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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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s’éclaircir la gorge.
    — J’essayais de l’entendre en confession, murmura-t-il. Sir Reginald était véritablement un homme de mal, Maîtresse Swinbrooke. Il ne flattait personne et ne craignait ni Dieu ni les hommes.
    — Et pourtant vous le connaissiez à peine ? fit valoir Kathryn.
    — En vérité, Maîtresse, Erpingham était impitoyable. Les autres vous l’ont sans doute dit : nulle veuve n’était à l’abri avec lui. C’était un débauché-né. J’ai entendu en confession mes paroissiens. Aussi quand je l’ai trouvé ici, je l’ai exhorté à changer, le mettant en garde contre le jugement de Dieu et les feux de l’enfer.
    — Et que vous a-t-il répondu ?
    — Il s’est contenté de rire.
    — Allait-il à l’église ? demanda Kathryn.
    — S’il le faisait, on ne m’en a jamais rien dit. En tant que collecteur d’impôts, il séjournait souvent dans ma paroisse, mais je ne l’ai jamais vu franchir le seuil de la maison de Dieu.
    La voix d’Ealdred se réduisit à un murmure.
    — Je crois qu’il était sorcier.
    — Comment cela ? s’étonna Colum.
    — Eh bien oui, un sorcier, un mage en quelque sorte. Une femme de mon village est venue un jour me confesser un terrible péché. Sir Reginald avait abusé d’elle, et dans le feu de la passion, il avait affirmé qu’il n’aimait ni le Christ ni son Église, et plaçait au contraire sa confiance dans les noirs seigneurs de l’éther.
    — Pensez-vous que ce soit vrai ? interrogea Kathryn. Pourquoi un collecteur d’impôts parlerait-il ainsi à une femme qu’il a séduite ?
    — Isolda est une jeune veuve, répliqua Ealdred, mesurant ses mots. Erpingham s’est rendu chez elle et lui a dit que si elle lui accordait ses faveurs, il la dispenserait des impôts qu’elle devait. Elle a deux enfants ; son mari a été tué lors des guerres récentes. Elle a donc accepté. Le lendemain soir, elle a envoyé les petits chez une voisine, et Erpingham est revenu.
    Le prêtre s’interrompit et glissa les mains dans les manches volumineuses de sa soutane.
    — Vous imaginez le reste, murmura-t-il. Mais Isolda se souvient d’une chose : elle avait un crucifix accroché dans sa chambre. Erpingham a tenu à ce qu’on le tourne contre le mur, pendant qu’il jetait dans la chambre de la poudre légère en marmonnant des incantations. Quand Isolda lui a demandé pourquoi, il lui a répondu cela.
    — Vavasour et Standon participaient-ils à ces débauches ? demanda Colum.
    Le prêtre secoua la tête.
    — Standon n’est qu’un soldat à l’apparence rude qui fait son travail. Quant à Vavasour…
    Le prêtre hésita, et sa mine s’allongea.
    — C’était l’ombre d’Erpingham, rusé comme une belette. Je sais qu’il ne faut juger ni les vivants ni les morts, mais Erpingham et Vavasour se valaient. Je crois que Sir Reginald se vantait de ses conquêtes auprès de son clerc.
    — Avez-vous parlé d’Isolda à Sir Reginald ? s’enquit Kathryn.
    — Non, je m’en suis tenu à des propos généraux. Sir Reginald était porté à la vengeance, et la pauvre femme en aurait souffert.
    Le prêtre eut un sourire radieux.
    — En rentrant, je lui annoncerai la bonne nouvelle. Que Dieu me pardonne, je suis heureux qu’Erpingham soit mort !
    Kathryn changea de sujet.
    — Croyez-vous aux fantômes, mon père ?
    — Je crois en la parole de saint Paul, Maîtresse Swinbrooke : le diable se promène comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer. Vous parlez du cauchemar d’Erpingham ? Pour moi, c’est un jugement de Dieu.
    — Savez-vous quelque chose sur sa mort ?
    — Non, Maîtresse, je ne sais rien.
    Ealdred recula sa chaise.
    — Puis-je disposer, maintenant ? Je dois encore célébrer la messe.
    La relation du prêtre avec Isolda intriguait Kathryn, mais elle décida de tenir sa langue. Ealdred se leva et, au lieu de s’en aller, se rassit brusquement.
    — Maîtresse Swinbrooke, vous comprenez ce que je veux dire, n’est-ce pas ? Surtout vous.
    — Pourquoi, mon père ?
    — Je vous connais, Maîtresse. Vous jouissez d’une bonne réputation dans la ville, le père Cuthbert de l’hospice des Prêtres Indigents dit beaucoup de bien de vous.
    Kathryn rougit sous le compliment.
    — Vous êtes veuve, je crois. Vous pouvez donc éprouver de la compassion pour cette pauvre Isolda ? Votre mari, poursuivit précipitamment le prêtre, Alexander Wyville, est parti avec les lancastriens se

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