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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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tenait à
sa gauche.
    Temüdjin jeta un coup d’œil à son frère cadet, fit signe qu’il
voulait être seul. Il n’avait pas envie de parler. Maintenant que la fièvre de
la bataille était retombée, son corps ressentait tous les coups qu’il avait
reçus. Il souhaitait uniquement se défaire de sa lourde armure et s’asseoir.
    Temüge s’approcha, palpa de ses doigts la plaque brisée et
la tige qui montait et descendait au rythme de la respiration de son frère.
    — Ça ne doit pas être profond, murmura-t-il. Si tu ne
bouges pas, je peux l’extraire.
    — Eh bien, fais-le donc, marmonna Temüdjin.
    Il serra les dents tandis que Temüge coupait la tige avec
son poignard puis glissait la main sous les plaques et le tissu. Lentement, il
ôta la cuirasse, examina la blessure. La soie ne s’était pas déchirée mais la
flèche l’avait enfoncée dans le muscle pectoral. Malgré le sang qui coulait
autour de la flèche, Temüge avait l’air satisfait.
    — Un peu plus profond et tu étais mort. Je peux l’enlever,
je crois.
    — Tu l’as vu faire ? Il faut tourner en tirant, dit
Temüdjin.
    À sa surprise, Temüge sourit.
    — Je sais. La soie est prise dedans. Ne bouge pas.
    Après une longue inspiration, il saisit la tige glissante, enfonça
ses ongles dans le bois pour avoir une meilleure prise. Temüdjin grogna de
douleur quand la pointe remua en lui. Sa poitrine frissonna, comme les muscles
d’un cheval harcelé par les mouches.
    — Dans l’autre sens, dit-il.
    — Je l’ai, répondit Temüge, écarlate.
    La flèche tournoyait quand elle l’avait atteint. Lorsque les
doigts agiles de Temüge la firent tourner dans l’autre sens, elle sortit
facilement, un filet de sang à demi coagulé suspendu à sa pointe.
    — Presse quelque chose sur la plaie pendant un moment, recommanda
Temüge, avec dans la voix un accent de triomphe tranquille.
    Temüdjin lui tapota l’épaule et le complimenta :
    — Tu as la main ferme.
    — Parce que je n’étais pas à ta place. Moi, j’aurais
pleuré comme un enfant.
    — Non, sûrement pas, assura le jeune khan en serrant
doucement la nuque de son frère.
    Les traits de Temüdjin se crispèrent si soudainement que Temüge
se retourna pour connaître la cause de ce changement.
    Eeluk se tenait sur un des chariots tatars, une outre dans
une main, un sabre ensanglanté dans l’autre. Même de loin, il semblait
débordant d’énergie et dangereux. Le voir redonna vie aux membres de Temüdjin, effaçant
sa fatigue. Eeluk cria quelque chose à ses Loups.
    — Je ne me souviens pas de lui, dit Temüge. C’était il
y a si longtemps.
    — Pas pour moi, répondit Temüdjin d’un ton sec. Je vois
son visage chaque nuit dans mon sommeil.
    Il dégaina son sabre d’un geste lent et Temüge fut effrayé
par l’expression de son frère. On entendait les hommes rire autour des chariots
et quelques-uns applaudirent même à ce qu’Eeluk leur beuglait.
    — Tu devrais attendre de t’être reposé, plaida Temüge. Même
si elle n’est pas très profonde, la blessure t’a sans doute affaibli…
    — Non. Le moment est venu, répondit Temüdjin en se
dirigeant vers les chariots.
    Temüge allait le suivre quand il vit Khasar et Kachium
emboîter le pas de leur frère. Il n’avait pas envie de voir une mort de plus. Il
ne supportait pas l’idée que Temüdjin puisse être tué. La peur lui soulevait l’estomac
et lui faisait tourner la tête. Si Eeluk gagnait, tout ce qu’ils avaient
accompli serait perdu. En voyant Temüdjin s’éloigner d’un pas ferme, il sut
soudain qu’il devait être à ses côtés. Ils étaient les fils de Yesugei et le
moment était venu. Temüge fit un premier pas hésitant puis se précipita
derrière son frère.
     
     
    Eeluk rugissait de rire à ce qu’un de ses guerriers venait
de lui dire. Ils avaient remporté une glorieuse victoire sur l’envahisseur
tatar. Il s’était battu avec courage, ses hommes l’avaient suivi jusqu’au cœur
de la bataille. Il ne se flattait pas en acceptant leurs acclamations. Il avait
rempli plus que sa part ; à présent, les richesses des Tatars les
attendaient. Les femmes réfugiées sous les chariots feraient partie de la fête
et il ramènerait au camp des Loups de nombreuses jeunes filles qui porteraient
les fils de ses féaux. La tribu croîtrait, le bruit se répandrait que les Loups
avaient joué un rôle dans la victoire. Enivré par les plaisirs de la vie, il se
tenait

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