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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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sommes déjà rencontrés. Vos compagnons sont le coroner du roi, l’Irlandais Murtagh, et évidemment Maîtresse Swinbrooke.
    Elle ébaucha un sourire à l’adresse de Kathryn.
    — Vous ne vous souvenez sans doute pas de moi, mais je connaissais bien votre père, un homme charitable. J’ai été peinée en apprenant sa mort.
    Kathryn la remercia, et Emma Darryl les fit entrer.
    Le petit vestibule était triste, mais sentait bon. Kathryn remarqua les herbes précieuses dans les pots, près du mur, tandis qu’Emma les conduisait jusqu’à l’étroit escalier branlant. En haut de celui-ci un petit couloir partait sur la droite, et une porte ouvrait sur le solar. Emma les y précéda, et Kathryn découvrit avec surprise une pièce spacieuse. L’aspect extérieur de la maison était trompeur !  La salle était agréablement meublée. Quelques peintures sur toile ornaient les murs. Des bûches de pin crépitaient joyeusement dans l’immense cheminée dont le manteau avait la forme d’une mitre. Tout au fond, sous une fenêtre dont les volets étaient clos, on avait placé dans la vaste embrasure des bancs garnis de coussins. Des tables, des chaises et des tabourets rembourrés étaient joliment disposés un peu partout, et contre le mur se trouvaient de gros coffres cerclés de fer. À l’entrée du solar, le sol était recouvert de joncs propres et secs, parsemés d’herbes fraîches, le reste de la salle ayant un plancher en bois poli avec d’épais tapis de laine. Il y avait deux sièges devant la cheminée et dans l’un d’eux, un jeune homme se balançait, portant un regard vide sur les flammes.
    — Oui, c’est ici que cela s’est produit, déclara Emma Darryl. Peter, nous avons des visiteurs.
    Le jeune homme se dressa, et d’une démarche traînante, un peu de travers, avança vers les nouveaux venus. Il était lourdaud, avec un visage inexpressif, et une toison de cheveux roux ternes. Un peu de bave coulait au coin de sa bouche, et ses yeux d’enfant étaient rouges d’avoir pleuré. Il ânonna un mot de bienvenue, serra la main de chacun et essaya maladroitement de baiser celle de Kathryn. Elle lui sourit, sentant comme il la tenait mollement. Suivirent quelques instants de confusion tandis que Peter, bafouillant et marmottant, tirait des sièges autour du feu et qu’Emma apportait des petites coupes d’hypocras qu’elle avait préparées dans la cuisine. Pendant qu’elle allait et venait, Colum voulut lier conversation avec Peter, et Kathryn en profita pour examiner la pièce avec plus d’attention. Elle ferma à demi les yeux : la jeune Alisoun avait dû être assise à sa place, plaisantant, jouant la coquette avec ces deux galants. Richard Blunt était entré par la porte, ses flèches déjà prêtes. Kathryn avait vu des maîtres archers en action et savait la rapidité et la précision de leur tir. Alisoun et l’un des jeunes gens, peut-être pris de boisson, étaient morts sur-le-champ ; l’autre avait essayé d’atteindre la fenêtre, s’était débattu avec les volets qu’il avait enfin réussi à débloquer, puis il avait ouvert la fenêtre. Oui, songeait Kathryn, il avait eu le temps de faire cela, mais comme il escaladait la fenêtre, Blunt, qui l’avait suivi, lui avait tiré une flèche dans le dos. La mort des trois victimes avait dû être instantanée. Les flèches d’archer mesuraient au moins quatre-vingts centimètres, leur pointe était en acier, et elles pénétraient facilement grâce aux plumes d’oie cendrée. Quant à l’arc lui-même, il avait une puissance telle qu’une flèche pouvait transpercer un chevalier armé de pied en cap.
    Colum se tourna vers Kathryn.
    — Vous vous interrogez, comme toujours ?
    Il sourit.
    — Oui, cela semble possible. Les trois victimes devaient se prélasser là en buvant.
    Il indiqua les chandelles disposées autour du solar.
    — On y voit bien assez ici, même pour un mauvais archer.
    Comme Emma reparaissait, il se tut. La gouvernante s’assit près de Peter et prit ses mains sur ses genoux.
    — Avez-vous vu Maître Blunt ? demanda-t-elle.
    — Non, répondit Kathryn. J’en suis désolée, mais nous avons dû nous occuper de la mort de Sir Reginald Erpingham, à la Taverne du Vannier . Vous savez la nouvelle, n’est-ce pas ?
    Emma hocha la tête.
    — Connaissiez-vous Erpingham ?
    — Non.
    Emma avait répondu trop brièvement et trop vite, pourtant elle soutint sans ciller le regard de Kathryn.

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