Le Maréchal Berthier
alliés les incitaient à montrer quelque souplesse, même si au fond du coeur ils entendaient en finir avec Napoléon qui de son côté était bien décidé à ne pas souscrire à leurs conditions. Du reste, pendant le congrès les opérations militaires ne seraient pas interrompues. L'armée française gagnait des batailles mais était trop faible pour les exploiter et elle s'y usait. L'empereur à présent semblait être obnubilé par l'idée de tourner les deux armées alliées et d'aller couper leurs lignes de communications dans l'est. Outre que cette manoeuvre était contraire à tous les principes militaires qui voulaient qu'auparavant l'adversaire ait été mis hors de combat, elle avait l'inconvénient de découvrir Paris qui serait sans défense et n'était protégée par aucun système de fortifications. Il faudrait prendre le risque d'avoir à évacuer de la capitale le gouvernement et une partie de l'administration. Conscient de ce danger et sachant qu'il serait pour les siens beaucoup plus aléatoire de courir les routes que de demeurer sur place, Berthier écrivit à sa femme et à sa maîtresse en leur recommandant, quels que puissent être les conseils venus de la cour et du lieutenant général (Joseph Bonaparte), de ne quitter Paris à aucun prix. Il se doutait bien que les souverains alliés n'accepteraient jamais de livrer la ville au pillage d'une soldatesque déchaînée.
Pour sa part, ayant renoncé à faire entendre raison à l'empereur, il se contentait de rédiger et transmettre ses ordres et à diriger son état-major fort réduit à l'image de l'armée et qui ne comprenait plus qu'une quinzaine de personnes.
Dans la deuxième quinzaine de mars, Napoléon annonça sa décision de faire mouvement en direction des places de l'est toujours entre nos mains. La majorité des maréchaux n'approuvaient pas ce mouvement. Ils craignaient que les alliés, au lieu de s'attacher à les poursuivre, ne précipitent leur marche sur la capitale. Ce fut précisément ce qu'ils décidèrent après que des courriers de Marie-Louise et de Savary destinés à Napoléon aient été interceptés par eux. Napoléon qui à ce moment se trouvait à Saint Dizier réunit aussitôt un conseil comprenant Berthier, Ney, Caulaincourt et Drouot. Là, il vit son projet de marcher vers l'est fortement combattu par ses généraux en raison de la récente évolution de la situation. Il finit par reconnaître qu'il fallait couvrir d'abord Paris et décida de se diriger vers Fontainebleau qui lui servirait de base d'opérations. La marche fut des plus pénibles. Le temps était épouvantable et depuis plusieurs jours le ravitaillement faisait défaut. Il était à peu près impossible de se procurer des vivres auprès de la population qui refusait les bons de réquisition.
Le 30 mars, Napoléon apprit que l'impératrice et le roi de Rome avaient quitté Paris pour Blois. Joseph avait fait placarder une proclamation appelant la population à la résistance à outrance… après quoi, il avait pris la fuite. Les alliés étaient devant la capitale. L'empereur précipita son mouvement en direction de Fontainebleau. Ce fut dans cette dernière ville que la nouvelle de la capitulation de Paris ainsi que celle de la constitution d'un gouvernement provisoire hostile à l'Empire l'atteignirent. Loin de se laisser abattre, refusant de reconnaître que l'aventure impériale était terminée, il décida de poursuivre la lutte. Mais pour cela il avait impérativement besoin du concours du major général. Celui-ci lui était acquis quels qu'aient été à ce moment ses sentiments personnels. Il envoya donc des ordres à Marmont et à Mortier pour qu'ils se placent en couverture devant Fontainebleau et commença à organiser un mouvement de la cour, de l'administration et de l'armée sur Orléans, tout en sachant parfaitement ce que cette agitation avait d'irréaliste.
Mais les événements de Paris devaient rendre illusoires ces dernières mesures. Les alliés avaient déclaré qu'ils ne voulaient plus traiter avec l'empereur. Ils avaient invité les sénateurs encore présents à Paris à former le gouvernement provisoire. Le seul point sur lequel ils n'étaient pas d'accord était de savoir en faveur de quel régime ils se prononceraient. Si les Anglais penchaient pour les Bourbons, le tsar aurait préféré Bernadotte, l'empereur d'Autriche, le roi de Rome… Même le duc d'Orléans avait ses partisans. Si ce furent en définitive
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