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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sa voix, bien que Craon ne cessât d’arborer un sourire narquois pendant sa proclamation. Il ajouta enfin que lui-même et sa suite devaient aussi sortir afin de régler certaines affaires. Sa compagnie et sa protection agréeraient-elles à Monsieur de Craon ? Le Français s’empressa d’accepter.
    Bolingbroke établit et rédigea un mémorandum dans lequel Craon, Sanson et Corbett résumaient brièvement leurs échanges et les conclusions auxquelles ils avaient abouti en ce qui concernait les ouvrages de frère Roger. Corbett et Craon signèrent le document
    — Sir Edmund faisant office de témoin  –, puis les sceaux des deux royaumes garantirent son authenticité. Après s’être salués et serré la main, après avoir échangé l’assurance d’une éternelle amitié, les envoyés français et anglais se séparèrent. Quand Craon se fut éloigné, le magistrat se laissa choir dans sa chaire et se cacha le visage dans les mains.
    — Il prépare quelque méfait, gronda le gouverneur. C’est certain.
    — Prépare ? rétorqua Bolingbroke. Je pense qu’il a atteint son but. Il a découvert ce que nous savons sur les écrits de frère Roger – la même chose que ce qu’il en sait à présent  –, et que le Secretus secretorum est rédigé dans une langue étrange, bien que Dieu seul sache s’il sera un jour traduit. Et, plus important encore, ajouta-t-il en prenant son gobelet et en en frappant la table, trois magistri de l’université de Paris ont péri de malemort. Philippe a fait taire les critiques et averti les autres.
    Bolingbroke se leva.
    — Sir Hugh, je ne suis pas certain d’avoir envie de manger ses mets ni de boire son vin.
    — Vous le ferez juste parce qu’il le faut, répondit Corbett en souriant.
    Bolingbroke esquissa un salut moqueur et sortit du solar, laissant Corbett et Ranulf en compagnie du gouverneur.
    — Le mystère du parchemin trouvé sur Maîtresse Feyner est donc levé, n’est-ce pas ? questionna Sir Edmund en claquant de la langue. Le gracieux Monsieur de Craon nous préparait simplement une surprise.
    — Je continue à penser qu’il nous en prépare une autre, énonça Corbett en se levant. J’aimerais bien savoir ce qu’il en est. Sir Edmund, nous allons faire apprêter nos montures ; nous devons profiter de la lumière du jour.
    Quelques instants plus tard, fort mal à l’aise, Corbett franchissait le pont-levis avec sa suite et celle de Craon pour rejoindre le chemin conduisant dans la forêt. Le soleil était plus chaud, le ciel d’un léger blanc-bleu et, bien que l’après-midi fût avancé, la campagne paraissait plus brillante sous son manteau de neige qui commençait à fondre et à se déchirer. Craon bavardait, expliquant qu’il avait étudié avec soin Corfe et ses environs avant de venir en Angleterre et que l’endroit lui rappelait beaucoup la Normandie ; Corbett lui prêtait une oreille distraite. Bien que le temps se fût radouci et qu’il sût que sa rencontre avec Craon touchait à sa fin, il était inquiet. La tension raidissait les muscles de son dos et de ses cuisses, comme s’il était un jouteur se préparant pour un tournoi et s’interrogeant sur le danger qu’il allait affronter. Il s’arrêta à l’orée de la forêt. L’étendue de terre brûlée, le tas de branches et de broussailles carbonisées attirèrent son regard.
    — C’est le feu des bohémiens de l’autre soir, observa l’intendant de Sir Edmund qui les accompagnait. Du haut des remparts, on en voit souvent briller.
    Quand ils pénétrèrent sous les arbres, Craon continua à jacasser, interrogeant l’intendant sur les droits de chasse et la bonne saison pour courir le cerf. Y avait-il des sangliers dans la forêt ? L’incessant bavardage du Français irritait fort le magistrat et ce dernier ne fut que trop content quand Craon, tirant sur les rênes, fit signe à son écuyer de s’approcher.
    — Passe devant, lui ordonna-t-il. Vous avez fait allusion à des hors-la-loi, Sir Hugh ?
    — Il n’y a pas de danger, le rassura Corbett.
    — Bon, bon, rétorqua Craon avec de grands gestes, mais mieux vaut prévenir que guérir. Suis le chemin, dit-il à son valet, mais arrête-toi à l’auberge.
    L’homme maugréa une réponse en français. La voix de Craon se fit coupante. Le serviteur fit pivoter son cheval, l’éperonna et disparut au petit galop sous le couvert.
    — Tant qu’il suivra le sentier, marmonna Craon, il sera en

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