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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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cette femme, Irlandais.
    Kathryn s’empara du sac qu’elle poussa dans un coin, près du foyer.
    — Non, Colum, vous n’irez pas ! Nous avons affaire au Guildhall.
    Elle lança un regard dur à l’Irlandais.
    — Il s’est produit un drame terrible chez Blunt, mais pas de la façon dont on l’a dit. Maîtresse Frenland devra attendre.
    Kathryn demanda à Thomasina de préparer leurs manteaux, avant de questionner Colum :
    — Quel genre d’homme était-il, ce Frenland ?
    L’Irlandais haussa les épaules.
    — Un brave garçon, sans histoire. Pendant la dernière guerre, il servait sous les ordres de Lord Hastings. Sa femme est assez querelleuse, mais Frenland s’occupait bien des chevaux.
    — De quoi avez-vous parlé ? Je veux dire quand vous cheminiez pour chercher du fourrage ? demanda encore Kathryn.
    Le visage de Colum se rembrunit.
    — Nous avons discuté de Cantorbéry, des écuries.
    Il tapota des pieds sur le sol parce qu’il était mal à l’aise.
    — Quoi d’autre ? insista la jeune femme.
    — Nous avons évoqué les rumeurs au sujet de votre mari.
    Colum tendit les mains en avant.
    — Par le Dieu tout-puissant, Kathryn, il n’y a pas de mal à cela.
    Il se gratta le crâne.
    — « Je prie Jésus d’écourter la vie de ceux qui ne sont pas gouvernés par leur épouse », cita-t-il avec un sourire malicieux. Ce sont les paroles de la Bourgeoise de Bath. Frenland semble les avoir confirmées.
    Kathryn secoua la tête.
    — Oui, et la Bourgeoise de Bath ne termine-t-elle pas par ces mots : « Ces vieux avares grincheux avec leurs sous, oh, envoyez-leur vite quelque pestilence mortelle » ?
    Kathryn indiqua le sac.
    — Je m’occuperai de Maîtresse Frenland à notre retour.
    Dans son dos, Colum fit un clin d’oeil à Luberon.
    À la réflexion, les accusations de Maîtresse Frenland ne l’inquiétaient pas trop. Elle n’avait aucune preuve de ce qu’elle avançait, et son mari était parti sans même en demander l’autorisation. En vérité. Colum était davantage préoccupé par l’air contrarié et déterminé de Kathryn, elle d’habitude sereine et plutôt ironique. Colum avait apprécié qu’elle s’élève sur-le-champ contre l’accusation portée à son endroit.
    Avec Luberon ils la suivirent dans la rue. Colum aussitôt glissa et tomba sur les pavés gelés.
    — Par le coq de Mogglin ! jura-t-il.
    Il se releva, se frottant le bras, puis secoua son manteau pour le débarrasser de la glace souillée. Kathryn revint sur ses pas.
    — Colum ?
    — Ce n’est rien, dit-il, je n’ai blessé que mon amour-propre.
    — Je voulais vous le dire, intervint Luberon, la neige fond, mais la glace est dangereuse.
    Les paroles du clerc devaient s’avérer exactes.
    Ottemelle Lane et toutes les rues étaient couvertes de verglas. Mais  cela  n’avait pas empêché les gens de sortir en foule faire leurs provisions au marché où les étals et les boutiques travaillaient à plein régime. Néanmoins, de temps en temps, certains glissaient et s’affalaient par terre. Thomasina, qui suivait maladroitement sa maîtresse et les deux hommes, dut s’arrêter et s’adosser à une maison tant elle riait à se tenir les côtes : le clerc Goldere, portant des culottes moulantes et des bottes à haut talon, ses cheveux bouclés bien lissés avec des crans, avançait en se pavanant, jusqu’à ce qu’il tombe sur son derrière, sa bouche formant un O de stupéfaction. De plus, à cause de ses bottes, il eut le plus grand mal à se relever.
    Les tombereaux des ordures étaient sortis, eux aussi, ceux qui les menaient s’activaient à débarrasser les rues des tas d’immondices gelés.
    Deux agents de St Margaret’s Street avaient brisé la glace de l’égout au centre de la rue : la puanteur qui s’en exhalait était telle que les passants se couvraient le nez et la bouche. On avait dégagé un cochon gelé sous une couche de neige, et des mendiants, à l’aide de courtes piques ou de couteaux, essayaient de détacher des morceaux de chair de la carcasse glacée. À Buttermarket, les agents et les bedeaux mettaient au pilori les malfaiteurs qui n’avaient pas respecté le couvre-feu ou qui avaient commis de menus larcins durant le grand froid. On clouait par les oreilles sur une croix en planche un voleur à la tire, récidiviste. Un faussaire, inculpé pour la troisième fois, hurlait, par-dessus le tintamarre du marché, parce que le bourreau municipal

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