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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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pour déconcerter Koke.
    Cela ne marcha pas. Koke était suivi d’autres garçons du
même âge dont les yeux brillaient d’une lueur menaçante. Du coin de l’œil, Temüdjin
vit les adultes se pousser du coude et s’esclaffer. Il aurait voulu avoir un
couteau pour effacer de leurs visages leur expression arrogante. Bekter
avait-il souffert autant ? Il n’en avait jamais parlé.
    — Va porter ton ballot, dit Koke en souriant.
    Au moment où Temüdjin ouvrait la bouche pour répondre, il
sentit une pression qui déséquilibra le ballot et il faillit être entraîné par
son poids. Il chancela, bascula vers Koke, qui le repoussa brutalement. Il s’était
trop souvent battu avec ses frères pour ne pas réagir et, lâchant son fardeau, il
expédia un coup de poing qui projeta en arrière la tête de son cousin.
    L’instant d’après, ils roulaient tous les deux sur le sol. Les
autres garçons ne se contentaient pas de les encourager de leurs cris et l’un d’eux
s’avança et frappa Temüdjin au ventre d’un coup de pied qui lui coupa la
respiration. Au moment où le jeune Loup s’écartait de Koke et tentait de se
relever, un autre lui décocha un coup de pied dans le dos. Koke saignait du nez,
rien qu’un filet qui se coagulait déjà dans la poussière. Avant que Temüdjin
ait pu se remettre debout, il l’empoigna de nouveau et lui pressa la tête
contre le sol tandis que deux autres garçons s’asseyaient sur sa poitrine et
ses jambes. Porter les ballots l’avait trop épuisé pour qu’il parvienne à se
libérer. Il se débattit violemment mais il avalait de la poussière à chaque
inspiration et il suffoqua bientôt. Il saisit un de ses agresseurs à la gorge
et Koke lui cogna le crâne contre le sol pour lui faire lâcher prise. Puis Temüdjin
perdit plus ou moins conscience.
    Il ne reprit pas exactement connaissance, ce fut plutôt
comme s’il émergeait d’un rêve quand on lui vida un seau sur la figure. Temüdjin
hoqueta tandis qu’une eau froide chargée de sang et de saletés ruisselait sur
lui. Quand Sholoi le releva, il s’aperçut que le vieil homme avait fait
déguerpir les garçons, qui lançaient encore de loin des railleries à leur
victime. Il croisa le regard du père de Börte, n’y vit que de l’irritation
lorsque le vieil homme claqua des doigts devant son visage pour attirer son
attention.
    — Tu retourneras chercher de l’eau, maintenant que j’ai
dû vider un seau sur toi, grommela Sholoi d’une voix qui lui parut lointaine. Ensuite,
tu battras la laine avec les autres jusqu’à l’heure du repas. Si tu travailles
dur, tu auras de la viande et du pain chaud pour te donner des forces.
    Au bout d’un moment, le vieil homme ajouta, avec une mimique
dégoûtée :
    — Je crois qu’il est encore étourdi. Il lui faudrait un
crâne plus épais, comme son frère. Il avait une tête de yack, celui-là.
    — Je t’entends, dit Temüdjin, reprenant tout à fait ses
esprits.
    Il ramassa le seau sans chercher à cacher sa colère. Il ne
voyait plus ni Koke ni les autres et il se jura de finir la bagarre qu’ils
avaient commencée. Il avait supporté la dureté du travail et le mépris des
Olkhunuts mais se faire rosser en public, c’en était trop. Il savait qu’il ne
devait pas se jeter inconsidérément sur son cousin. Temüdjin restait assez
enfant pour en avoir envie mais il était déjà assez guerrier pour attendre le
moment opportun. Ce moment viendrait.
     
     
    Chevauchant entre les collines dans une large vallée verte, Yesugei
avisa au loin les points mouvants de plusieurs cavaliers. À cette distance, impossible
de savoir si les Olkhunuts avaient chargé des guerriers de le suivre pendant
son voyage de retour ou s’il s’agissait d’un groupe de pillards d’une tribu
nouvelle venue dans la région. Son espoir que ce soit simplement des gardiens
de troupeau fut anéanti quand il parcourut du regard les flancs nus des
collines. Il n’y avait là-haut aucun mouton égaré et le khan sut qu’il serait
vulnérable si le groupe se jetait à ses trousses.
    Il observa leur progression du coin de l’œil, attentif à ne
pas leur montrer la minuscule tache blanche d’un visage tourné vers eux. Il les
vit changer de direction, un nuage de poussière signalant qu’ils avaient mis
leurs montures au galop. Les plus proches éclaireurs des Loups se trouvaient
encore à deux jours de cheval et il aurait du mal à semer les pillards sur un
terrain aussi

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