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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Irlande.
    — C’est que le ciel est très clair, là-bas, avait-il expliqué. Alors je sortais  pour chanter des chansons. On dit que chanter aux étoiles porte bonheur : les vieux affirment que lorsque les étoiles se déplacent et que les planètes tourbillonnent, les cieux sont pleins de musique.
    Puis, sans que Kathryn lui ait rien demandé, Colum s’était mis à fredonner un air gaélique mélodieux et mélancolique. Un sourire se forma sur les lèvres de Kathryn.
    — Tenez, voilà votre porridge !
    Thomasina posa brutalement le bol devant la jeune femme.
    — Et votre lait et votre miel. Maintenant, si vous jouez au chat qui a volé la crème, cela m’est égal.
    Elle s’éloigna, le dos bien raide.
    Kathryn arrosa son porridge de lait et d’une cuillerée de miel, et commença à manger.
    — Voilà votre bière aussi.
    Thomasina posa avec force sur la table un pichet de bière coupée d’eau. Kathryn posa sa cuiller en corne.
    — Viens ici, Thomasina.
    La vieille nourrice obéit prestement et Kathryn lui saisit la main pour déclarer :
    — Nous sommes rentrés sous les étoiles, Thomasina, et Colum m’a chanté une chanson. Tu ne peux pas nous le reprocher, n’est-ce pas ? Nous avions passé une soirée accablante avec ces meurtres, ces corps qu’il a fallu examiner en pleine nuit, et le mystère de la mort d’Erpingham qui reste à éclaircir.
    Le visage de la servante s’était radouci.
    — Soyez prudente, je vous en conjure, dit-elle. Voulez-vous toujours que je parle à la veuve Gumple ?
    — Non.
    Thomasina détourna les yeux, fermant les paupières, et chuchota une prière de remerciement. Elle méprisait de tout son coeur la veuve Gumple. C’était une hypocrite arrogante, et, pis encore, voilà quelques mois, Thomasina l’avait obligée à avouer qu’elle était l’auteur des missives anonymes adressées à sa maîtresse, qui lui demandaient sarcastiquement des nouvelles d’Alexander Wyville. Thomasina se sourit à elle-même : les lettres avaient cessé, mais Dieu seul savait ce qu’il en était d’Alexander Wyville.
    — Comment avez-vous trouvé les Blunt ? demanda-t-elle à sa maîtresse.
    — Emma Darryl est une forte femme, répondit Kathryn entre deux bouchées, et Peter demeure en état de choc. Colum et moi irons rendre visite à Richard un peu plus tard aujourd’hui.
    Thomasina s’en fut tourner le porridge. Tout en remuant distraitement le mélange crémeux, elle le voyait prendre la consistance du beurre dans une baratte. Tout passe, songea-t-elle avec mélancolie. Kathryn avait changé depuis l’arrivée de l’Irlandais, elle était plus résolue, plus déterminée, maintenant. Murtagh avait donné une nouvelle dimension à sa vie : désormais la jeune femme utilisait son sens aigu de l’observation et sa perspicacité pour confondre des meurtriers. Après son succès dans l’affaire du château, plus tôt, cette année, le roi lui-même lui avait fait parvenir une bourse remplie d’or ainsi qu’une lettre personnelle de remerciement adressée à « SON  CHER MÉDECIN TANT APPRÉCIÉ, KATHRYN SWINBROOKE, ÉTABLIE À OTTEMELLE LANE ». Néanmoins, la tragédie des Blunt avait réveillé chez Thomasina la tristesse du temps qui s’enfuit et de la vie qui s’écoule. Autrefois, elle avait eu de la tendresse pour Blunt, le peintre aux yeux rieurs et au sourire joyeux. Maintenant il allait être pendu au gibet de Buttermarket, et sa dernière danse macabre, il la ferait au bout de la corde qui l’étranglerait. Une idée encore vague prit corps dans son esprit.
    — Puis-je vous accompagner ? demanda-t-elle par dessus son épaule.
    — Où cela ?
    C’était Colum qui venait d’entrer dans la cuisine, rasé de frais, les cheveux ébouriffés.
    Se redressant, Thomasina pivota.
    — Au Guildhall. J’aimerais présenter mes respects à Maître Blunt, Maîtresse.
    Kathryn regarda le visage rougeaud et empâté de sa nourrice, et son expression déterminée.
    — Ce n’est pas vraiment utile… commença Colum.
    — Bien sûr, tu peux venir, intervint vite Kathryn. Nous partirons après que j’aurai vu mes patients. Ils ne devraient pas tarder.
    Thomasina la remercia et attaqua aussitôt ses habituelles railleries contre l’Irlandais : il n’était qu’un propre-à-rien paresseux, qui passait son temps à courir après les bonnes chrétiennes ! lança-t-elle en lui servant du porridge. Et elle déposa sur la table du pain et

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