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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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doucement Blunt.
    Il se mit alors à tousser, et son corps tout entier fut secoué de convulsions. Kathryn, qui l’observait, vit la salive mêlée de sang suinter à ses lèvres.
    — Colum, pria-t-elle d’un ton brusque, par pitié, demandez un peu de vin !
    — J’en ai apporté, dit Thomasina.
    Elle tendit une petite outre à Kathryn qui la glissa entre les mains de Blunt.
    — Buvez, le pressa-t-elle.
    Blunt, pâle, les yeux embués de larmes après sa quinte de toux, déboucha l’outre et fit couler le vin dans sa bouche. Il se remit à tousser, mais réussit à s’arrêter, et se cala contre le mur.
    — Avez-vous rendu visite à Emma et au gamin ?
    Kathryn hocha la tête.
    — Pourquoi désiriez-vous me voir, Richard ? Je vous connais à peine, et si votre sort m’attriste, mon père aurait été atterré de vous voir tombé si bas.
    — C’est de ma faute, répliqua Blunt qui but avidement  une nouvelle gorgée de vin. Je vieillissais, Maîtresse Kathryn. J’étais un bon peintre, et je commençais à avoir une bourse bien pleine de pièces d’or et d’argent. Puis j’ai rencontré Alisoun.
    Blunt voulut étirer ses bras, mais ses poignets et ses chevilles étaient cerclés par des fers, attachés à des chaînes fixées à un crochet dans le mur.
    — Vous l’avez tuée avec ces deux jeunes gens ? demanda Kathryn.
    Blunt approcha son visage de celui de la jeune femme. Celle-ci ne broncha pas, malgré son odeur aigre et son haleine fétide.
    — Je vous connais de réputation, Kathryn.
    Certains assurent que  vous êtes le meilleur médecin de la ville. Je savais qu’on vous demanderait d’examiner les corps. Je vous en supplie, ayez pitié, et que l’affaire en reste là. Si vous voulez vraiment savoir la vérité, allez dans le sanctuaire de l’église Sainte-Mildred.
    Blunt saisit Kathryn par le poignet tandis qu’une nouvelle quinte de toux lui coupait le souffle. Quand il releva la tête, elle vit les traînées de sang aux commissures de sa bouche.
    — S’il vous plaît, chuchota-t-il, vous connaissez l’adage latin : Quieta non movere.
    — « Ne réveillez pas le chat qui dort », traduisit Kathryn.
    Derrière elle, Thomasina pleurait sans bruit. Blunt regarda par-dessus l’épaule de la jeune femme.
    — Ne vous désolez pas pour moi, Thomasina. J’ai profité de la vie, j’ai senti la chaleur du soleil sur ma peau. J’ai eu l’amour d’une bonne et brave femme, et j’ai peint des murs entiers. Allez voir les églises de Rochester, de Gravesend etde Douvres. Ma marque y demeurera lorsque d’autres auront été oubliés depuis longtemps.
    — Que pouvons-nous faire pour vous ?
    Blunt secoua la tête.
    — Dites à Emma et à Peter combien je les aime. Qu’ils n’assistent pas au procès. Je suis né seul, je mourrai de même.
    De nouveau il serra le poignet de Kathryn.
    — Mais je vous connais, Maîtresse, et pour l’amour du ciel, gardez le silence !
    Kathryn se dressa.
    — Connaissiez-vous Sir Reginald Erpingham ? demanda-t-elle.
    Blunt sourit.
    — Oui, c’était un salaud noir et cruel, sans coeur ni âme. Je mourrai content, sachant qu’Erpingham a eu ce qu’il méritait. Savez-vous qu’il m’avait demandé de le rejoindre à la Taverne du Vannier  ? Il m’a fait parvenir un message disant que j’avais des comptes à solder.
    Blunt s’éclaircit la gorge et cracha sur le sol trempé.
    — Eh bien, c’est Dieu qui a soldé mes comptes avec lui. Erpingham était un maître chanteur, et il méritait de mourir. Si je m’étais rendu dans cette auberge, sans doute l’aurais-je tué de mes mains.
    — Entendez-vous que ceux qui y sont allés sont coupables de sa mort ? demanda Kathryn.
    — L’un d’entre eux l’est, déclara Blunt, mais lequel, Dieu seul le sait, et c’est à vous de le trouver. Il y a des années, Erpingham m’a pourchassé, non pas parce que j’avais braconné mais parce que je  refusais de payer  ses pots-de-vin, comme le faisaient les autres.
    — Mais vous ne savez rien de sa mort ?
    Blunt secoua la tête.
    — Dieu ait pitié de lui, non, je ne sais rien.
    — Je vous ai apporté quelque chose ! lança Thomasina qui sortit de l’ombre.
    Elle glissa entre les mains menottées de Blunt un petit paquet dans un torchon.
    — Du pain, du fromage et de la viande sèche.
    — Merci, dit Blunt qui sourit à Kathryn avant d’ajouter : Partez, maintenant, je vous en prie.
    Colum tambourina à

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