Le Maréchal Jourdan
pouvait savoir du déroulement des
opérations. Régulièrement, il se plaignait de ce qu’autour de lui il était prononcé
beaucoup trop de discours suivis de fort peu de résultats.
À Limoges, les membres du club furent enchantés d’être ainsi régulièrement tenus
au courant de ce qui se passait à l’armée, car le ministère de la Guerre ne laissait
filtrer que peu d’informations. De Limoges, les rapports de Jourdan remontèrent au
club des Jacobins à Paris et, même s’il ne s’agissait que de quelques
détails infimes par rapport à l’ensemble de l’armée française, ils
contribuèrent à faire connaître dans ce club, dont l’influence grandissait chaque
jour, le nom de Jourdan.
Cependant, après sa victoire de Valmy, Dumouriez, pour répondre aux voeux de
l’Assemblée législative, ainsi que de celle qui venait de la remplacer, la
Convention, décida de prendre l’offensive et d’envahir la Belgique, alors
territoire autrichien. Pour mener à bien celle-ci, il demanda des renforts et reçut ainsi,
entre autres, le 2 e bataillon de volontaires de la Haute-Vienne. Celui-ci
fut rattaché à l’aile droite de l’armée commandée par Valence. Ce général
ne se mit en route qu’assez lentement car, déclara-t-il pour se justifier, il
manquait de vivres et de munitions. Aussi, devant sa nonchalance, Dumouriez le remplaça par
Beurnonville. Durant la bataille de Jemmapes qui se déroula le 6 novembre,
l’aile droite française rencontrant une forte résistance se
contenta d’échanger une fusillade nourrie avec les Autrichiens et ce fut le centre
qui enfonça celui de l’ennemi et décida de la victoire. Mais si son rôle avait été
assez modeste, le 2 e bataillon de la Haute-Vienne n’en reçut pas
moins le baptême du feu et se comporta honorablement sous les balles. Il est vrai que
l’attitude de ses deux lieutenants-colonels, Jourdan et Dalesme, qui, ayant derrière
eux plusieurs années de campagnes, restèrent sans broncher sous les tirs de
l’ennemi, donnant ainsi l’exemple à leurs soldats, y fut pour quelque
chose. Leur sang-froid et leur mépris du danger impressionnèrent leurs subordonnés.
Cette nouvelle victoire un peu inattendue livrait la Belgique à
l’armée française. Le 13 novembre, Jourdan, à la tête de son unité, entrait
à Halle. Quelques jours plus tard, il se fit remarquer par Dumouriez qui rencontrait quelque
résistance devant Anderlecht, aux portes de Bruxelles. Après quoi, il fut envoyé participer au
siège de Namur, opération difficile étant donné la nature du terrain très escarpé et la
puissance des fortifications. Bien que manquant un peu de tout, les assiégeants menèrent
l’affaire avec diligence et la place capitula assez rapidement.
Dans cette opération, le second bataillon s’était enfin retrouvé à côté du
premier. Toutefois, Jourdan avait à résoudre un nouveau problème. À l’enthousiasme
des premiers mois, avaient succédé, chez les volontaires, un découragement et même une mauvaise
volonté systématique. Ils rappelaient à tout propos que, lors de leur engagement, on leur avait
promis qu’au bout d’un an ils seraient de retour dans leurs foyers.
Aussi, les désertions ne tardèrent-elles pas à se multiplier, alors que, jusqu’à
cette fin d’année, il y en avait eu fort peu. Leur nombre s’éleva bientôt
à quatre-vingts. C’était relativement modeste par rapport aux pertes subies par
d’autres unités. Mais qui pouvait prévoir si l’hémorragie
s’arrêterait là ? Depuis la chute de Namur, le bataillon avait pris ses
cantonnements au bord de la Meuse et ne participa pas à l’éphémère conquête de la
Hollande. D’ailleurs, depuis la mi-février 1793, il n’était plus commandé
par Jourdan qui avait été remplacé par son ami Dalesme. Ce dernier ne resta du reste pas
longtemps, ayant été promu général de brigade en septembre de la même année. Jourdan avait été
appelé à de nouvelles fonctions et affecté à l’état-major général de
l’armée.
Il ne devait jamais revenir à ce bataillon qu’il avait créé et pour qui il se
sentait une particulière affection. Celui-ci, après avoir activement participé à différents
combats entre 1793 et 1796, devait disparaître, formant le noyau de la
55 e demi-brigade de bataille.
*
Cette désignation de Jourdan pour être à
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