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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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en Terre sainte à lever l’épée contre les Sarrasins.
    Et
tout en disant cela, Simon regarda la tunique noire de Will, la même que la
sienne.
    — Quand
il est revenu de Paris l’année dernière, Brocart m’a dit que tu n’avais pas
reçu le manteau blanc. Mais il ne m’a pas dit pourquoi.
    Alors
qu’il exprimait un instant plus tôt la joie de revoir Simon, le visage de Will
reprit soudain son air contrarié habituel. C’est à dessein qu’il avait évité
Brocart lors de son passage à Paris. Us s’étaient connus en tant que sergents
au Nouveau Temple.
    — C’est
une longue histoire.
    — Tu
auras toute mon attention si tu me montres le chemin jusqu’à la commanderie.
    — J’ai
une meilleure idée, fit soudainement Will en portant la main à la bourse qui
pendait à sa ceinture, à côté du fauchon. Il en sortit les pièces qu’Everard
lui avait données pour la brouette.
    — Trouvons
une taverne.
    — Je
te suis, répondit Simon en souriant.
    Will
regarda alentour pour repérer une enseigne. Il ne lui fallut que quelques
instants pour trouver ce qu’il cherchait. Les deux jeunes gens s’engouffrèrent
dans un établissement douteux qui sentait la sueur et le mouton. Cette petite
rébellion réjouissait Will.
    Après
avoir commandé au propriétaire, un homme bourru et maussade, le pot de vin le
moins cher et deux quignons de pain, ils s’assirent sur un banc près des volets
à demi ouverts. Des mouches s’entassaient par dizaines sur la surface poisseuse
des tables autour desquelles des groupes de prêtres, serrés les uns contre les
autres, buvaient de la bière en discutant de l’envergure des ailes des anges ou
de la manière la plus correcte d’administrer l’Eucharistie. Will avait entendu
dire que certains de ces établissements servaient de façade à la débauche,
qu’on pouvait y trouver des femmes pour le prix d’une chope de bière.
    — Commençons
par toi, dit Simon en mordant avec appétit dans son morceau de pain. Qu’est-ce
qui s’est passé depuis ton arrivée à Paris ?
    — Pas
grand-chose.
    Will
but une gorgée de vin, le goût en était si détestable qu’il le fit grimacer.
    — Presque
tout ce que j’ai fait depuis six ans, c’est me servir d’une plume pour un
prêtre au caractère orageux.
    — Oui,
Brocart m’a dit que tu travaillais pour un prêtre. Je suis désolé pour Owein,
ajouta Simon avec solennité, c’était un homme bon.
    — Oui,
répondit calmement Will, il était bon.
    Avec
le temps, le sentiment de la perte s’était atténuée, même si le souvenir de son
précédent maître continuait à le hanter. D’autant plus, d’ailleurs, que celui
qui avait pris sa place s’était rendu si désagréable.
    Simon
lui tendit un bout de pain.
    — Quand
les chevaliers sont revenus à la commanderie, après avoir escorté les joyaux,
je me souviens que le roi Henri nous a rendu une visite. Il était livide. Il
est descendu de cheval et s’est incliné aussitôt devant maître Humbert, aussi
rouge qu’une tomate, en se plaignant que nous n’aurions de toute façon jamais
dû prendre les joyaux, que nous les avions mis en danger, et sa femme aussi.
    Simon
poussa un sifflement entre ses dents.
    — Nous,
on prenait les paris pour savoir qui allait frapper l’autre en premier, de
maître Humbert ou du roi. Tu sais qu’ils ont fait une enquête sur lui, non ?
    Will
acquiesça.
    — Oui,
mais personne n’a jamais pu prouver que Henri était impliqué d’une quelconque
manière.
    — Ils
n’en ont pas vraiment eu l’occasion. Quand la guerre civile a commencé, tout a
été interrompu, dit Simon en secouant la tête. Les années suivantes ont été
assez étranges. On était en sécurité dans la commanderie, personne n’aurait osé
nous causer d’ennuis, mais c’était un beau désordre à Londres et dans tout le
pays. La plupart du temps, on ne savait même plus qui était aux commandes. Un
jour, c’était Henri ; le lendemain, Simon de Montfort et les barons. Il n’a pas
fallu longtemps pour que les barons se rebellent. Ils disaient qu’ils voulaient
donner plus de pouvoir au peuple. Ils se sont emparés de Gloucester, des
Cinq-Ports et d’une partie du Kent, puis ils ont affronté le roi et son armée à
Lewes.
    — On
a entendu parler de cette bataille.
    — Rien
d’étonnant. Les gens en ont parlé pendant des mois en Angleterre. Ils disaient
que le prince Édouard s’était battu comme dans les légendes, qu’il avait

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