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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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cœur.
    Avant
de sortir, il se tourna vers Will et lui fit un clin d’œil.
    Quelques
minutes plus tard, les cloches cessèrent de sonner les matines, ce qui
signifiait que l’office avait commencé. Will ne quittait toujours pas le rebord
de la fenêtre. Depuis quatre ans, il ne s’était pas passé une journée sans que
Will ne se lève avant l’aube pour le premier office. Aujourd’hui, il ne
s’agenouillerait pas. Il préférait regarder le ciel s’illuminer progressivement
pendant que les oiseaux commençaient à chanter.
    Les
quartiers des sergents formaient un arc de cercle à proximité des écuries.
Par-dessus les toits, il observa les champs parsemés de chênes noueux et de
bouleaux argentés. Un ruisseau courait à travers l’herbe, et il pouvait voir
tourner plus loin la roue d’un moulin. Au-delà, se trouvait un vivier qui
reflétait le ciel pâle de l’aube, ainsi que les dépendances et les granges qui
accueillaient, d’après Robert, les chambres des domestiques, l’armurerie, la
draperie, le fournil et la réserve à grains. Il y avait même un four à poterie.
En se penchant par la fenêtre, Will pouvait apercevoir les imposantes tourelles
du donjon. Le Temple de Paris, qui était la principale commanderie de l’Ordre,
était bien plus grand et plus impressionnant que le Nouveau Temple. En
comparaison, ce dernier paraissait modeste.
    Sentant
des courbatures dans ses jambes et son dos, Will descendit du rebord. Il alla
prendre son épée dans son sac, au pied de sa paillasse, ainsi que la tunique et
la culotte qu’il portait pendant le combat. Le tissu était parsemé de taches de
sang séché. Will plongea ses habits dans la bassine et commença à frotter. L’eau
ne tarda pas à prendre une teinte rouge et brune, tandis que l’odeur rance du
sang se répandait dans la chambre. Soudain, il revit les yeux du mercenaire au
moment où il lui avait assené le coup de grâce. Il était encore sous le choc de
voir à quel point il était facile de prendre la vie d’un homme. Au moins, le
masque l’avait empêché de voir son visage. Avant de reprendre le bateau, il
aurait pu le regarder, mais il s’était soigneusement tenu à l’écart des
cadavres des mercenaires. Un homme portant un masque n’est pas vraiment un être
humain : il n’a ni famille, ni histoire, ni avenir.
    Soudain,
il entendit une voix de garçon dans le couloir, puis des bruits de pas. Et de
nouveau le silence. Will étendit les vêtements sur le rebord de la fenêtre en
se demandant si quelqu’un s’apercevrait de son absence à la chapelle. Mais la
seule personne qu’il connaissait vraiment ici, c’était Garin. Et ils ne
s’étaient pas vus depuis leur arrivée, où chacun avait été conduit à son
dortoir respectif.
    Enfin,
il commença à nettoyer son fauchon. Ce n’était plus un jouet d’enfant, mais une
arme mortelle. Tout en essuyant sa lame, Will essaya d’imaginer son père assis
à côté de lui. Il se disait qu’il l’aurait soutenu, lui aurait affirmé qu’il
avait agi comme il fallait, qu’il avait fait ce pour quoi on l’avait entraîné,
que tel était son devoir. Mais, au lieu de cela, ce que Will entendait, c’était
son père l’assurant d’une voix monocorde, sans conviction, que ce n’était pas
de sa faute, que c’était un accident et qu’il n’avait aucune raison de se
sentir coupable.
    La
cloche recommença à sonner au moment où les chevaliers et les sergents, avec à
leur tête le prêtre qui avait conduit la messe de requiem, sortaient de la
chapelle. Will marchait derrière le cercueil d’Owein porté par quatre
chevaliers du Nouveau Temple. Les deux chevaliers qui avaient survécu à la
bataille, l’équipage de l’Opinicus, Garin, mais aussi la foule de chevaliers,
de prêtres et de sergents que Will ne connaissait pas, tous marchaient en
silence derrière les neuf cercueils. Robert et Hugues étaient là tous les deux,
mais aucun signe d’Elwen. Will éprouvait une sorte de ressentiment à l’idée que
tant de gens qui n’avaient pas connu Owein soient présents à son enterrement.
    Le
prêtre dirigea le cortège à travers le cimetière de la chapelle. Derrière lui
se tenait le visiteur du royaume de France, commandeur des citadelles de
l’Occident, second dans la hiérarchie après le grand maître. Avec sa barbe
taillée en trident, le visiteur avait une allure majestueuse. À l’autre bout du
cimetière, qu’une enceinte séparait du monde

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