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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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et partit d’un rire interminable. Temüdjin
crut que le vieil homme allait avoir une attaque et tomberait raide devant lui –
il l’espérait, en tout cas – mais le père de Börte survécut et, les larmes
aux yeux, la respiration sifflante, il retourna au pot s’octroyer une seconde
louche. Privilège injuste pour lui qui n’avait quasiment rien fait, mais
personne ne parut s’en offusquer. Le jour déclinait lentement et le dernier
matelas de feutre fut roulé et attaché derrière un autre cheval.
    Avant que quiconque pût s’y opposer, Börte sauta en selle, surprenant
Sholoi qui tenait la bride de l’animal. Ils n’échangèrent pas un mot mais la
bouche du vieil homme s’activa comme s’il y avait trouvé un morceau de
cartilage que sa langue ne parvenait pas à déloger. Après un moment d’hésitation,
il frappa la croupe du cheval, envoyant sa fille rouler le feutre pour l’aplatir
et le rendre résistant. On s’en servirait pour protéger les tentes du froid, fabriquer
d’épais tapis et des couvertures pour les chevaux. Les chutes seraient
utilisées pour empêcher de se souiller les enfants trop jeunes pour aller aux
latrines sans risquer de tomber dedans. Temüdjin s’accroupit, étira son dos
douloureux en fermant les yeux. Sa main droite était engourdie, ce qui l’inquiétait.
De la gauche, il la massa et quand le sang revint dans ses doigts, la douleur
lui fit monter les larmes aux yeux. Jamais il n’avait travaillé aussi dur et il
se demandait si cela le rendrait plus fort.
    Sholoi s’approcha de lui au moment où il se relevait et le
garçon tressaillit légèrement. Il s’en voulut de sa nervosité mais il avait
reçu trop de coups à l’improviste pour ne pas devenir méfiant. Le vieil homme
lui pinça le biceps comme il en avait pris l’habitude et le dirigea vers la
tente.
    — Rentre manger et dormir. Demain, tu couperas du bois
pour l’hiver.
    Trop exténué pour répondre, Temüdjin le suivit dans un
brouillard d’épuisement, les membres et l’esprit lourds.
     
     
    Yesugei avait trouvé un endroit où camper qui lui semblait
sûr. La vallée dans laquelle il avait repéré le groupe de cavaliers se terminait
par une passe qu’il avait franchie dans l’espoir de trouver un refuge et de
brouiller ses traces. Il savait que les autres n’auraient pas de mal à le
suivre sur un sol poussiéreux, mais il ne pouvait pas chevaucher toute la nuit
en prenant le risque que sa monture se casse une jambe dans un terrier de
marmotte. Il avait donc forcé le vaillant petit hongre à gravir une pente
escarpée en direction de la ligne des arbres, il était descendu de selle pour
le tirer par la bride et lui avait prodigué de constants encouragements. L’escalade
était pénible, dangereuse, et l’animal écarquillait les yeux de frayeur chaque
fois que ses sabots glissaient sur le paillis d’aiguilles. Réagissant aussitôt,
Yesugei passait les rênes autour du tronc de l’arbre le plus proche et s’y
accrochait désespérément jusqu’à ce que le cheval recouvre l’équilibre.
    Lorsque le khan parvint au sommet, les muscles de ses
épaules et de sa poitrine lui faisaient terriblement mal et le hongre soufflait
si fort par ses nasaux qu’on devait l’entendre à un kilomètre. Yesugei ne
pensait pas que les cavaliers le suivraient parmi les arbres dans l’obscurité. Il
lui suffirait de rester hors de vue et ils chercheraient vainement une piste
disparaissant sous un tapis d’aiguilles de pin. Cette pensée l’aurait fait rire
s’il avait pu les épier mais il ne les voyait pas. Un picotement dans sa nuque
lui disait qu’ils étaient à proximité, guettant un mouvement ou un bruit. Il
craignait que sa bête ne hennisse en direction des autres chevaux, révélant ainsi
sa position, mais l’animal était épuisé par la longue chevauchée et l’escalade.
Avec un peu de chance et une nuit sans feu, les cavaliers renonceraient à le
poursuivre et partiraient de leur côté au matin. Ce n’était pas grave s’il
retrouvait le camp des Loups un jour plus tard, après tout.
    Sur la crête de la colline, il rapprocha les branches de
deux buissons et y attacha les rênes, regarda, amusé, son cheval se mettre à
genoux et découvrir qu’il ne pouvait pas s’étendre à plat quand les rênes se
tendaient. Yesugei laissa la selle en place au cas où il aurait à fuir
rapidement mais desserra la sangle de quelques crans. Le hongre s’installa du
mieux

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