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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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veillé, mais les biens personnels de son ami étaient empilés avec soin sur le lit. Corbett fouilla, prit la botte du défunt et passa la main à l’intérieur. Il sourit en agrippant le talon branlant et l’arracha. Il se rendit à l’autre bout de la chambre, là où il avait déposé la torche sur un support, et examina en détails le talon et la botte. Puis il les dissimula sous sa chape, revint dans la cour et arrêta un valet.
    — Y a-t-il un cordonnier ici, un savetier ?
    — Oh, oui, Messire, Maître Luke, et il est fort adroit ! lui répondit l’homme avec volubilité. Sir Edmund a réussi à le faire venir de Douvres...
    — C’est bien, l’interrompit le magistrat. Allez le chercher et dites-lui de venir dans ma chambre à la tour de la Lanterne ; son talent me sera précieux, ajouta-t-il en fourrant une pièce dans la main du serviteur.
    Quelques instants plus tard, alors qu’il posait une bûche sur le feu, on frappa à la porte. Un homme mince et nerveux, presque caché derrière son tablier de cuir, rasé de près et chauve comme un oeuf, entra.
    — Ah, Maître Luke ! Je voudrais que vous regardiez ceci, pria Corbett en s’essuyant les mains sur son justaucorps et en faisant asseoir son visiteur sur une sellette.
    Il lui tendit la botte et le talon détaché. Le cordonnier demanda qu’on apporte une chandelle pour pouvoir les examiner. Marmonnant, il suivit du doigt le bord du talon.
    — Quelque chose de bizarre, Maître Luke ?
    — En effet, en effet.
    L’homme cilla, le froid lui mettant les larmes aux yeux.
    — Oh, mon Dieu, oui ! Vous comprenez, Messire, c’est une bonne botte espagnole de Cordoue, du vrai cuir rouge, doublé de fourrure. C’est l’oeuvre d’un artisan, mais pas d’un artisan anglais.
    — Qu’est-ce qui est anormal ? s’enquit le magistrat, en exhibant une pièce d’argent entre ses doigts.
    — Qu’est-ce qui est anormal ? Eh bien, Messire, ce talon est fixé à la chaussure par une glu très forte, aussi solide que n’importe quelle couture, expliqua le savetier avec un petit rire nerveux.
    — Donc il n’aurait pas dû se détacher facilement ?
    — Oh, non, Messire. C’est pour ça que j’examinais le bord. Vous voyez ?
    Le savetier leva le talon et en montra le pourtour. Corbett le regarda avec perplexité. Maître Luke prit la botte, remit le talon à sa place et fourra le tout sous les yeux du clerc.
    — Vous voyez à présent ?
    Corbett, tenant le talon en place d’une main ferme, constatait maintenant qu’il y avait une petite entaille entre lui et la chaussure.
    — Il ne s’est pas cassé, on l’a détaché, n’est-ce pas ? Quelqu’un a enfoncé une dague entre la botte et le talon pour qu’il ait du jeu.
    — Bien observé, Messire. Une attrape déloyale. Et il y a d’autres signes. On voit l’endroit où la lame a entamé la glu et le bord extérieur du talon est un peu entaillé.
    Après examen, le magistrat ne put qu’en tomber d’accord. Il donna la pièce à Maître Luke et le remercia. Une fois le cordonnier parti, il s’assit et contempla la botte.
    — Qu’avons-nous donc ici, hein, mon vieil ami ? dit le clerc comme si Crotoy était installé sur le tabouret en face de lui. Vous n’avez point quitté votre chambre et perdu l’équilibre. Quelqu’un vous a rompu le col, a jeté votre corps en bas des marches abruptes, roulant la chape autour de votre bras pour faire croire que vous étiez tombé, puis a décollé le talon de votre botte. Mais comment ?
    Il ferma les yeux et se mit à se balancer. Louis n’avait peut-être pas été seul dans sa chambre, mais Corbett était certain que, quand on avait découvert le cadavre, la clef de la porte extérieure se trouvait encore dans l’escarcelle du défunt. Comment était-ce possible ?
    Corbett se leva, couvrit les chandelles de leurs éteignoirs, plaça le garde-feu métallique devant l’âtre, ferma la pièce à clef et se rendit dans la cour. Il rapporta les bottes de Crotoy dans la chambre de la tour et se dirigea vers le quartier des serviteurs où il demanda à voir Maître Simon, l’apothicaire. Il le trouva dans l’une des écuries, assis sur une sellette, serrant sur son coeur une chope de bière et lancé dans un ardent débat avec l’un des palefreniers au sujet d’un cheval malade. Le magistrat s’installa près d’eux. Simon semblait fort ivre. Il fixa le garde du Sceau privé de ses yeux larmoyants.
    — Une nouvelle

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