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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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fois, il
n’avait aucune entrave : ni les liens de l’esclavage, ni ceux de la soumission
à un chef. Il se sentit libre.
    La
troupe, diminuée, revint au camp. Omar et Kalawun étaient à l’avant, aux côtés
de Baybars. Ils ramenaient avec eux la jument blanche du sultan et les chevaux
des gardes morts au cours du combat. Malgré les protestations des survivants,
le cadavre de Qutuz était resté sans sépulture. Il pourrirait à même l’herbe,
ou se ferait dévorer par les animaux. Quand ils firent irruption dans le camp,
les soldats jetèrent des regards curieux en voyant des montures sans cavalier.
Baybars arrêta son cheval devant le pavillon royal et mit pied à terre avant
d’y pénétrer.
    Aqtai
se trouvait sur l’estrade, le visage pâle et agité de tics nerveux. Khadir se
tenait à côté de lui. Baybars fit un signe de remerciement au devin et monta
sur l’estrade pour faire face aux hommes qui commençaient à s’attrouper devant
le pavillon. Des appels retentissaient de partout et tous les soldats
accouraient.
    La
voix profonde de Baybars résonna à travers le camp.
    — Le
sultan Qutuz est mort !
    Sur
un signe de Khadir, Aqtai s’avança.
    — Émir
Baybars, dit-il d’une petite voix, le trône vous revient.
    Les
murmures de la foule, qui avaient commencé avant l’annonce, formaient
maintenant un chœur d’exclamations stupéfaites et d’acclamations de joie. Baybars
s’assit sur le trône, ses mains se posant sur les deux lions à l’extrémité des
bras.
    Aqtai
s’agenouilla devant lui.
    — Baybars
Bundukdari, sultan d’Égypte, je te jure fidélité et obéissance !
    Les
soldats et les officiers du régiment bahrite furent les premiers à imiter
Aqtai, suivis bientôt par tous les soldats que comptait l’armée. Les guerriers
Mu’izziyya échangèrent des regards circonspects en comprenant qu’ils venaient
d’être remplacés : les Bahrites allaient reprendre leur place de gardes royaux.
Un par un, cependant, ils s’inclinèrent devant leur nouveau chef.
    Kalawun
et Omar vinrent se placer de part et d’autre du trône, et Kalawun brandit son
épée.
    — Gloire
à toi, Baybars al-Malik al-Zahir !
    Toute
l’armée s’agenouilla et scanda le nom de son chef.
    — Gloire
à toi, Baybars al-Malik al-Zahir ! Gloire à Baybars, chef victorieux!
    Baybars
se leva et s’avança au bord de l’estrade. Puis il fit le silence d’un geste
impérieux du bras.
    — Qutuz
pensait se tenir ici même ce soir. Il vous aurait tenu un discours célébrant
notre grande victoire contre les Mongols. Mais je n’évoquerai pas nos
triomphes.
    Les
acclamations cessèrent.
    — Car
nous avons failli. Nous sommes dirigés depuis trop longtemps par des chefs sans
volonté. Nous vivons depuis trop longtemps à l’abri, dans nos citadelles,
tandis que nos frères en Palestine doivent se battre ou mourir. Et nous
permettons depuis trop longtemps aux hommes d’Occident d’occuper nos terres.
Cela fait presque deux cents ans qu’ils sont ici, avec leurs croix et leurs
épées, qu’ils nous narguent et nous détruisent. Serons-nous à jamais leurs
esclaves ?
    — Non
! hurlèrent quelques hommes çà et là.
    — Allons-nous
les laisser faire encore longtemps ?
    D’autres
hommes se joignirent aux premiers pour manifester leur mécontentement.
    — Je
ne les laisserai pas faire ! rugit Baybars en tirant son sabre. Il n’est plus
temps d’attendre et d’observer.
    Des
applaudissements se mêlaient maintenant aux clameurs.
    — Vous
dresserez-vous avec moi contre les Francs ?
    L’armée
mamelouke répondit comme un seul homme.
    Baybars
leva son sabre tendu vers le ciel.
    — J’en
appelle au Jihad !

 
    Chapitre 14
    Le Temple, Paris
     
    26 octobre 1260 après
J.-C.
     
    Une
pluie fine tombait sur les hommes et perlait le long de la voile qu’aucun vent
ne gonflait. Tout était silencieux, même les rames frappaient l’eau sans faire
le moindre bruit. On distinguait à peine la ville plongée dans la brume
derrière le coude que formait le fleuve. Plus loin, le cours d’eau se séparait
en deux bras autour d’une île sur laquelle se dressaient plusieurs bâtiments
impressionnants. Le plus grand et le plus magnifique d’entre eux, à son
extrémité, était une cathédrale d’une blancheur extraordinaire. L’Opinicus
s’engagea dans le bras gauche de la rivière, entre l’île et la berge, et
dépassa une forteresse et des jardins dont les arbres surgissaient comme des
fantômes à

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