Le Maréchal Jourdan
bataillon, s’étant plus particulièrement attaché à la formation de celui-ci,
et il avait insisté auprès du Directoire pour conserver son grade de capitaine. Cette
assemblée, constatant l’énergie et le zèle qu’il consacrait à créer cette
unité, l’avait admis sans difficulté. De même, il obttit une position identique pour
son ami Dalesme. Comme il était prévu que les officiers seraient élus par leurs hommes, ces
nominations firent l’objet d’un scrutin de satisfaction de pure forme. Au
demeurant, celui-ci était quelque peu télécommandé, les nouveaux engagés ne se connaissant pas
et les membres du Directoire leur soufflant les noms de ceux qu’ils jugeaient les
plus aptes à exercer des responsabilités.
Il fallut ensuite procéder au choix du commandant du bataillon et de son adjotit. Jourdan
possédait toutes les qualifications nécessaires pour remplir ce poste, mais pour éviter tout
impair, la Société des amis de la constitution se démena furieusement en sa faveur. Depuis la
fin de 1790, on sait qu’elle s’était emparée de la mairie de Limoges et
de plus avait la majorité au sein du Directoire. Là encore, le scrutin fut de pure forme. Il
s’exerçait à main levée. Jourdan fut élu lieutenant-colonel à une écrasante majorité
et s’empressa de faire désigner Dalesme comme lieutenant-colonel en second. Il
agissait ainsi autant par amitié que parce qu’il connaissait la valeur de son
camarade. Il ne leur restait qu’à se constituer un petit état-major et à donner une
forme au bataillon.
Les élections au premier bataillon avaient eu lieu dans la même forme et son chef était un
capitaine de l’ancienne armée royale, nommé Arbonneau, qui avait donné des gages à
la Révolution.
Les deux unités n’allaient pas demeurer longtemps à Limoges où, cantonnés non loin
de leur domicile, les volontaires n’avaient que trop tendance à y retourner sous les
prétextes les plus futiles. Elles étaient destinées à assurer le service des places fortes car,
non sans raison, le ministère avait des doutes sur leur capacité à combattre en rase campagne,
du moins à l’origine. Avant de prendre la route, les deux bataillons furent passés
en revue par le général de La Morlière, commandant la 21 e région militaire.
Il félicita les deux lieutenants-colonels pour le travail qu’ils avaient accompli.
Ils convinrent d’eux-mêmes que le résultat n’était pas fameux et
demandèrent en vain qu’on leur accorde encore un peu de temps pour inculquer à ces
civils les rudiments de l’esprit militaire. Successivement, ils quittèrent Limoges,
le 25 octobre, puis le 1 er novembre 1791. Bien peu de
ceux qui les composaient devaient un jour y revenir quoique, pour l’heure, la paix
semblât établie pour longtemps. Une fois de plus la carrière de Jourdan allait prendre une voie
nouvelle.
Depuis le début de ce mois d’octobre, l’Assemblée constituante
s’était séparée et avait laissé la place à l’Assemblée
législative qui allait siéger moins d’un an.
III
UNE CARRIÈRE FOUDROYANTE
(1791-1793)
Quoique ayant quitté Limoges à sept jours d’titervalle, les deux bataillons de
volontaires de la Haute-Vienne ne tardèrent pas à se rejoindre et à faire route ensemble.
D’un commun accord, les deux lieutenants-colonels avaient convenu de
n’avancer qu’à petites étapes. Ils tenaient à ménager leurs hommes qui
manquaient d’entraînement car rien ne les pressait. Ils voulaient éviter que la
fatigue ne les incitât à déserter. Du reste, de la sorte, ils disposaient chaque jour de
plusieurs heures pour poursuivre leur entraînement. Au demeurant, le ministère ne les
bousculait pas pour gagner leur lieu de garnison.
La paix continuait à régner. Simplement, ils avaient été informés qu’ils avaient
tout titérêt à perfectionner leur instruction. En effet, les volontaires auxiliaires se
montrant incapables de remplir leur rôle, il avait été prévu qu’en cas de conflit ce
seraient les volontaires nationaux qui viendraient renforcer les troupes de ligne.
Suivant un itinéraire compliqué qui passait par Montargis et Meaux, les deux bataillons
gagnèrent Villers-Cotterêts qui leur avait été assigné comme ville de
garnison. On avait évité de leur faire traverser Paris en raison de l’agitation
quasi permanente qui y régnait.
Weitere Kostenlose Bücher