Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
Vom Netzwerk:
grandes fêtes auxquelles participèrent naturellement Berthier et la marquise. Mais tout ce faste et cette pompe l'avaient fatigué et, au début de janvier, il se retira pour quelques jours dans sa nouvelle propriété de Grosbois. Ce domaine, propriété du comte de Provence, confisqué après qu'il eut émigré, avait été acheté à bas prix par Barras comme bien national à la fin de la Convention. Il l'avait revendu au général Moreau, en 1801, lorsqu'il avait été contraint par le gouvernement consulaire de s'exiler à Bruxelles. Moreau, à son tour, avait mis la propriété en vente lorsqu'il avait été expulsé de France, après sa condamnation pour avoir soi-disant participé à la conjuration de Cadoudal. Un expert avait fixé la valeur du bien à 1 300 000 francs, ce qui n'avait rien d'excessif. Ce fut Fouché qui, sur ordre du Premier Consul, se porta acquéreur en offrant 800 000 francs. Le bien lui fut adjugé. Encore, sur la somme, le gouvernement retint-il 150 000 francs que Moreau devait à Barras et dont celui-ci ne vit jamais le premier centime. Fouché avait payé sur les fonds de son ministère. Or Berthier guignait Grosbois. Bonaparte décida de le lui offrir, mais l'honnête Berthier qui connaissait les dessous de la transaction refusa. Il entendait payer son acquisition. Fouché qui, en un sens, l'approuvait, lui fixa donc un prix très bas : une bouchée de pain ! Grosbois n'est pas très éloigné de Paris. Berthier en fit sa maison de campagne et, dans les premiers mois de 1805, y donna beaucoup de réceptions sous prétexte de parties de chasse. L'une d'entre elles devait demeurer célèbre tant elle tourna au ridicule. Napoléon, qui s'y était invité, exprima le désir de tirer des lapins. Or ce genre de gibier n'était pas particulièrement abondant à Grosbois. Qu'à cela ne tînt ! Berthier en fit acheter un millier qui seraient lâchés au début de la battue. Le domestique chargé de la tractation fut abusé par le vendeur qui, au lieu de lui fournir des lapins de garenne, en livra des domestiques, des lapins de choux ! Ils n'avaient pas été nourris depuis 24 heures. Affamés, pas du tout farouches, sitôt libérés, au lieu de s'enfuir, ils se précipitèrent sur les chasseurs pour demander des friandises. On imagine la colère de Berthier. Il les fit chasser à coups de pied et de fouet par ses valets. Mais les animaux obstinés revinrent à la charge et manquèrent faire tomber Napoléon. Ce furent les chasseurs qui cédèrent le terrain en riant. L'histoire a été rapportée par Thiébault, la plus mauvaise langue de l'armée française, qui, au surplus, n'aimait pas Berthier. Il faut donc la prendre avec quelques réserves. Mais sa vraisemblance demeure.
    Cette vie de loisirs ne dura que peu de temps. La préparation de la descente en Angleterre se poursuivait. Berthier qui, au moins une fois par mois, allait visiter les camps estimait qu'à présent, l'armée était prête du moins pour la phase terrestre, car les problèmes posés par la traversée du Pas-de-Calais n'étaient nullement résolus. Pour le contrôle du détroit, tout dépendait désormais de la marine.
    Au début d'avril 1805, Napoléon quitta Paris pour se rendre en Italie où il allait se couronner roi. Il demanda à Berthier d'être du voyage. Celui-ci accepta encore que ce déplacement fût fort gênant car, pendant son absence, il aurait du mal à se tenir au courant des derniers préparatifs qui précéderaient l'expédition d'Angleterre. Mais, comme il s'agissait d'un voyage d'agrément, il proposa à la marquise de l'accompagner. Celle-ci y consentit avec joie car c'était pour elle une occasion de revoir sa famille. Rencontra-t-elle son mari ? La chose n'est pas certaine. Ils n'y tenaient vraiment ni l'un ni l'autre et le marquis savait monnayer sa discrétion. Mais les autres membres de la tribu Visconti, beaux-frères, cousins, se ruèrent, espérant tirer quelques avantages des relations de Giuseppa. Un seul était absent, son autre beau-frère Antonio, au service de l'Autriche, qui n'entendait pas s'incliner devant celui qu'il considérait comme un usurpateur.
    Cependant, l'escadre française de Toulon était sortie au moment où Napoléon partait pour l'Italie. Elle faisait voile vers les Antilles où elle avait rendez-vous avec celles de Rochefort et de Brest. Aussi, au début de juin, l'empereur et Berthier estimèrent-ils la présence de ce dernier nécessaire entre Paris et Boulogne,

Weitere Kostenlose Bücher