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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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une honte.
    — Et Alusia ? demanda le magistrat en regardant l’autre cadavre et le carreau sanglant gisant sous le traîneau de l’autre côté de l’apothicaire.
    — La même chose que les autres, mais son assassin a dû être fort près ; c’est merveille que le trait ne lui ait pas transpercé le corps. Que faisait-elle dans la forêt, Sir Hugh ? J’ai ouï les rumeurs ; Alusia était terrifiée à l’idée de s’y rendre. Pourquoi une jeune femme qui est au fait de ces morts, qui a découvert une victime sur un sentier dans les bois, aurait-elle renoncé à la sécurité de notre forteresse ?
    — Et si elle avait été tuée ailleurs ? observa le magistrat. On dit que le marécage se trouve près de La Taverne de la Forêt.
    Ranulf alla s’appuyer au chambranle de la porte et respira l’air glacé.
    — Comment expliquer qu’une fille se suicide, interrogea-t-il sans se retourner, parce qu’elle attend un enfant ? La mère de Phillipa adorait sa fille.
    Il se mordilla les phalanges. Son trajet en forêt ne l’avait pas effrayé, mais il avait été fort mal à l’aise en ramenant les corps comme si les âmes des deux bachelettes avaient été retenues à la terre et se pressaient autour de lui, spectrales, en réclamant justice. Ce qu’il avait vu l’avait dégoûté. C’étaient ses semblables. Il avait grandi dans les ruelles fétides de Londres parmi des jouvencelles comme celles-ci. Elles étaient pleines de vie, avides d’amour, capables de tout pour faire leur chemin, réussir un bon mariage et s’installer. Pourquoi ce genre de fille se serait-elle pendue ? Concevoir un enfant était chose naturelle et, quoi qu’en dise l’Église, bénie par Dieu. Il se rappela ce que Chanson lui avait raconté sur la discussion entre son maître, le soldat et la rousse Marissa. Il imagina Phillipa, en ce dimanche matin d’automne, traversant la forêt pour retrouver son Goliard.
    — Sir Hugh, voulez-vous m’excuser ?
    Avant que le magistrat ait pu répondre, Ranulf traversait à grands pas le baile. Il avait décroché son baudrier de la patère à l’entrée de la pièce et s’en était ceint. Il s’approcha du puits où les serviteurs remplissaient leurs seaux. Le gamin de la taverne, accroupi devant un feu, rongeait avec gourmandise un morceau de viande et leva la main quand Ranulf l’aperçut. Ce dernier lui répondit en ignorant les regards furieux des domestiques.
    — Marissa ! cria-t-il. Marissa, l’émissaire du roi voudrait encore te parler !
    La servante rousse sortit du groupe, effarouchée par ce clerc au baudrier serré sur son justaucorps de cuir noir qui la fixait avec intensité de ses yeux de chat.
    — Approche, ma fille, dit l’écuyer en la prenant par l’épaule. Je veux te voir, ainsi que le garde nommé Martin, dans la salle du conseil au rez-de-chaussée du donjon. Tu sais où elle se trouve.
    Il sortit son chapelet de son escarcelle.
    — Je vais le réciter cinq fois. Trouve-toi là-bas avant que j’aie terminé.
    En fait, Ranulf n’avait dit que quatre rosaires quand Marissa et Martin, hors d’haleine, apparurent sur le seuil de la froide pièce sombre éclairée seulement par un épais lumignon placé au centre de la table.
    — Parfait, parfait, approuva-t-il en les faisant entrer.
    Il ferma l’huis d’un coup de pied et poussa les verrous. Comme il tirait son épée et son poignard, la main du soldat effleura la dague pendue à sa ceinture.
    — De grâce, ne fais pas ça, conseilla le clerc. Tu n’as rien à craindre si tu parles franchement. Je veux la vérité.
    — À quel sujet ? bégaya Marissa qui chercha protection en se glissant derrière le garde.
    Ranulf fit signe à Martin.
    — Viens ici.
    Ce dernier fit un pas en avant et Ranulf, l’attrapant par le bras, le poussa à l’autre bout de la pièce, puis posa sur son épaule le plat de son épée.
    — Je n’ai fait aucun mal ! se justifia Martin.
    — Si, à Phillipa, rétorqua Ranulf. En justaucorps de cuir et belles bottes, tu coquètes avec les dames, n’est-ce pas ? Tu portes un ceinturon et tu parades comme nous. Phillipa vivait dans ses rêves. Toi et elle vous rencontriez. Savais-tu qu’elle était grosse ? Je te le dis à voix basse afin que cela reste entre nous. Mais, selon ma propre loi, l’alternative est la suivante : coupable ou très coupable. Coupable : toi et Phillipa aviez des rapports amoureux et elle est tombée enceinte. Très

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