Le livre du magicien
l’après-midi, le jour où il est mort, Louis a entendu frapper à la porte extérieure. Il est descendu, a ouvert le cemel et a aperçu William Bolingbroke, le loyal collègue de son ami Sir Hugh Corbett, expliqua le magistrat d’un ton uni. La suite fut si simple. Il vous a laissé entrer. Vous êtes fort, William, et Louis était plutôt frêle. Vous lui avez rompu le cou et avez jeté le corps en bas de l’escalier.
Puis vous avez en partie détaché le talon d’une bonne botte – je peux prouver qu’on l’a entaillé – et avez disposé sa chape de façon à donner l’illusion que Louis avait trébuché et était tombé. Il s’agissait de faire croire que c’était une mort accidentelle, impression renforcée quand vous avez mis les deux clefs dans son escarcelle. Vous avez fermé l’huis extérieur grâce à un outil volé au Roi des Clefs.
Corbett s’interrompit comme s’il écoutait les bruits venant du château.
— Vous avez commis maintes erreurs, William. Et, plus important, juste après le meurtre de Louis, vous avez émis l’idée qu’il n’avait pas été assassiné, en faisant remarquer que les deux clefs avaient été retrouvées dans son escarcelle.
— Quelqu’un me l’avait dit.
— Qui ? Craon ? Vous étiez absent quand on a trouvé le corps. Je n’ai fait part de cette information à âme qui vive. Puis ce fut le tour de Vervins. Qu’allez-vous dire, William ? Que vous étiez céans avec moi et Ranulf quand il est tombé et s’est tué ? Bien sûr que vous étiez là ! Mais Vervins aimait se promener sur le chemin de ronde. Il en avait pris l’habitude. Voici ce qui s’est passé : Bogo de Baiocis, l’homme de main de Craon, employant l’un des instruments du Roi des Clefs, avait toute liberté d’agir. La porte latérale de la tour est cachée à la vue de tous. Il a dû être facile pour Bogo de se glisser à l’intérieur, de monter l’escalier avec une arbalète et un carreau émoussé. Il a ouvert le petit cemel dans l’huis fermé qui mène aux remparts ; la vue, de là, était parfaite. L’arbalète était bien graissée. Il a mis le trait dans la gorge et relâché le treuil. Vervins a trébuché et s’est tué en tombant. L’assassin est redescendu sans bruit, est sorti de la tour et a refermé la porte derrière lui. Personne n’aurait idée de chercher un carreau émoussé et toute contusion sur le corps de Vervins serait attribuée à sa chute.
— Mais vous lui avez demandé de regarder s’il ne trouvait pas une flèche, objecta Ranulf.
— C’est exact. S’il l’avait trouvée, il ne me l’aurait pas remise. Vous êtes coupable de plusieurs meurtres, William. Maître Thibault et votre ami Ufford, un de mes collègues, un loyal clerc anglais. Vous avez le sang de trois Français sur les mains, en particulier celui de mon bon ami Louis Crotoy. Et enfin...
Le magistrat s’avança promptement et gifla Bolingbroke.
— ... vous avez tenté de m’abattre ! J’ai d’abord cru que c’était le tueur des jouvencelles, mais une fois que j’ai eu arrêté Maîtresse Feyner, j’ai compris que, bien qu’elle puisse lâcher un carreau d’arbalète de fort près, elle ne pouvait tirer aussi juste et aussi vite dans les ténèbres. La nuit où j’ai été attaqué, seules trois personnes savaient où je me rendais : moi, Chanson et vous.
Bolingbroke ouvrit la bouche pour protester.
— Non, ne mentez pas, William, ne dites pas que j’ai dû être suivi. Maîtresse Feyner n’aurait pas fait cela. Craon ?
Le magistrat hocha la tête.
— Ce n’est pas son style ; il n’aurait pas voulu être surpris à assaillir le clerc du roi sur le sol anglais.
— Mais pourquoi ? s’étonna Chanson, qui, derrière son maître, écoutait accuser ce clerc qu’il en était venu à apprécier et même à admirer.
— Pourquoi, Chanson ? Nous en arrivons à la vraie question. Il ne s’agissait pas des ouvrages de frère Roger, mais de quelque chose de bien plus grave. Le Secretus secretorum a été rédigé en code. Craon savait que l’appétit de notre souverain avait été aiguisé. Cette réunion a été proposée...
Corbett fit un geste.
— ... pour complaire à notre roi et les Français ont insisté pour qu’elle ait lieu dans un château de la côte sud, bien loin de toute ville ou cité. Corfe est peut-être imprenable, mais il n’existe pas de forteresse qui ne puisse être investie par ruse ou trahison. On
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