Le livre du cercle
qu’un homme, laissant derrière lui le sergent qu’il
venait de tuer, l’attaqua. Comme l’homme s’avançait, ahanant sous son masque de
mort, Will leva son épée pour contrer le coup. Quand les deux armes se
percutèrent, l’onde de choc traversa tout son bras. Il serra les dents et
assura sa prise. Puis il dut parer une série d’attaques plus puissantes et
rapides que toutes celles qu’il avait eu à affronter jusqu’ici. Autour de lui,
tout n’était plus que chaos. Couvert de sang et de cadavres, le pont était un
terrain bien différent de celui sur lequel il s’était entraîné à la
commanderie. Malgré ses efforts, il ne parvenait pas à tourner autour de son
adversaire et à se dégager du recoin où il était acculé. Soudain, en voyant
avancer vers lui cette épée qui n’était pas en bois,
Will
eut le sentiment, la certitude qu’il allait mourir. Il fit un pas de côté pour
éviter le coup et son pied buta contre un corps. Fermant les yeux, il sentit
l’épée lui frôler la poitrine tandis qu’il s’écrasait contre le sol. Puis il
entendit un cri. Il constata alors, en rouvrant les yeux, qu’une lame sortait
de l’estomac de son adversaire. L’homme tomba près de lui et Will découvrit que
Hasan se tenait là, l’épée couverte de sang. Mais il n’eut pas le temps de le
remercier car celui-ci repartait déjà en courant. Il se releva et entendit
Elwen crier depuis le quai. Pendant son combat, les dix hommes vêtus d’une robe
noire encore en vie avaient envahi la cabine. Deux d’entre eux portaient le
coffre contenant les joyaux de la Couronne. Les huit autres leur dégageaient le
chemin vers le quai. Owein se défendait contre deux hommes qui l’avaient pris
en étau. Jacques, qui combattait dos à dos avec Hasan, tua un homme d’une botte
fulgurante, mais les deux qui détenaient les joyaux avaient atteint le rebord
du bateau. Ils sautèrent sur le quai et retombèrent sur Elwen, qui s’était
approchée en voyant son oncle en danger.
Sous
le choc, celle-ci s’étala et l’un des hommes lâcha le coffre, qui alla
s’écraser sur les pavés. Son comparse se tourna immédiatement vers Elwen en
brandissant son épée mais Garin vint le percuter en pleine course. L’épée lui
glissa des mains et, quand il tomba, on entendit sa tête se fracasser contre le
sol. Will sauta par-dessus bord.
L’autre
homme avait délaissé son épée pour s’emparer du coffre. Il commença à courir
mais n’eut pas le temps d’aller bien loin : Owein le rattrapa et lui assena un
coup d’épée dans le dos à quelques mètres à peine du bateau. Il s’effondra avec
le coffre, qui percuta de nouveau le sol et s’ouvrit en déversant son contenu.
Une couronne incrustée de pierres précieuses roula jusqu’au muret tandis que la
lumière des torches faisait scintiller des bagues, un globe terrestre en or
massif et un sceptre étincelant.
Owein
se retourna et vit Will et Garin, ce dernier tenant à la main l’épée de l’homme
qui s’était fracassé la tête.
— Surveillez
les joyaux ! leur cria-t-il.
C’est
alors qu’il aperçut Elwen. Stupéfait, il eut un moment de relâchement. Avant
qu’il ait pu dire quoi que ce soit, on entendit un hurlement sur le bateau.
Tous se retournèrent et Garin poussa un cri en voyant une épée s’enfoncer dans
la poitrine de Jacques. Le chevalier s’écroula et son assassin mourut quelques
instants plus tard de la main de Hasan.
Les
six assaillants restants sautèrent par-dessus bord et trois d’entre eux se
dirigèrent vers Owein. Mais en voyant les joyaux répandus sur le sol et les
hommes qui se précipitaient à leurs trousses, ils prirent peur et s’enfuirent
avec les autres. Deux chevaliers et quatre sergents les pourchassèrent sur le
quai tandis que Garin remontait à bord en hurlant le nom de son oncle. Un petit
attroupement s’était formé à quelques encablures du bateau, des badauds étant
accourus de la place du marché pour voir d’où provenait ce vacarme. Mais ils se
dispersèrent en voyant les hommes en robe noire venir dans leur direction,
l’épée à la main. Les femmes hurlaient en tirant leurs enfants par le bras.
Owein
se tourna vers sa nièce.
—
Elwen ?
Mais
il entendit un grognement derrière lui. L’homme qu’il avait frappé dans le dos
luttait pour se mettre à genoux. Quand Owein s’approcha de lui, il leva la main
d’un geste implorant.
—
Pax ! cria-t-il.
— Debout
!
L’homme
se
Weitere Kostenlose Bücher