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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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courait derrière elle en exigeant qu’elle le
lui rende. Elle trouva la scène amusante et eut un petit rire quand elle eut
enfin recouvré son souffle.
    La tribu s’éveillait. Il y avait du travail à accomplir
autour des tentes et avec les troupeaux. Son père serait occupé par le fils du
khan, mais elle resterait à proximité au cas où il voudrait qu’elle finisse de
tanner les peaux ou qu’elle étende la laine pour préparer le feutre. Tout le
monde serait à l’ouvrage jusqu’à ce que le dernier mouton soit tondu et Börte
risquait de recevoir d’autres coups de baguette si elle n’en prenait pas sa
part avant la fin du jour.
    Elle s’assit dans l’herbe, en arracha un brin et le mâchonna.
    —  Temüdjin , prononça-t-elle, attentive aux
mouvements de ses lèvres.
    Cela signifiait « homme de fer », un beau nom mais
peu mérité puisqu’elle l’avait vu flancher sous les coups de son père. Il était
plus jeune qu’elle, un peu lâche, et c’était lui qu’on voulait qu’elle épouse !
C’était ce garçon qui lui donnerait des filles et des fils capables de courir
comme elle !
    — Jamais, dit-elle en regardant couler l’eau.
    Sur une impulsion, elle se pencha vers la surface et
contempla le reflet trouble de son visage. Cela aurait pu être n’importe qui, pensa-t-elle.
N’importe quelle autre fille sale comme un berger et se coupant elle-même les
cheveux avec un couteau. Elle n’était pas une beauté, elle le savait, mais si
elle courait assez vite, aucun homme ne l’attraperait, de toute façon.
     
     
    Sous le soleil de midi, Temüdjin essuya la sueur coulant
dans ses yeux. Son estomac grondait. La mère de Börte était aussi revêche que
son mari et avait un regard aussi dur que le sien. Il frémit à l’idée d’épouser
une femme aussi laide et renfrognée. En guise de petit déjeuner, Shria lui
avait donné un bol de thé salé et un morceau de fromage gros comme son pouce, dur
comme de l’os. Il l’avait coincé contre sa joue pour le sucer mais, à midi, il
était à peine ramolli. Sholoi, lui, avait eu droit à trois pains plats brûlants
fourrés de mouton épicé qu’il avait fait passer d’une main à l’autre pour
chasser le froid du matin. Leur odeur avait fait saliver Temüdjin, mais Shria
lui avait pincé le ventre en disant qu’il pouvait sauter quelques repas. Une
insulte de plus.
    Tandis que Sholoi graissait les harnais et inspectait les
sabots des chevaux de la tribu, Temüdjin avait porté de gros ballots de laine à
l’endroit où les femmes l’étendaient sur de vieux tissus pour faire le feutre. Ils
étaient plus lourds que ce qu’il avait jamais porté mais il avait réussi à traverser
presque tout le camp, titubant sous leur poids, attirant les regards et les
commentaires des jeunes enfants. Il avait les mollets et le dos douloureux
avant même d’avoir fini de porter le deuxième ballot mais il ne pouvait s’arrêter.
Au dixième, Sholoi avait interrompu son travail pour suivre la progression
chancelante du garçon et Temüdjin vit plusieurs hommes de la tribu parier sur
lui en riant. Les Olkhunuts pariaient sur tout, semblait-il, et il en était au
point où cela lui était totalement indifférent quand ses jambes finirent par se
dérober sous lui. Personne ne vint à son aide et il se dit qu’il n’avait jamais
été aussi malheureux et désespéré qu’en ce moment de silence où les Olkhunuts
le regardèrent se relever. Il n’y avait ni pitié ni humour sur aucun des
visages ; quand il parvint à se remettre debout, leur cruauté le fortifia
et il redressa la tête. Bien que la sueur lui piquât les yeux et que chaque
inspiration pantelante lui brûlât la gorge, il leur sourit et eut le plaisir de
voir quelques-uns d’entre eux détourner le regard.
    Il devina que quelqu’un approchait au changement d’expression
de ceux qui continuaient à l’observer. Temüdjin portait le ballot sur son
épaule, les deux bras levés pour le maintenir en équilibre. Il se sentait vulnérable
lorsqu’il se retourna pour voir ce qui avait attiré l’attention de la foule. Il
reconnut son cousin Koke, qui paraissait ravi de la situation. Ses bras
ballaient le long de son corps mais il était facile d’imaginer qu’il n’attendait
qu’une occasion pour les abattre sur Temüdjin, incapable de se protéger. Le
ballot pesait lourdement sur lui et ses jambes étaient encore flageolantes. Il
montra cependant un visage impassible,

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