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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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pas
notre amitié.
    — Quel
manteau? répondit Will en se levant soudainement.
    Elwen
était habituée à son tempérament emporté mais ses sautes d’humeur réussissaient
toujours à la faire sursauter. On eût dit un coup de tonnerre dans le ciel
bleu.
    Will
attrapa sa tunique noire et la lui brandit.
    — Est-ce
que ça ressemble à un manteau de chevalier, d’après toi ?
    Elwen
soupira.
    — Will,
murmura-t-elle en secouant la tête, je suis désolée. Je ne voulais pas dire ça.
    Mais
Will n’était pas décidé à se calmer. Il lui montra ses paumes.
    — Est-ce
que ces mains ont l’air de porter une épée ?
    Le
bout de ses doigts était noir. Il avait beau les frotter matin et soir depuis
six ans avec toutes les décoctions possibles et imaginables d’herbes, ces
récurages impitoyables ne parvenaient pas à faire disparaître l’encre, pas plus
que les savons à l’odeur infecte qu’il avait demandé à Elwen d’acheter aux
charlatans sur les marchés. Elwen lui avait dit une fois que ces taches d’encre
le faisaient ressembler à un de ces professeurs de l’université. Pour lui,
elles étaient une marque indélébile, le souvenir constant de ses ambitions
contrecarrées.
    — Hein
? Qu’est-ce que tu en dis ?
    Elwen
se mordit le coin de la lèvre inférieure.
    — Peut-être
pas, mais ça n’a aucune importance.
    — Aucune
importance ? Est-ce que tu peux t’imaginer à quel point ç’a été dur pour moi
d’être mis de côté, de regarder mes amis prononcer leurs vœux et ressortir de
la salle capitulaire en chevaliers ? En hommes ? J’ai menti à mon père, Elwen.
Je lui ai écrit que j’avais été fait chevalier parce que je ne pouvais pas
supporter de lui révéler ma disgrâce.
    Will
se détourna.
    — Il
pense assez de mal de moi comme ça, ce n’est pas la peine d’en rajouter.
    Elwen
s’approcha de lui, pieds nus dans l’herbe sèche.
    — Ce
n’est pas important que tu portes un manteau noir ou blanc, ou que tu utilises
une épée plutôt qu’une plume. Ce qui compte, c’est ce qu’il y a à l’intérieur
de toi, ton cœur et ton esprit.
    Will
renifla avec un air méprisant mais il la laissa prendre dans sa main son poing
serré. Il la regarda déplier un à un ses doigts pleins d’encre et les
embrasser. La colère s’apaisa.
    — Pardonne-moi,
dit-elle. Je sais que nous nous sommes mis d’accord. Nous ne pouvons pas être
ensemble de cette manière. Simplement, c’est difficile de revenir en arrière.
    — Tu
n’as rien fait que je doive te pardonner.
    Will
retira sa main avec délicatesse.
    — C’est
dur pour moi aussi, mais c’est mieux ainsi. Pour nous deux.
    — Tu
as raison, concéda Elwen de mauvaise grâce, c’est préférable.
    — Nous
devrions y aller.
    Will
noua sa ceinture autour de sa taille, où pendait le fauchon. En général, les
sergents ne portaient d’arme que pour des tâches précises, mais Will avait
commencé à se promener avec son fauchon depuis quelques mois. Ce faisant, il
pensait montrer à Everard qu’il ne resterait pas à jamais le secrétaire d’un
prêtre. Cette pointe de défi n’avait pas eu les effets escomptés : Everard
n’avait même pas paru s’en apercevoir. Mais en dehors de deux ou trois lettres
venues d’Orient, dans lesquelles James parlait essentiellement d’un camarade,
Mattius, cette arme était le seul lien ténu qui le rattachait encore à son
père. Il continuait désormais de la porter sans réelle nécessité.
    Il
se pencha pour ramasser le sac, lourd de toute la nourriture qu’ils n’avaient
pas mangée.
    — Je
dois passer chez le parcheminier. Si je veux rentrer à la commanderie pour les
vêpres, il faut que je me dépêche.
    — Eh
bien, je suppose que personne ne m’en voudra de rentrer plus tôt que prévu,
répondit Elwen en se forçant à sourire. Le palais est en effervescence depuis
que le roi a invité Pierre de Pont-Évêque à faire une représentation le jour de
la Toussaint. Depuis l’annonce de sa venue, les domestiques passent plus de
temps à cancaner qu’à travailler. Et la reine n’est pas dans de très bonnes
dispositions.
    — Pierre
qui ?
    Surprise,
Elwen leva les sourcils.
    — Franchement,
Will, je sais que tu vis dans un monastère mais ça ne te ferait pas de mal
d’être un peu plus en contact avec le monde extérieur, de temps à autre.
    Voyant
son air perplexe, elle soupira.
    — Pierre
est un troubadour. Un des plus célèbres.
    — Oh,
fit Will sans

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