Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
avait pour lui la douceur du miel.
    Même si ses frères et lui s’étaient préparés à une telle
attaque, le choc avait été rude lorsqu’ils avaient vu des guerriers de la tribu
des Loups dans leur camp. Temüdjin avait prévu une embuscade pour des pillards
qui n’auraient pas été aussi dangereux que ces hommes choisis par Eeluk. Avoir
abattu l’un d’eux emplissait la poitrine de Temüdjin d’un orgueil mêlé de
crainte. Ils étaient les guerriers de son père, les plus rapides, les meilleurs.
Cela ne l’empêcherait pas d’essayer de tuer les autres.
    Il se souvenait de Tolui qui, autrefois, défiait tous les
autres garçons du regard mais n’était cependant pas assez sot pour bousculer
les fils de Yesugei. Il était l’un des enfants les plus robustes du camp des
Loups. D’après ce que Temüdjin avait entrevu de lui, il avait grandi en force
et en arrogance sous le règne d’Eeluk.
    Par une mince trouée entre les ronces, Temüdjin observait
les deux hommes. Basan semblait mécontent et le jeune Loup se rappela le jour
où il était venu le chercher chez les Olkhunuts pour le ramener chez lui. Tolui
connaissait-il ce détail lorsqu’il l’avait choisi pour l’accompagner ? Probablement
pas. Ce jour-là, le monde était différent et Tolui n’était qu’une petite brute
querelleuse. Il portait à présent la cuirasse et le deel d’un féal du
khan et Temüdjin voulait lui rabattre son orgueil.
    Le plus lentement qu’il put, le fils de Yesugei tourna la
tête vers l’endroit où Kachium avait pris position. À tout instant, il s’attendait
que Basan détecte le mouvement, qu’une flèche traverse les ronciers et s’enfonce
en lui. De la sueur coulait sur son front.
    Quand Temüdjin découvrit enfin son frère, il vit ses yeux
agrandis par la douleur et le choc, et la flèche qui était plantée dans sa
cuisse. Livide, les traits tirés, Kachium n’osait pas faire un geste. Malgré l’immobilité
qu’il s’imposait, les plumes de la flèche tremblaient légèrement et Temüdjin, les
sens aiguisés par le danger, entendit le faible bruissement des feuilles. Tolui
les verrait remuer et il tirerait une autre flèche qui tuerait Kachium, se dit Temüdjin.
Il n’était pas impossible non plus que l’un des hommes d’Eeluk sente une odeur
de sang portée par le vent.
    Un long moment, les deux frères se regardèrent, désespérés
et silencieux. Impossible de s’échapper. Temüdjin ne pouvait pas voir Khasar, mais
lui aussi était en danger.
    Avec une lenteur infinie, Temüdjin ramena ses yeux sur ses
ennemis. Eux aussi attendaient mais Tolui semblait furieux et sa colère aurait
réjoui Temüdjin si la blessure de Kachium n’avait contrarié tous ses plans.
    La situation ne pouvait rester éternellement bloquée. Il y
avait une chance pour que Tolui batte en retraite et revienne avec des renforts.
Dans ce cas, Temüdjin et Khasar auraient le temps de porter Kachium en lieu sûr.
    Les dents serrées, Temüdjin hésitait sur la décision à
prendre. Il ne croyait pas que Tolui repartirait la queue entre les jambes, pas
après avoir perdu Unegen. Sa vanité ne le permettrait pas. S’il ordonnait à
Basan d’avancer, Khasar et Temüdjin devraient courir le risque de tirer d’autres
flèches, bien qu’il fût presque impossible de trouver la gorge d’un homme
cuirassé s’il baissait la tête en courant. Temüdjin avait conscience qu’il
devait agir avant que Tolui n’en vienne à la même conclusion et ne les attaque
par un autre côté. Les garçons avaient barré les accès au bois près du camp, mais
il y avait des endroits où un homme seul pouvait passer.
    Il maudit sa malchance. Il ne s’était écoulé que quelques
instants depuis l’échange de flèches mais le temps semblait s’être dilaté
pendant qu’il réfléchissait. Il ferma les yeux, rassembla toute sa volonté. Un
khan devait être capable de prendre des décisions difficiles et son père serait
déjà passé à l’action, il le savait. Il fallait chasser les guerriers avant qu’ils
ne trouvent Kachium et l’achèvent.
    Temüdjin se mit à ramper à reculons en gardant un œil sur
ses ennemis. Ils parlaient, apparemment, mais il ne les entendait pas. Lorsqu’il
se fut éloigné d’une vingtaine de pas, il se cacha derrière un bouleau, se
releva et prit une flèche dans son carquois. Il ne voyait plus ni Tolui ni
Basan, il devrait tirer au juger en se fiant au souvenir qu’il avait de

Weitere Kostenlose Bücher