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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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mort ? marmotta-t-il.
    — Non, une ancienne, répondit Corbett en souriant. Destaples, le Français.
    — Et alors ?
    — Il avait le coeur faible.
    — C’est vrai. Rien d’étonnant à ce qu’il ait eu une attaque.
    — Est-il possible, interrogea le magistrat, d’administrer à un homme dans cet état une potion, une erbolée, disons à la neuvième heure, dont l’effet ne se ferait sentir qu’à la onzième heure ?
    L’apothicaire fit la moue.
    — Bien sûr. Je ne peux vous expliquer comment, mais si on la mélange à du vin, qui, déjà, excite le sang et réveille les humeurs, on peut aboutir à ce résultat.
    — Merci, et prenez garde à ce que vous buvez ! conseilla Corbett en donnant une petit tape sur la chope de son interlocuteur.
    Il se rendit alors aux cuisines et demanda aux cuisiniers un bol de bouillon chaud, un peu de pain frais et un gobelet de bière. Il entendait rire et bavarder dans la grand-salle, plus loin, mais décida de ne pas y aller. Idées et images se bousculaient dans sa tête. C’était comme feuilleter un psautier : de petites enluminures arrêtaient alors votre regard. Il pensa à Louis jetant sa chape sur ses épaules, au mépris des érudits français pour Craon, à Destaples choisissant si soigneusement ses mets au banquet, à Vervins tombant comme un oiseau blessé des remparts élevés du château.
    Corbett regagna sa chambre, se déshabilla, enfila sa chemise de nuit et s’agenouilla quelques minutes près de son lit en essayant de mettre de l’ordre dans ses pensées. Chanson arriva d’une démarche pesante et trébucha sur le seuil.
    — J’ai beaucoup trop bu, avoua-t-il.
    Corbett ne broncha pas.
    — Veux-tu prier avec moi, Chanson ?
    — Non, non, Ranulf est en train de montrer à tout le monde comment tricher. Je vous apporte des messages du Français. Il constate que le temps passe et que demain ils veulent partir tôt. Et aussi qu’il est prêt à s’en aller.
    — Oh, ça, j’en suis sûr ! déclara Corbett en se signant. Dis à Monsieur de Craon que je le retrouverai au solar peu après l’aube. Oh, et à Ranulf et William que je veux qu’ils gardent les idées claires.
    Le palefrenier partit et Corbett monta dans son lit. Il resta étendu dans le noir en fredonnant «  Mache, bene, venies  », l’air d’un chant d’étudiant. Il essaya de s’en rappeler tous les mots pour se calmer l’esprit et finit par sombrer dans le sommeil.
    Quand il se réveilla, le feu était éteint et la chandelle morte. Bien qu’il n’eût pas envie de renoncer à la chaleur de son lit, il finit pourtant par braver le froid glacial. Il se drapa dans une chape et descendit dans la cour pour demander de l’eau chaude afin de pouvoir se raser et faire ses ablutions. Un serviteur vint dresser le feu et allumer le brasero. Corbett enfila des habits aux couleurs royales – bleu, rouge et or – et n’oublia pas de passer à son doigt les anneaux de la chancellerie. Il se demandait ce que la journée apporterait. Il ne fut pas étonné de trouver Craon et Sanson, frais et dispos, qui l’attendaient dans le solar alors que Ranulf et Bolingbroke, qui les rejoignirent un peu plus tard, semblaient plutôt défaits, les yeux lourds de sommeil. Ils s’installèrent autour d’une petite table et déjeunèrent de bols de fromentée chaude parfumée au miel et à la muscade.
    Craon fut poli, mais distant. Il se retournait de temps à autre pour chuchoter quelques mots à son morne écuyer. Le magistrat surveillait Sanson. L’érudit français semblait plus détendu, peu troublé par la mort de ses camarades et, bien qu’ils le dissimulent avec soin, Corbett se rendit compte que Sanson appartenait à Craon, corps et âme. « Je me demande, pensa-t-il en adressant un sourire à Sanson, si c’est vous l’espion qui aviez renseigné Ufford puis l’aviez attiré dans un piège mortel. Bon, nous verrons, nous verrons. »
    Ils se rassemblèrent autour de la grande table de noyer cirée. Corbett ordonna à Ranulf d’aller quérir certains manuscrits pendant que Bolingbroke disposait de quoi écrire, des cornes à encre, des plumes, des pierres ponces et de petits rouleaux de vélin.
    — J’ai peut-être une solution, déclara le magistrat.
    De l’autre côté de la table, Craon, surpris, sourcilla puis se tourna vers le gouverneur et demanda si, afin d’y voir plus clair, on pouvait abaisser la couronne de chandelles pendue au plafond. Corbett

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