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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Luberon, elle sortit dans la nuit noire et glacée.
    Maintenant qu’il était reposé et repu, Colum se montrait plein d’entrain. Il indiqua le ciel étoilé, s’exclamant :
    — Je vous l’ai dit, le temps change. Il fera meilleur demain matin, Kathryn, et le dégel aura commencé.
    — Le ciel soit loué, souffla Luberon. On a rapporté un fait horrible aujourd’hui. Un pauvre vagabond ivre ou épuisé a trébuché dans un fossé, la nuit dernière, de l’autre côté de Westgate. On a retrouvé son corps gelé, ce matin, raide comme une statue.
    Luberon se glissa entre Kathryn et Colum pour demander :
    — Je suppose que la situation n’est pas meilleure à Kingsmead ?
    Colum souffla et observa la vapeur de son haleine qui restait suspendue dans l’air glacé.
    — Non. On a fait rentrer des vivres, et les chevaux sont à l’écurie, mais les travaux du manoir devront attendre.
    Ils quittèrent Ottemelle Lane pour prendre Steward Street. Seuls les lanternes à l’extérieur des boutiques et des rais de lumière filtrant entre des volets clos perçaient les ténèbres. Quelque part un chien hurla lugubrement à la lune hivernale, et des chats affamés fouillaient en vain les tas d’immondices. Ils passèrent devant une taverne dont la porte était entrouverte. Le bruit, l’odeur et les rires qui s’en échappaient semblaient étranges dans la rue déserte. Kathryn et ses compagnons avançaient, faisant attention de ne pas marcher dans l’égout qui courait le long de la rue ; il avait gelé, mais la glace commençait à se rompre par endroits.
    Ils s’engagèrent enfin dans Church Lane, et la flèche de Sainte-Mildred apparut, éclairée par une grosse lanterne accrochée dans la tour.
    — Blunt habitait dans une venelle tout au bout, dit Luberon.
    — Nous n’irons que là, ce soir, déclara Kathryn qui claquait des dents de froid. Quels que soient les secrets que renferme la maison mystérieuse de Maître Erpingham, ils attendront.
    Luberon s’immobilisa, sautillant d’un pied sur l’autre, tout gêné. Kathryn frappa ses mains gantées l’une contre l’autre.
    — Avançons, Simon, il fait trop froid pour nous attarder. Que vous arrive-t-il ?
    Le clerc s’éclaircit la gorge.
    — Nous n’allons pas seulement voir le lieu du crime, marmotta-t-il, la tête et le visage enfouis dans son capuchon. Maître Murtagh est coroner du roi, et vous êtes son médecin. Il faut que vous examiniez aussi les corps.
    Kathryn ferma les yeux en gémissant, et Colum jura violemment en gaélique.
    — Par le ciel, mon ami, n’avons-nous pas vu assez de cadavres pour une seule journée ? Kathryn passa un bras sous celui de l’Irlandais, et l’autre sous celui de Luberon.
    — Nous les examinerons, promit-elle. Il faudra les enterrer demain, je suppose ?
    Luberon hocha la tête.
    — Avez-vous réfléchi davantage à la mort d’Erpingham ? reprit-il. Je n’ai pas voulu vous interroger à la maison.
    Kathryn porta son regard au-delà des murs de Sainte-Mildred, sur le cimetière gelé.
    — Non. C’est un mystère, mais laissez-moi vous dire une chose : la Taverne du Vannier recèle de nombreux secrets, et je crains pour ceux qui y logent !

CHAPITRE VI
    Blunt habitait une maison étroite à l’angle d’un passage, sous la masse sombre de l’église Sainte-Mildred. Kathryn indiqua un point plus loin dans la ruelle.
    — C’est là qu’est tombée l’une des victimes. Je me demande ce que faisait la veuve Gumple en cet endroit, et à pareille heure de la nuit.
    Kathryn leva le regard sur la façade de la maison.
    — Mon père me parlait souvent de l’histoire de la ville. Cette maison est probablement vieille de plusieurs siècles, avec le solar au premier étage, et ses fenêtres sur le côté.
    — En tout cas, je gèle, grommela Colum qui tambourina à la porte.
    Ils entendirent des pas, puis une voix féminine rauque demanda qui allait là. Luberon l’expliqua, on défit chaînes et verrous, et la porte s’ouvrit. Dans l’encadrement se tenait une femme, la main serrée sur une canne. Elle était petite, rondouillarde, avec d’abondants cheveux gris et raides qui lui retombaient sur les épaules, et un visage volontaire aux yeux perçants, au nez aquilin, aux lèvres minces et  au menton déterminé. Elle portait un vêtement élimé.
    — Vous êtes Emma Darryl ? demanda Luberon.
    — Bien sûr, dit la femme, et vous devez être Maître Luberon. Nous nous

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