Le Maréchal Berthier
se déroula les 20 et 21. Cette fois, la victoire française fut nette mais, une fois de plus, les pertes furent importantes de part et d'autre. Alors qu'un certain découragement s'emparait des alliés qui considéraient la France assez affaiblie pour être facilement battue, l'euphorie gagna Napoléon qui ordonna à Oudinot de marcher sur Berlin sans lui en avoir donné les moyens, comme le fit remarquer (en vain) Berthier. Mais, au G.Q.G. français, l'ambiance n'était pas pour autant à l'optimisme. La mort de Duroc au combat de Reichenbach, le lendemain, ajouta encore à l'abattement général. Caulaincourt, Daru, tous les généraux du quartier général et Berthier considéraient les deux récentes victoires comme des miracles. Ils estimaient qu'il fallait profiter de ce retournement de situation et de la nouvelle position de force des Français pour conclure une paix durable. Ils étaient persuadés que, si Napoléon se montrait raisonnable, les autres souverains, le tsar en tête, accepteraient de traiter. Tous demandaient à Berthier de se faire leur interprète auprès de l'empereur pour le faire entrer dans leurs vues. C'était bien là le noeud du problème !
Lorsque, le 29 mai, deux généraux, l'un prussien et l'autre russe, se présentèrent aux avant-postes pour négocier une suspension d'armes, ils furent reçus par Berthier. Napoléon, contrairement à ses principes qui voulaient que le combat ne cessât que lorsque son adversaire était à genoux, s'y déclara favorable, car il avait tout de même été impressionné par l'importance de ses pertes. Il fut représenté par Caulaincourt. Les adjoints de Napoléon, Berthier en tête, virent là une possibilité d'ouverture pour des négociations de paix. Mais Napoléon ne l'entendait pas ainsi. Il voulait profiter de cet arrêt des hostilités pour renforcer son armée en vue d'obtenir enfin un succès éclatant et non finir la guerre. De leur côté, les alliés espéraient profiter de cet entracte pour réussir à rallier à leurs côtés l'Autriche demeurée neutre.
Le chancelier autrichien Metternich, véritable tête du gouvernement, avait eu, jusque-là, une attitude hésitante et très prudente. Il n'aimait ni Napoléon ni son système mais ne pouvait oublier la leçon de 1809 et était impressionné par les récentes victoires françaises. Il décida donc de se rendre à Dresde où résidait l'empereur avec des propositions de paix qu'il jugea raisonnables. Mais était-il sincère ? Si Napoléon les acceptait, les alliés, arguant de sa faiblesse, n'en imposeraient-ils pas de plus dures ? Metternich ne cherchait-il pas simplement à gagner du temps ? Il est certes permis de douter de sa bonne foi lorsque l'on sait de quelle manière il détestait tout ce qui rappelait de près ou de loin la Révolution. Mais, d'un autre côté, l'Autriche venait de traverser une grave crise économique et pouvait vouloir éviter les dépenses qu'entraînerait un nouveau conflit.
Certes, l'Empire français devrait rendre un certain nombre des territoires qu'il avait annexés ; mais il garderait encore les Alpes, la rive gauche du Rhin, la Hollande, le Piémont, la Toscane, les États du pape, la Westphalie, la Lombardie et Naples, autrement dit toute l'Italie. En arrivant au quartier général, le 25 juin, Metternich fut accueilli par Berthier qu'il connaissait bien, et il lui dit quelques mots des propositions dont il était porteur pour apprécier l'ambiance. Il fut frappé du comportement de son interlocuteur qui lui déclara que ces offres lui semblaient tout à fait acceptables. Le major général tint à l'accompagner en personne jusqu'à l'appartement de l'empereur et alla jusqu'à lui confier : « Nous avons besoin de faire cesser la guerre et vous autant que nous. »
Ce qu'en revanche il ne lui dit pas, c'était que la quasi-unanimité des Français souhaitait la fin des hostilités. Durant tout le trajet dans la maison où résidait Napoléon, Metternich fut frappé par l'attitude des officiers généraux qui vinrent le saluer et qui n'avaient que le mot de « paix » à la bouche. Mais, avec Napoléon, l'atmosphère changea. Durant le long tête-à-tête qui dura près de six heures, celui-ci ne décoléra pas et, chose curieuse, après l'avoir accusé d'être vendu à la Grande-Bretagne, essaya sans succès d'attendrir son visiteur. Mais, surtout, il déclara les conditions des alliés inacceptables, déshonorantes « et qu'il préférait
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