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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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déshonorer son père et entacher le combat des siens pour
survivre. Pendant toutes ces années, Temüdjin n’avait connu qu’une vérité :
un jour, il serait khan.
    Sans rien d’autre qu’un peu d’eau de rivière pour calmer sa
soif, sans espoir de secours, cette idée était presque grotesque. Il devait d’abord
échapper au sort que Tolui et Eeluk lui destinaient. Trottant au bout de sa
corde, il avait songé à la passer autour du cou de Tolui mais le puissant jeune
guerrier gardait constamment un œil sur lui, et même si sa vigilance se
relâchait, Temüdjin n’aurait probablement pas la force de serrer son cou massif
à l’étouffer.
    Tolui observa un silence inhabituel pour lui pendant leur
marche. Il se rendait compte qu’il revenait avec un seul des enfants de l’ancien
khan, et pas même l’aîné, que des précieux chevaux lui avaient été volés et qu’Unegen
gisait mort derrière lui. Sans cet unique prisonnier, sa mission aurait été un
échec total. Tolui ne quittait pas le captif des yeux de crainte qu’il ne
disparaisse, ne lui laissant que sa honte à ramener au camp. La nuit, il se
réveillait d’un sommeil agité pour aller vérifier les liens du captif, et
chaque fois il le trouvait éveillé, l’observant avec un demi-sourire. Temüdjin
aussi songeait aux circonstances de leur retour et se félicitait que ses jeunes
frères aient au moins privé Tolui de la possibilité de se pavaner devant Eeluk.
Rentrer à pied serait une humiliation pour le féal orgueilleux et s’il n’avait
été aussi meurtri et misérable, Temüdjin aurait savouré le silence renfrogné de
Tolui.
    Privé des vivres restés dans les sacs de selle, ils s’affaiblissaient.
Le deuxième jour, Basan était resté pour garder le prisonnier tandis que Tolui,
armé de son arc, montait vers la partie boisée d’un mamelon. C’était l’occasion
que Temüdjin attendait mais, avant même qu’il ouvre la bouche, Basan le devança :
    — Je ne te laisserai pas t’enfuir, prévint le guerrier.
Tu ne peux pas me demander ça.
    La poitrine de Temüdjin se dégonfla comme si son espoir en
sortait avec son souffle.
    — Pourtant, tu ne lui as pas révélé l’endroit où je me
cachais, marmonna le jeune homme.
    Basan rougit, détourna les yeux.
    — J’aurais dû le faire. Je t’ai donné une chance, en
souvenir de ton père, et Tolui t’a quand même trouvé. S’il n’avait pas fait si
sombre, il se serait peut-être rendu compte de ce que j’avais fait.
    — Sûrement pas. Il est idiot.
    Basan sourit. Tolui était une étoile montante dans la tribu
et son emportement devenait légendaire. Cela faisait longtemps que personne n’osait
plus l’insulter, même quand il n’était pas là pour l’entendre. La résistance de
Temüdjin rappelait à Basan qu’il y avait un monde extérieur aux Loups, et de l’amertume
perçait dans sa voix quand il reprit :
    — On dit que les Loups sont forts, et ils le sont, grâce
à des guerriers comme Tolui. Eeluk s’est entouré de nouveaux visages, d’hommes
sans honneur. Il nous force à nous agenouiller devant lui. Si quelqu’un le fait
rire, lui rapporte un cerf, ou le butin d’une razzia, il lui jette une outre d’airag
comme un os à un chien.
    Basan contemplait les collines en se rappelant d’autres
temps.
    — Ton père ne nous a jamais fait plier le genou devant
lui, poursuivit-il. J’aurais donné ma vie pour lui sans hésiter, et jamais il
ne m’a traité comme si j’étais moins qu’un homme.
    C’était un long discours pour le guerrier taciturne et Temüdjin
l’écoutait attentivement, sachant l’importance de l’avoir pour allié. Il n’en
avait pas d’autre chez les Loups, plus maintenant. Il aurait pu de nouveau
implorer son aide, mais Basan n’avait pas parlé à la légère. Son sens de l’honneur
l’empêchait de laisser Temüdjin s’enfuir. Le jeune homme l’acceptait, malgré la
mort hideuse qu’Eeluk lui réservait sans doute. Il savait qu’Eeluk ne l’épargnerait
pas une seconde fois, maintenant qu’il avait assuré sa position. Temüdjin
choisit ses mots avec soin pour que Basan y entende plus que les supplications
d’un captif et les garde en mémoire.
    — Mon père était né pour régner, Basan. Il traitait
avec bienveillance ceux en qui il avait confiance. Eeluk n’est pas… aussi sûr
de lui. Il ne peut pas l’être. Je n’excuse pas ce qu’il a fait mais je le
comprends et je comprends pourquoi

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