjà devant lui et le clouait au sol
avec une force qui le fit tressaillir. Surplombant le chef d’état-major du
sultan, Khadir releva sa robe pour lui montrer ce qu’elle cachait : le corps
d’un lièvre qu’il avait tué le matin même, suspendu avec une corde par les
oreilles.
    — J’ai
donné un nom à cet animal, dit-il en dénouant la corde. Je l’appelle Aqtai.
    Puis
il leva sa dague et découpa la bouche du

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