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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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n’était
cependant pas devenu fort là où cela comptait. Il aidait ses frères dans leur
travail mais ne faisait que ce qu’on lui disait de faire et, souvent, il
partait nez au vent, passait une journée à se baigner dans une rivière ou à
gravir une colline pour jouir de la vue. Un bâton suffisait à Hoelun pour
corriger ce qui relevait de la paresse. Temüge était toutefois un petit garçon
malheureux qui rêvait encore de retourner chez les Loups et de retrouver tout
ce qu’ils avaient perdu. Il avait besoin de passer du temps loin de sa famille
et si on l’en privait, il se montrait agité et ronchon jusqu’à ce que Hoelun, perdant
patience, l’envoie faire prendre l’air à ses idées moroses.
    Ce soir-là, il sanglotait dans la petite yourte en marmonnant :
    — Qu’allons-nous devenir ?
    Maîtrisant son irritation, Hoelun lui lissa les cheveux de
ses mains calleuses. C’était peut-être parce qu’elle l’avait trop gâté qu’il ne
s’était pas endurci, comme Yesugei l’avait prédit.
    — Ton frère s’en tirera, affirma-t-elle. Il n’est pas
de ceux qui se laissent facilement prendre.
    Elle tentait de garder un ton optimiste mais songeait déjà à
leur avenir. Temüge pouvait pleurer ; Hoelun, elle, devait dresser des
plans et faire preuve d’intelligence si elle ne voulait pas perdre tous ses
enfants. Ce nouveau coup avait laissé ses autres fils stupéfaits et misérables.
Avec Temüdjin, ils avaient recommencé à espérer. Sa perte les faisait retomber
dans le désespoir absolu des premiers jours, dont la ravine obscure ramenait le
souvenir, comme une pierre accrochée à leurs pensées.
    Dehors, l’un des chevaux hennit doucement. Hoelun écouta ce
bruit en prenant des décisions qui lui arrachaient le cœur. Pour finir, quand Temüge
renifla dans son coin en fixant le vide, elle annonça à ses enfants :
    — Si Temüdjin ne nous a pas rejoints demain soir, nous
devrons quitter cet endroit.
    Elle eut aussitôt toute leur attention, même celle de la
petite Temülen, qui cessa de jouer avec ses osselets de couleur et leva les
yeux vers sa mère.
    — Nous n’avons pas le choix, maintenant que les Loups
reviennent au mont Rouge. Eeluk fouillera toute la région et trouvera notre
cachette. C’en sera fini de nous.
    Ce fut Kachium qui lui répondit :
    — Si nous partons, Temüdjin ne pourra plus nous
retrouver. Je vais rester et l’attendre tandis que vous emmènerez les chevaux. Indiquez-moi
une direction et nous la prendrons quand il viendra.
    — Et s’il ne vient pas ? objecta Khasar.
    Kachium le regarda en fronçant les sourcils.
    — J’attendrai le plus longtemps possible. Si les Loups
viennent par ici, je me cacherai ou je vous suivrai en marchant la nuit. Si
nous partons tous, ce sera comme si Temüdjin était mort. Nous ne nous
retrouverons jamais.
    Hoelun pressa l’épaule de Kachium et sourit en s’efforçant d’oublier
son désespoir.
    — Tu es un bon frère et un excellent fils. Ton père
serait fier de toi. Mais ne risque pas ta vie si tu vois qu’ils l’ont capturé. Temüdjin
est né avec un caillot de sang dans la main. C’est peut-être son destin.
    Son visage se décomposa tout à coup et elle gémit :
    — Je ne vais quand même pas perdre mes fils un par un…
    Le souvenir de Bekter fit naître en elle des sanglots qui bouleversèrent
tous ses enfants. Kachium passa un bras autour des épaules de sa mère tandis
que dans son coin Temüge se remettait à pleurer.

 
17
    Eeluk était assis dans une yourte deux fois plus vaste que
toutes les autres tentes du camp, sur un trône de bois et de cuir. Si Yesugei
avait dédaigné ces symboles du pouvoir, Eeluk puisait du réconfort à montrer qu’il
occupait un rang supérieur à ses féaux. Que nul n’oublie qu’il était khan !
Il écoutait le crépitement des flambeaux et les voix lointaines de la tribu. Il
était de nouveau ivre, ou peu s’en fallait. L’idée lui vint de se faire encore
apporter de l’arkhi pour s’abrutir totalement et glisser dans le sommeil mais
il demeura silencieux, fixant le sol d’un œil sombre. Ses guerriers se
gardaient d’essayer d’égayer son humeur quand il songeait avec tristesse à des
jours meilleurs.
    Son aigle était perché sur un support en bois à sa droite. L’oiseau
encapuchonné pouvait rester pendant très longtemps aussi immobile que s’il
avait été en bronze puis sursautait subitement en entendant un bruit, inclinait
la

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