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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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révélèrent vaines car, aux masses ennemies, l'empereur avait trop peu d'hommes à opposer et ses alliés allemands faisaient défection les uns après les autres. Berthier devait se rendre à l'évidence : même commandées par Napoléon, les divisions françaises étaient désormais trop faibles pour entamer les forces ennemies. Dans la journée du 13 octobre, Berthier apprit que notre principal allié, la Bavière, avec qui il avait des liens personnels, avait changé de camp et que ses unités marchaient sur le Rhin. Il avisa l'empereur qu'il allait falloir sans doute se replier sur ce fleuve, ce qui se traduisait par l'évacuation de l'Allemagne.
    Le 14 octobre, Napoléon tint une sorte de conférence avec ses principaux généraux. Il y afficha un bel optimisme alors que Berthier, au contraire, éprouvait des craintes pour l'avenir immédiat et ne le cachait pas. Tandis qu'au début de la campagne, Napoléon avait encore la disposition de 360 000 hommes, il n'en avait plus que 190 000 de valeur inégale. L'ennemi pouvait à présent en mettre immédiatement en ligne 350 000 de bonnes troupes. Augereau qui assistait à la réunion insista sur la qualité des soldats qui ne valaient pas et de loin ceux de 1796.
    Engagée le 17 octobre, la bataille de Leipzig dura trois jours. Dans la nuit du 17 au 18, le colonel commandant le génie vint trouver Berthier. Il estimait la retraite irréalisable avec un seul pont et proposait d'en lancer deux autres pour la faciliter. Mais le major général fut contraint de rejeter cette proposition connaissant par avance la réaction de Napoléon. Peut-être eut-il tort de ne pas insister.
    Au milieu du troisième jour, les Français avaient déjà perdu quarante mille hommes et allaient manquer de munitions. La retraite devenait inévitable. La traversée du seul pont disponible fut retardée par des encombrements inouïs. On sait qu'un peu plus tard un caporal du génie fit sauter le pont trop tôt laissant entre les mains des vainqueurs plus de vingt mille blessés et hommes valides. C'était un véritable désastre. L'armée française avait perdu près de quatre-vingt mille hommes. Pourtant Berthier écrivit, le 19 au soir à Gouvion-Saint-Cyr toujours à Dresde, une lettre qui est un petit chef-d'oeuvre dans l'art de masquer la vérité. Il y parle de l'infanterie adverse « mauvaise comme à l'ordinaire », que celui-ci a été partout « battu et repoussé », mais, dans le dernier paragraphe, annonce au maréchal qu'il a « liberté de manoeuvre pour se tirer d'affaire ».
    La retraite qui suivit s'effectua en assez bon ordre. Ce fut en vain que les Bavarois essayèrent de la couper à Hanau. Au début de novembre, alors qu'il était à Francfort, Berthier commença à organiser la défense des frontières. Napoléon était parti pour Paris, le 4, afin d'y lever une nouvelle armée et, à son habitude, avait laissé le commandement à Berthier. Celui-ci se donna pour but de réorganiser les troupes qui restaient et dont les rangs s'éclaircissaient chaque jour en raison des désertions. Sa mission s'acheva le 15 et il rentra à Paris, conformément à ses ordres. Napoléon aurait voulu avoir une nouvelle armée prête à combattre au début de janvier 1814 afin de faire face à l'invasion. Berthier savait que c'était matériellement impossible. Il le dit et se fit vertement tancer. Ce qui manquait le plus était le temps et les alliés n'étaient pas disposés à en laisser à l'empereur. Déjà dans le sud les Anglais avaient franchi la Bidassoa le 8 novembre précédent. Le 21 décembre, à Bâle au nord, ils passaient le Rhin sans rencontrer de résistance.
    Si Napoléon à son retour d'Allemagne se faisait encore des illusions sur sa capacité à combattre victorieusement les coalisés, Berthier, par contre, envisageait les choses d'une manière beaucoup plus réaliste et n'ignorait rien des complications auxquelles il allait avoir à faire face. Il savait que les unités dont disposait l'empereur ne dépassaient pas cinquante mille vieux soldats, mais épuisés et souvent découragés. Quant aux trente mille traînards éclopés ou blessés récupérables, leur valeur en tant que combattants était des plus incertaines.
    Certes Napoléon annonçait qu'il allait lever six cent mille hommes (à présent il jonglait avec les chiffres) et comptait disposer immédiatement de deux cent mille. Mais le major général en rapports étroits avec le ministre de la Guerre,

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