Le Maréchal Jourdan
serait gêné pour diriger l’ensemble de
son armée. De son côté, Dumouriez confia son aile droite à Valence, la gauche à Miranda et le
centre à Chartres qui se faisait appeler « Égalité » comme son père. La
bataille se déroula sur deux jours. Les Français attaquèrent les premiers (18 mars)
sur tout le front, franchissant la Ghette et refoulant les Autrichiens à droite et au centre.
Mais ils commirent deux fautes. Valence, qui en avait reçu l’ordre,
s’absttit de déborder l’ennemi par sa droite et Égalité avança trop vite
sans prendre garde que ses ailiers ne suivaient pas. Par ailleurs, à gauche, Miranda était en
grande difficulté. Aussi Égalité, qui avait enlevé le village de Neerwinden, le perdit puis le
reprit. À ce moment, Dumouriez comprit que Cobourg se préparait à couper son armée en deux par
l’action de ses réserves. Il ordonna donc une retraite générale sur la ligne de
départ. Il comptait reprendre son offensive le lendemain ; mais, devant le
découragement de ses hommes et l’attitude résolument agressive des Autrichiens, il
prescrivit un recul qui faillit se transformer en déroute car le bruit courut qu’il
avait été tué.
Sans disputer davantage le terrain, alors qu’un certain nombre de places fortes
belges étaient encore tenues par des troupes françaises, il évacua la Belgique et replia
son armée sur les camps de Maulde et de Bruille. Son projet de renverser le
gouvernement devenait irréaliste. Et, comme ses rapports avec la Convention étaient
devenus détestables, menacé d’arrestation, il entra en
négociations avec les Autrichiens et passa à l’ennemi en compagnie de plusieurs
généraux et de la plus grande partie de son état-major (5 avril 1793).
La Convention avait eu très peur de voir ce général rebelle concrétiser ses projets criminels
et une sévère épuration fut opérée dans les cadres de l’armée du Nord. Beaucoup
d’officiers furent mutés, d’autres rétrogradés et certains même
emprisonnés. Évidemment, Jourdan, fidèle républicain, Jacobin déclaré qui s’était
même élevé publiquement contre les manoeuvres du général en chef pour essayer
d’entraîner le plus de monde avec lui, ce qui avait représenté un risque certain, ne
fut pas touché par cette purge. Bien au contraire ! Comme il fallait remplacer ces
officiers félons ou supposés tels, une avalanche de promotions suivit. Jourdan fut nommé
général de brigade, le 27 mai, sans avoir accompli d’action particulière
pour justifier cet avancement. Il le dut surtout à ses convictions politiques. Cela
n’empêcha pas qu’à Limoges, lorsqu’il l’apprit à
ses camarades de la Société des amis de la liberté, de l’égalité et de la
République, qui à présent tenaient le haut du pavé, la nouvelle déchaîna
l’enthousiasme. Jourdan devenait l’enfant chéri, le héros de la
ville ! Cependant, sur la frontière du Nord, la situation se gâtait, car
l’armée autrichienne allait bientôt être renforcée par une armée
anglo-hollandaise.
L’armée du Nord, démoralisée et diminuée, était réduite à
l’inaction. Son nouveau chef, le général Dampierre, s’efforça de la
réorganiser et de lui rendre un certain mordant. Alors que les Autrichiens avaient mis le siège
devant Valenciennes et Condé, Dampierre, pour aguerrir ses troupes, les engagea dans une série
de combats sans conséquences stratégiques et fut mortellement blessé le 8 mai au cours
de l’un d’eux. Ses deux successeurs, Lamarche, puis Kilmaine, ne firent
rien pour tenter de secourir les deux places et les laissèrent capituler.
À ce moment, le prince de Saxe-Cobourg aurait pu marcher sur Paris. Mais, auparavant, les
Anglais, soi-disant pour démanteler définitivement la ligne des forteresses mais surtout pour
s’assurer de la possession de la place, décidèrent d’enlever
d’abord Dunkerque.
Leur armée, commandée par le duc d’York, assez médiocre général, quitta donc
Cobourg et alla mettre le siège devant la ville. L’armée du Nord avait une fois de
plus changé de chef et était à présent commandée par Houchard (11 août). Il décida de
marcher contre les Anglo-Hollandais pour secourir Dunkerque. Il faut souligner qu’il
hésitait beaucoup à entreprendre cette campagne mais était sans arrêt harcelé par Carnot,
conscient de
Weitere Kostenlose Bücher