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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ballotter à chaque pas. Au début, il eut assez de force et
de rapidité pour sauter ou contourner tous les obstacles sur son chemin, mais
lorsque dans sa bouche la salive se transforma en une pâte amère et que son
énergie décrut, il ne fut plus capable d’en éviter un seul, la peau lacérée par
des milliers d’épines.
    Le pire avait été de traverser le sommet de la colline, nu
comme les pierres d’un ruisseau. Tolui et Basan avaient tiré des flèches sur
lui et il avait été contraint de réduire son allure et de marcher à reculons
pour regarder les traits filer vers lui, projetant son corps fatigué d’un côté
et de l’autre pour les esquiver. Ils s’étaient rapprochés de lui sur ce vaste
espace découvert puis il s’était retrouvé de nouveau parmi de très vieux arbres
et il avait recommencé à courir, titubant, chaque respiration lui brûlant la
gorge.
    Il perdit son arc quand il se prit à une branche d’églantier,
si bien accroché qu’il ne parvint pas à le dégager et fut contraint de le
laisser. Il s’injuria en courant, conscient qu’il aurait dû ôter la corde, ou
même la couper. Tout plutôt que perdre l’arme qui lui aurait donné une chance
de repousser ses poursuivants quand ils l’auraient acculé. Son petit couteau ne
lui servirait à rien contre Tolui.
    Il ne pouvait pas distancer les guerriers. Le mieux qu’il
pouvait faire, c’était trouver un endroit où se terrer. Tout en fuyant à
travers les broussailles, il chercha du regard une cachette possible. La peur
lui serrait la gorge, il ne parvenait pas à la chasser. Un coup d’œil
par-dessus son épaule lui montra l’image tressautant des deux hommes
progressant entre les arbres, la corde de leur arc décrochée. Il eut un accès
de désespoir. Temüdjin n’avait pas prévu d’être pourchassé sur une aussi longue
distance et il était inutile de regretter de ne pas avoir préparé une cache d’armes
ou un piège comme ceux dans lesquels il prenait des loups en hiver. Son
halètement se changea en sons rauques crachés à chaque expiration par un corps
qui le suppliait d’arrêter. Il ignorait quelle distance il avait parcourue. Le
soleil était toujours haut dans le ciel et Temüdjin ne pouvait que poursuivre
sa course jusqu’à ce que son cœur éclate ou qu’une flèche lui troue le dos.
    Un ruisseau traversait son chemin et son pied glissa sur une
pierre humide. Il tomba dans une eau glacée qui le tira de sa torpeur, il se
releva et repartit, un peu plus maître de lui. Il compta ses pas jusqu’à ce qu’il
entende l’éclaboussement provoqué par le passage de Tolui et Basan. Cinquante-trois
pas, assez près pour l’abattre comme un cerf s’il leur donnait une seule occasion
de tirer. Il redressa la tête, ordonna à son endurance de le porter plus loin. Son
corps était à bout mais il se rappela ce que Yesugei lui disait : la
volonté d’un homme peut le faire continuer bien après que sa chair trop faible
a renoncé.
    Un creux le dissimula soudain à ses ennemis et il se jeta
dans des bruyères aussi hautes qu’un homme, plongea sans réfléchir, battant des
bras pour s’enfoncer davantage dans leur refuge obscur. Il était désespéré, au
bord de l’affolement, mais le jour avait décliné et il se roula en boule et
demeura immobile.
    Ses poumons imploraient pour avoir de l’air tandis qu’il se
contraignait à ne pas bouger. Son visage brûlait, ses mains tremblaient. Contractant
les muscles de sa bouche et de ses joues, il laissa entrer et sortir un mince
filet d’air, c’était tout ce qu’il osait se permettre.
    Il entendit Tolui et Basan faire craquer des branches en
passant, s’appeler. Ils n’iraient pas beaucoup plus loin avant de faire
demi-tour pour le chercher, il en était persuadé. Bien qu’il ne voulût rien d’autre
que fermer les yeux et perdre conscience, il mit à profit ce temps précieux
pour s’enfoncer plus encore dans sa sombre cachette en se tortillant. Des
épines le piquaient mais il ne pouvait que les presser de son corps jusqu’à ce
qu’elles se brisent dans sa peau. Ces petites douleurs n’étaient rien, comparées
à ce qui l’attendait s’il était pris.
    Il cessa de ramper. Un moment, il n’avait songé qu’à se
réfugier dans l’obscurité, comme un animal traqué. Mais la partie de lui
héritée de son père savait que le tremblement des feuilles révélerait sa
position s’il ne cessait pas au plus vite de se mouvoir. Ce

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