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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Un homme ne pourra jamais comprendre ce qu’est l’amour maternel. Vous saviez ce qui se passait, n’est-ce pas ? Votre fille se montrait intelligente à l’école ecclésiale, elle comptait bien et savait lire, mais les autres jouvencelles ne l’aimaient pas. Les choses ne firent qu’empirer, surtout quand Phillipa se mit à évoquer un mystérieux Goliard, un chevalier sans terre qui vivait dans la forêt. En réalité, ce Goliard n’existait pas. Phillipa était une rêveuse, très éprise de Martin, le soldat. Saviez-vous...
    Il s’interrompit, se demandant comment apprendre à cette mère ce que Ranulf lui avait glissé en hâte pendant qu’elle attendait dehors.
    — Quoi donc ? s’enquit-elle en tendant la main vers le feu sans quitter le clerc des yeux. Qu’allez-vous dire, Messire l’envoyé du roi ? Qu’elle fleuretait avec Martin, ce qui rendait les autres plus jalouses encore ? Et alors ?
    — Vous n’ignorez point ce que je vais dire, répondit Corbett. Ces bachelettes, par leurs constantes persécutions, leurs cruelles railleries, ont poussé Phillipa à se rendre dans la forêt. Elles l’ont rendue folle. Dieu seul sait en vérité ce qui s’est passé dans les vertes ténèbres. Phillipa s’est suicidée. Vous l’avez deviné, n’est-ce pas ? Vous, la mère aimante, vous avez compris qu’elle ne reviendrait jamais plus.
    Maîtresse Feyner tenta de répondre, mais ne parvint pas à maîtriser le tremblement de sa lèvre. Sous le masque rude, elle avait blêmi.
    — Même après sa disparition, reprit Corbett d’un ton uni, ragots et moqueries ne cessèrent pas. Avez-vous ouï murmurer « Bon débarras » ? Vous étiez éperdue, accablée de désespoir. Et quand votre peine s’est transformée en ire, vous l’avez bien caché. Vous faites partie des serviteurs du château, et je pense qu’il en a été ainsi toute votre vie. Il arrive, quand les armées sont en campagne, que les femmes les suivent. Votre mari a dû vous apprendre à vous servir d’une arbalète, à placer le carreau dans l’encoche, à tirer le treuil, à bien ajuster pour être prête. Il existe des arbalètes de toutes tailles. J’en ai vu une que l’on peut tenir dans une seule main ; mais les traits sont toujours mortels. Les années que vous avez passées courbée au-dessus des cuveaux pour frotter le linge vous ont rendue forte. Vos bras et vos poignets sont solides et musclés. Il vous serait facile d’utiliser ce type d’arme, surtout de si près.
    La femme leva la main, mais le clerc continua :
    — Vous saviez que votre fille était morte, chassée par les autres jouvencelles, traitée avec cruauté, injuriée. Alors vous leur avez déclaré la guerre. Vous vous êtes dit...
    Il changea de position dans sa chaire.
    — ... qu’il avait dû arriver quelque chose à Phillipa. Vous auriez aimé que l’on retrouve son corps, mais vous n’aviez plus aucun doute sur son destin et avez décidé que les coupables devaient être punies.
    — En êtes-vous certain, Messire l’émissaire du roi ?
    — Oh, j’en suis sûr ! Vous en aviez les motifs et les moyens : l’arbalète de votre époux.
    — Je suis Maîtresse Feyner et non un soldat.
    — C’est vrai, acquiesça Corbett, vous êtes Maîtresse Feyner, la lavandière. Qui vous aurait soupçonnée ? Vous évoluiez parmi ces jouvencelles comme un brochet parmi les carpes et choisissiez votre victime. Vous entendiez les bavardages : qui allait où, ce qu’elles avaient organisé, l’endroit où elles se retrouvaient. Vous bénéficiez aussi d’un certain statut au château. Vous pouviez attirer une bachelette ici ou là, dans un coin désert, comme les tas d’ordures ou les bâtiments extérieurs.
    Maîtresse Feyner, tête basse, mains croisées sur les genoux, semblait tombée en pâmoison.
    — Au château, vous disposez d’une charrette bâchée pleine de linge sale ou de panières de vêtements propres pour Maître Reginald. Vous pouvez la faire circuler alentour sous n’importe quel prétexte. Par exemple, collecter le linge ou exercer les chevaux. Qui fait attention à vous ? Qui a détecté la rage meurtrière qui bouillonne en vous ? N’est-ce pas, Maîtresse ?
    Elle ne leva pas les yeux.
    — J’ignore comment vous avez dupé les autres victimes, mais vous avez entendu Rebecca annoncer qu’elle se rendrait sur la tombe de son amie au cimetière de St Pierre-des-Bois. Vous avez proposé à Rebecca et à

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