Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
taloche.
    Corbett se leva d’un bond. Il suivit Ranulf sur le palier et une rafale de vent froid le fit frissonner.
    — Ce n’est point urgent, chuchota-t-il, mais même si tu croises Lady Constance, n’oublie pas ce que je t’ai demandé.
    Ranulf eut un large sourire et, sifflotant entre ses dents, descendit sans bruit l’escalier. Le magistrat revint dans sa chambre, se lava mains et visage et parla un moment avec Bolingbroke du manuscrit secret. Un serviteur apporta du pain, du fromage et un pot de beurre un peu rance. Corbett s’enquit des dernières nouvelles du château.
    — Elles ne sont point très bonnes, répondit l’homme. On n’a pas retrouvé Alusia.
    Il se dirigea vers la porte et jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule.
    — On dirait que vous n’avez pas entendu le tohu-bohu, Messire. N’avez-vous point ouï les clameurs ?
    — Moi si, déclara Bolingbroke en ôtant les dés de la table. J’ai entendu crier en bas, mais pas sonner le tocsin.
    — Oh, ce n’était rien ! expliqua le serviteur en levant la poignée. L’un des gardes sur le mur d’enceinte a vu un feu à l’orée de la forêt.
    — Un feu ? s’étonna Corbett. Dans la neige, en plein hiver ?
    — Ça arrive parfois, répondit le valet. Il y a des hors-la-loi dans les bois, des voyageurs et des chaudronniers, des vagabonds qui ne tiennent pas à se trouver sous le regard du gouverneur. Ils ramassent des fougères sèches et allument un feu ; parfois ils n’en sont plus maîtres. Deux hivers plus tôt, ils ont failli brûler le dépositoire de St Pierre et maintenant le père Matthew leur interdit l’accès au cimetière la nuit. Il est très strict là-dessus. Quoi qu’il en soit, ajouta-t-il en ouvrant la porte, Sir Edmund a dépêché un cavalier : ce n’était qu’un petit feu.
    Quand il fut sorti, Corbett distribua nourriture et boisson.
    — Si Alusia est toujours absente, remarqua Bolingbroke, ce doit être grave. Aucune jouvencelle n’irait errer dans les ténèbres par une glaciale nuit d’hiver. Il faudra que le gouverneur attende le matin avant de pouvoir organiser des recherches.
    Corbett regarda le long visage plutôt lugubre de Bolingbroke et sa tignasse de cheveux blond-roux. Les cernes sous ses yeux lui donnaient un air endormi démenti par sa bouche souriante. C’était une fine lame, pensa le magistrat, qui avait été le fidèle compagnon d’Ufford aux collèges d’Oxford et était entré comme clerc à la chancellerie secrète.
    — Je suis navré, avoua Corbett. Je suis vraiment navré, William.
    — À quel sujet ?
    — Ufford. Vous le pleurez sans doute.
    — J’ai fait chanter des messes en sa mémoire dans les chapelles royales de Westminster et de Windsor.
    Bolingbroke détourna les yeux et, une main appuyée sur le manteau de la cheminée, fixa le sol.
    — Dix ans, dit-il d’une voix étouffée. J’ai rencontré Walter dans une auberge près de Carfax. Comme Ranulf, il trichait aux dés. J’ai dû lui porter secours.
    Chanson, qui réparait le cuir sur le parquet, s’arrêta. Il aimait par-dessus tout écouter les histoires des clercs. Il espérait toujours que Sir Hugh l’enverrait à l’école dans le transept de l’église du manoir de Leighton.
    — Laisse-t-il de la famille ? demanda Corbett.
    — Une jeune femme, à Londres. Je lui ai moi-même annoncé que Walter ne rentrerait pas.
    Corbett but une gorgée. Il lui arrivait de regretter sincèrement ce qu’il faisait. Ufford et Bolingbroke avaient attiré son attention grâce à leur talent et à leur connaissance des langues, en particulier l’anglo-normand et le patois de la campagne. Ils avaient tous deux participé aux guerres du roi en Écosse et une telle expérience faisait de parfaits étudiants pour la Sorbonne.
    — Cela vous gêne-t-il que Craon soit tout près ?
    Bolingbroke poussa un soupir.
    — Non. Il y a, à la chancellerie, des clercs dont les pères ont combattu le mien au pays de Galles. C’est comme un jeu de hasard, Sir Hugh : si vous perdez, à quoi bon injurier le vainqueur ? Un jour...
    Il leva sa chope comme pour prêter serment.
    — ... je retournerai à la table pour rendre la monnaie de sa pièce à Monsieur de Craon.
    — Redites-moi, demanda le magistrat en s’asseyant sur le grand coffre au pied du lit, comment ce professeur de la Sorbonne vous a fourni l’information.
    — Je vous l’ai déjà expliqué : il laissait des messages à notre

Weitere Kostenlose Bücher