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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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coupable : toi et elle aviez des rapports amoureux, elle était grosse et maintenant tu vas me mentir.
    Martin, l’air contrit, lui rendit son regard.
    — Ce n’est point un crime, reprit Ranulf. Je ne prétends pas qu’elle s’est tuée à cause de ça. Je crois d’ailleurs connaître les raisons de son suicide. Mais es-tu le père de son enfant ?
    L’homme se mit à trembler et le clerc abattit à grand bruit et avec dextérité son épée sur l’autre épaule de son interlocuteur.
    — Que Dieu me protège, avoua le garde, mais il était sans doute de moi. Elle était vierge quand je l’ai rencontrée. Elle avait la cervelle farcie de rêveries et de sornettes. C’était après la Saint-Jean. Je l’ai suivie en forêt. J’avais emporté du vin et du pain, mais ensuite...
    — T’es-tu vanté de ta conquête ?
    — Je n’ai point osé, confia Martin en lançant un coup d’oeil vers Marissa assise au bord d’un banc.
    Le clerc suivit son regard.
    — J’avais peur, expliqua le garde. Maîtresse Feyner n’est pas accommodante. J’ai joué le rôle de son Goliard. Je ne savais que faire et puis Phillipa a disparu.
    — Les autres jouvencelles ne l’aimaient guère, n’est-ce pas ?
    Martin hocha la tête.
    — Phillipa était une rêveuse, répondit-il d’une voix rauque. Elle avait prêté l’oreille aux contes sur les chevaliers et les seigneurs. Elle connaissait même la légende d’Arthur. Elle savait déchiffrer le livre de corne {17} , compter jusqu’à cent et lire le missel. Elle apprenait même un peu de latin et de français.
    — Et les autres jouvencelles se gaussaient d’elle ?
    — Elles la raillaient, c’est vrai. Elles la tourmentaient comme des moineaux harcelant une chouette surprise en plein jour.
    Ranulf rengaina son épée.
    — Et, bien entendu, dit-il avec un sourire amer, une fois qu’elle se fut enfuie, elles ont mis ça sur le compte de ses baguenauderies.
    Le clerc prit Martin par l’épaule.
    — Dans ta misérable vie, pars un jour en pèlerinage. Rends-toi, pieds nus, jusqu’à un sanctuaire, dépense du bon argent et fais chanter une messe pour l’âme de cette femme et de son enfant, morts avant que la destinée que Dieu leur réservait ait pu s’accomplir.
    D’un geste, Ranulf renvoya Marissa et Martin et attendit qu’ils soient sortis. Il moucha la chandelle, quitta le donjon et se dirigea à grands pas vers le dépositaire. Il fut surpris de trouver devant la porte Lady Constance et sa suivante, en grande conversation avec son maître.
    — Lady Constance a tout avoué, plaisanta le magistrat. Elle reconnaît que le soir où Monsieur Crotoy a trépassé, elle t’amusait.
    — Lady Constance ne saurait onc être source d’amusement, releva Ranulf en s’inclinant, et tout est de ma faute.
    Le sourire rayonnant de la jeune femme lui fit battre le coeur plus vite.
    — Nous parlions d’un gage, je crois ? murmura-t-elle.
    Ranulf rougit.
    — Je me sentais coupable, reprit Lady Constance, puis je me suis souvenue de quelque chose. Tôt, le matin où Monsieur Crotoy est mort, ma servante et moi lui avons rendu visite. Il paraissait fort bien disposé. Je voulais l’interroger sur la mode de Paris. Nous avions ouï parler de nouveaux habits et de nouvelles coiffures. Monsieur Crotoy a été charmant et des plus serviables. Il nous a conduites dans sa chambre où nous avons partagé du vin et un plat de massepain. Quand nous sommes allées chez lui, la porte extérieure était fermée à clef.
    — Je me suis posé la question, remarqua Corbett. Comment Louis a-t-il pu entendre frapper à l’huis ?
    — Oh, c’est fort simple, Sir Hugh ! Le couloir entre les deux portes fait écho ; on entend le moindre bruit. Je le sais, car, dans mon enfance, je m’y cachais pour échapper à ma mère. Avez-vous aussi remarqué, Sir Hugh, que dans la porte extérieure il y a une étroite grille, une petite trappe ? Vous relevez le vantail et regardez à travers pour voir qui est là. Quand Monsieur Crotoy nous a reçues, je l’ai taquiné sur sa manie de clore les portes. Il m’a répondu que, s’il pouvait agir à sa guise, il aurait aussi posé des verrous sur celle de l’extérieur. Je me suis enquise de ce qu’il craignait, n’est-ce pas ? demanda-t-elle en se tournant vers sa suivante qui acquiesça. Ne faisait-il point confiance à mon père ? Pensait-il que tous les Anglais portaient une queue ? Monsieur Crotoy a fait une

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