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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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remontant sa chape sur ses épaules. Quant au reste, allons manger, boire, dormir et regardons comment notre vipère se love.
    Ils revinrent dans la grand-salle où Corbett, l’air impassible, bavarda avec Craon et se lança avec Sanson dans un débat sur les oeuvres de frère Roger. À présent convaincu que l’érudit français était bien l’homme qui avait conduit Ufford à la mort, il lui était difficile de parler, sourire et se montrer courtois. Il fut donc fort soulagé, quand ils se retrouvèrent dans le solar, d’entendre Craon annoncer qu’il ne souhaitait pas prolonger les discussions plus avant.
    — Sir Edmund, déclara Craon en se levant avec peine, nous avons assez abusé de votre hospitalité. Nous sommes maintenant parvenus à certaines conclusions en ce qui concerne les écrits de frère Roger. Je suis d’accord avec Sir Hugh...
    Il eut un sourire doucereux.
    — ... pour penser que notre franciscain a inventé une nouvelle langue, et Dieu seul sait comment on peut la traduire. Quoi qu’il en soit cette réunion à Corfe, malgré les malheureux trépas qui ont eu lieu, marque une nouvelle étape dans les liens qui unissent nos deux royaumes. Les érudits de France et d’Angleterre se sont rencontrés et ont échangé leurs connaissances – ce qui est des plus satisfaisants pour notre Saint-Père le pape. Ces réunions pourraient, peut-être, se faire plus fréquentes et aborder des sujets plus nombreux dans les années à venir...
    Craon sourit alors d’une oreille à l’autre, comme s’il annonçait la plus merveilleuse des nouvelles.
    — ... quand le fils de notre souverain s’assiéra sur le trône de Westminster et ceindra la couronne du Confesseur. J’ai, pourtant, un aveu à faire. On a trouvé un document sur la personne de cette malheureuse femme qui, si j’ai bien compris, tuait les jouvencelles de ce château. Je vous déclare que c’est moi qui l’ai rédigé.
    Il leva la main pour obtenir le silence.
    — Je lui avais demandé d’acheter des vivres à la taverne et l’avais bien payée pour ce faire.
    — Pourquoi ? intervint le gouverneur avec brusquerie. Notre demeure est tout approvisionnée.
    — Non, non, Sir Edmund, vous m’avez mal compris. Notre séjour touche à sa fin et, bien que nous soyons chez vous, j’insiste pour être votre hôte demain soir. Ce sera moi qui pourvoirai au banquet, en guise de petit dédommagement pour votre amabilité et votre hospitalité. Mais, ajouta Craon en soupirant, les projets humains les mieux organisés peuvent toujours aller à vau-l’eau. Sir Edmund, je tiens fort à vous offrir cette fête, à payer cuisiniers et valets ainsi que chaque mets de choix qui sera servi. Vous ne pouvez, précisa-t-il d’un ton mielleux, refuser la munificence de mon maître.
    Le gouverneur était tenu d’accepter, mais il donna un petit coup de coude à Corbett sous la table.
    — Si Sir Hugh y souscrit, reprit Craon, pompeux comme prêtre en chaire, nous conclurons ces discussions. Je dois demain veiller à certaines affaires, au rassemblement de nos manuscrits et à l’emballage de nos biens de valeur. Il faut préparer chevaux et harnachements et, bien sûr...
    Craon prit un air faussement navré.
    — ... il y a, Sir Edmund, la triste question du convoyage des dépouilles de mes trois compagnons.
    Néanmoins, il faut nous réjouir de notre succès. Et enfin, Sir Edmund...
    Il leva le doigt.
    — ... j’ai séjourné dans votre splendide château sans en avoir une seule fois franchi les murs. J’aimerais me rendre avec une escorte convenable à cette célèbre taverne dont parlent tant de vos serviteurs. Il faut que je visite sa cave pour choisir des crus de qualité pour demain soir.
    Craon se rassit et le gouverneur se leva sur-le-champ afin de dire qu’il avait été fort honoré de recevoir cette assemblée, qu’il regrettait la mort de trois compagnons de Craon et que, bien entendu, il mettait cuisines, serviteurs, locaux et resserres à la disposition de Monsieur de Craon. Ce fut ensuite le tour de Corbett, qui, par le biais de ce que Ranulf qualifia plus tard auprès de Chanson de discours poli et gracieux, fit écho à maints sentiments de Craon. Le magistrat expliqua qu’il avait été très heureux de renouer connaissance avec un émissaire français et qu’il attendait non sans impatience, avec un plaisir encore plus grand, les réunions futures. Il fit de son mieux pour gommer toute trace de sarcasme dans

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